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Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Titel: Alexandre le Grand "le fils du songe 1" Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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l'armée, ce qui me per mettra de garantir le ravitaillement des navires après chaque journée de navigation. Nous nous retrouverons tous dans la plaine d'Harmozeia, une ville qui domine le détroit entre l'Océan et le golfe persique.
    --Pourquoi veux-tu traverser la Gédrosie? lui demanda Cratère. On dit que c'est un endroit épouvantable, un désert que le soleil dévore à chaque saison, sans le moindre brin d'herbe, sans un seul arbre.
    --Nous ne connaissons que la frontière méridionale de l'empire. Il nous faut donc aller de ce côté. "
    Ils mangèrent et burent modérément, car il arrivait encore au roi de souffrir des séquelles de sa blessure, puis ils se cou chèrent de bonne heure. Le lendemain matin, à l'aube, l'armée rangée salua le contingent de Cratère, qui était sur le départ. Alexandre serra son compagnon contre sa poitrine. " Tu es l'un de mes plus chers amis, lui dit-il. Tu me manqueras.
    --Toi aussi, Alexandre. Prends soin de toi, je t'en prie. Tu as trop défié la chance jusqu'à présent. que les dieux te soient favorables.
    --qu'ils te soient favorables aussi, mon ami. "
    Cratère sauta sur son cheval et, d'un geste de la main, donna le signal de départ. La longue colonne s'ébranla alors parmi les sonneries de trompette et les cris des compagnons qui demeuraient aux côtés d'Alexandre.
    Dès que le dernier déta chement d'arrière-garde eut disparu dans l'étendue de la steppe qui confinait avec le désert, Alexandre ordonna à ses hommes de s'embarquer. Ils repartirent et naviguèrent en direction du sud, recevant à chacun de leurs arrêts la soumis sion et l'hommage des princes locaux. Enfin, ils atteignirent Pattala, la grande ville qui se dressait sur la dernière partie du fleuve Indus. Elle était peuplée et riche, les commerces y pul lulaient, des navires y convergeaient de toutes parts.
    Nombre d'entre eux venaient d'une île gigantesque, située à l'est, qui s'appelait Taprobane et qui était, disait-on, aussi grande que l'Inde.
    La flotte se dirigea alors vers l'embouchure du fleuve. Il était immense, à cette hauteur, si large qu'on ne parvenait pas à distinguer l'autre rive.
    Onésicrite calcula qu'il devait mesurer cinquante stades.
    Ils arrivèrent un soir à l'embouchure, et Néarque décida d'ancrer les navires sur le fleuve à un endroit o˘ le courant était très faible. Il craignait, en effet, de ne pouvoir s'abriter en cas de tempête une fois que la flotte se serait définitivement lancée sur l'Océan. Mais il se produisit un désastre aux conséquences tout aussi graves qu'une tempête: au cours de la nuit, les eaux
    du fleuve baissèrent si vite que les bateaux s'échouèrent sur son lit, et certains se renversèrent. Néarque intima l'ordre à ses marins de ne pas bouger et d'attendre que les eaux remontent. Puis il se présenta à
    Alexandre d'un air consterné.
    " Je ne pouvais pas prévoir ce genre de phénomène, même si j'ai entendu dire qu'un navigateur marseillais, un certain
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    Pitéas, a décrit un point dans l'Océan septentrional o˘ un tourbillon avale les eaux toutes les six heures avant de les reje ter, découvrant et recouvrant ainsi de vastes étendues de la côte. Mais cette théorie n'a pas reçu beaucoup d'assentiments et nous ne sommes pas dans l'Océan septentrional. Comment pouvaisje imaginer une chose pareille ? quel désastre... quel désastre !
    --Tu as accompli des entreprises extraordinaires, répliqua Alexandre. Ne te tourmente donc pas. Je sais que nous gagne rons aussi cette bataille contre le fleuve et contre la mer: mon ancêtre, Achille, s'est battu contre le Scamandre et l'a emporté. Je l'emporterai, moi aussi. Attendons que la nuit passe. A la lumière du soleil, les choses changent. "
    Ce fut une nuit sombre de nouvelle lune, et l'vbscurité accrut encore le trouble et la panique. Néarque fit sonner les trompettes d'alerte et demanda aux hérauts de transmettre aux marins l'ordre de ne bouger pour aucune raison. Mais nombre d'entre eux, terrorisés par ce phénomène et par les racontars qu'ils avaient entendus dans les ports et les auberges de leurs villes d'origine, tentèrent de s'enfuir à la faveur des ténèbres pour se réfugier sur la rive. Ils moururent tous, engloutis par la boue et par les sables mouvants, et ceux qui essayèrent de leur porter secours moururent à leur tour. Leurs cris et leurs appels désespérés retentirent tout au long de la

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