Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
quelque chose à propos de l'extension de l'Arabie ?
--D'après certains, elle serait aussi grande que l'Inde, mais cela me paraît difficile à croire.
--De toute façon, nous allons bientôt le savoir, répondit Alexandre. Vous vous rendez compte, les amis: la terre des arômes, de l'encens, de l'aloèsr de la myrrhe. "
Ses compagnons feignirent l'enthousiasme, mais ces paroles sonnaient à
leurs oreilles comme un sombre présage: le roi ne mentionnait-il pas des parfums qu'on utilisait pour embaumer les corps ?
Inquiète, Roxane fit appeleF Philippe, qui se trouvait alors au nord de la ville, o˘ il soignait un bataillon de l'armée, vic time d'une épidémie de dysenterie. Mais quand l'envoyé de la reine arriva au campement, le médecin était parti vers le nord sans laisser d'indications précises concernant ses mouve ments.
Les trois jours qui suivirent, Alexandre continua à remplir ses devoirs et ses diverses t‚ches, à offrir des sacrifices aux dieux et à réunir ses compagnons pour organiser l'expédition vers l'Arabie. Mais son état de santé se détériorait à vue d'oeil.
Lorsque, enfin, on mit la main sur Philippe, la santé d'Alexandre semblait s'améliorer: sa fièvre avait baissé. Le roi s'entretint un moment avec son médecin. " Je savais que tu finirais par arriver, iatré, lui dit-il. Maintenant, je sais que je guérirai.
- --Bien s˚r que tu guériras, répondit Philippe. Te rappelles tu le jour o˘ tu as failli succomber après un bain dans l'eau glacée ? -
--Comme si c'était hier.
-- Et le mot que t'avait envoyé le pauvre Parménion ?
--Oui. Il disait que tu étais en train de m'empoisonner.
--C'était la vérité, dit Philippe en riant. Je t'administrais un poison qui aurait tué un éléphant, et il n'avait aucun effet sur toi ! Tu te portais mieux qu'avant. que veux-tu donc que te fasse un peu de fièvre ? "
Alexandre sourit. " Je ne te crois pas, mais je suis heureux de te l'entendre dire. "
Le lendemain, ses conditions s'aggravèrent brusquement.
<~ Sauve-le, iatré, suppliait Roxane. Sauve-le, je t'en conjure. " Mais Philippe secouait la tête avec impuissance tandis que Leptine, en larmes, mouillait le front du roi pour le rafraîchir un peu.
ALEXANDRE LE G~ LES CONE71NS DU MONDE
Le Jour suivant, Alexandre ne parvint pas à se lever, et sa fièvre monta démesurément. On le transporta sur une civière au palais d'été, o˘ il y avait un peu de fraîcheur dans la soirée. Philippe le trempait dans de l'eau froide pour faire baisser sa température, mais désormais, tous les soins se révélaient inutiles. Désespérée, Roxane ne quittait pas son époux un ins tant elle le couvrait de baisers et de caresses. Ses compagnons le véillaient nuit et jour sans jamais prendre de repos, sans même s'alimenter.
Séleucos courut au sanctuaire du dieu Marduk, le protec teur de la ville, le dieu guérisseur et demanda l'autorisation aux prêtres de conduire Alexandré dans le temple, afin que le dieu le guérisse. Mais les prêtres répondirent: " Le dieu ne veut pas l'accueillir dans sa maison. >~
Inconsolable, il regagna le palais royal et rapporta à ses compagnons ~t à Philippe l'issue de sa mission.
" Tu aurais d˚ tuer ces prêtres: s'ils ne savent pas guérir le roi, à
quoi donc servent-ils ? s'exclama Lysimaque.
--Je suis persuadé qu'il s'en tirera cette fois encore, dit Perdiccas. Ne vous inquiétez pas, il a surmonté des épreuves bien plus graves. "
Philippe lui lança un regard mélancolique avant de pénétrer dans la chambre du roi. Alexandre demandait de l'eau d'une voix à peine perceptible désormais.
Le lendemain, il n'arrivait plus à parler.
La nouvelle de son état s'était répandue parmi les soldats. Certains affirmaient même qu'il était déjà mort. Ses hommes se présentèrent donc à
l'entrée du palais et menacèrent la garde d'enfoncer les portes si on leur en interdisait l'accès.
" Je vais voir ce qui se passe ", dit Ptolémée, qui descendit au corps de garde.
" Nous voulons savoir comment se porte le roi ! ", s'écria un vétéran.
Ptolémée baissa la tête. " Le roi se meurt, répondit-il. Si vous voulez le voir, montez l'un après l'autre, mais en silence. Ne troublez pas son agonie. "
Et les soldats montèrent l'un après l'autre, gravissant l'esca lier et parcourant les couloirs en silence, jusqu'à la chambre du roi. Ils défilèrent devant son lit en pleurant et en le saluant 1033
d'un geste de la main. Pour
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