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Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Titel: Alexandre le Grand "le fils du songe 1" Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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l'Océan.
    L'armée s'ébranla et s'enfonça dans une brousse qui s'épais sissait au fur et à mesure qu'on s'approchait du fleuve. Le deuxième jour, il se mit à
    pleuvoir à verse, et il plut aussi le troisième et le quatrième, dans un déchaînement d'éclairs et de coups de tonnerre assourdissants. Les guides indiens expli quèrent que c'était la saison des pluies et qu'elle durait en général soixante-dix jours. quand ils atteignirent les rives de l'Hyphase, dont les eaux étaient abondantes et troubles, le roi tint un conseil de guerre sous sa tente. Il y avait là l'amiral Néarque, le vice-amiral Onésicrite--qui s'était distingué dans les opérations de franchissement des fleuves et dans la des cente de l'Indus d'Aornos à Taxila--, Héphestion, Perdiccas, Cratère, Léonnatos, Séleucos, Ptolémée et Lysimaque. Avec la disparition de la vieille garde de Philippe, les garçons de Miéza étaient devenus les commandants suprêmes des grandes unités de combat.
    Il y avait aussi un roi indien du nom de PhagaÔs, qui connaissait bien les territoires situés au-delà de l'Hyphase.
    Alexandre commença: " Mes amis, nous sommes arrivés là o˘ jamais aucun Grec n'était parvenu, nous avons traversé les lieux que le dieu Dionysos avait atteints lors de sa pérégrina tion. Et nous avons réussi cet exploit gr‚ce à votre courage extraordinaire, à votre tempérament exceptionnel, à
    votre héroÔsme et à celui de nos soldats. Il nous reste un dernier pas à
    accomplir. Une-fois que nous aurons franchi le dernier affluent de l'Indus, plus aucun obstacle ne nous arrêtera jus qu'au Gange et aux rivages de l'Océan. Nous aurons mené à terme l'entreprise la plus glorieuse qui ait jamais été réalisée dans toute l'histoire des hommes et des dieux. Nous aurons
    donné corps au plus grand rêve qui ait jamais été conçu. Et maintenant, l'amiral Néarque va nous expliquer le projet qu'ìl a mis au point pour traverser le fleuve. Après quoi, les com mandants des unités de combat exposeront leur point de vue sur l'ordre de marche à tenir. "
    C'est alors qu'éclata un coup de tonnerre, si fort qu'il fit trembler les objets posés sur la table. Suivirent d'intermi nables instants de silence, et le bruit de la pluie sembla aug menter jusqu'à l'invraisemblable.
    Ptolémée échangea un coup d'oeil rapide avec Séleucos. Puis il dit: "
    Alexandre, nous t'avons suivi jusqu'ici, et nous sommes disposés à te suivre encore, à marcher dans la boue et dans les marais, au milieu des serpents et des crocodiles, nous sommes disposés à traverser d'autres déserts et d'autres montagnes,~mais tes soldats, eux, ne le sont pas. "
    Alexandre lui jeta un regard plein de stupeur, comme s'il ne parvenait pas à en croire ses oreilles. a Tes hommes ont épuisé toute leur énergie, ils n'en peuvent plus.
    -- Ce n'est pas vrai ! s exclama Alexandre. Ils ont battu Porus et conquis des dizaines de villes.

    --Voilà pourquoi ils sont épuisés. Est-ce que tu ne t'en rends pas compte ? Regarde-les, Alexandrej arrête-toi et regarde-les avancer sous la pluie incessante et dans la boue, les joues couvertes de barbe, les yeux rougis par le manque de sommeil. As-tu compté les morts qui t'ont permis de réaliser ton rêve ? Les as-tu comptés, Alexandre ? Ils ont été tués par des blessures, par des plaies qui ne se sont pas cicatrisées, par la gangrènej le venin des serpents, la morsure des crocodiles, par des fièvres pestilentielles, par la dysenterie. Amaigris et émaciés, ils se sont traînés jusqu'à ces confins du monde, mais ils ont peur: pas des ennemis, de leurs chars de guerre et de leurs éléphants, non ! Ils ont peur de cette nature épouvan table et étrangère, de ce ciel perpétuellement secoué par le tonnerre et déchiré par les éclairs, des monstres qui rampent dans les forêts et les marais; ils ont même peur du firmament nocturne lorsqu'ils voient les constellations auxquelles ils sont habitués disparaître sous le fil de l'horizon. Regarde-les, Alexandre. Ce ne sont plus eux: leurs vêtements sqnt déchirés, ils sont obligés de se couvrir de chiffons ou d'adopter les habits des barbares qu'ils ont vaincus, les sabots de leurs che vaux sont usés à cause des marches sans fin, et ils laissent des traces sanguinolentes sur la terre.
    --J'ai souffert des mêmes maux, j'ai subi à leurs côtés le froid, la faim et la soif, la pluie et les blessures ! s'écria le roi en découvrant sa poitrine

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