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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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participera pas à guerre et condamnera ses chefs et alliés au profit communisme.

    Ma rencontre avec d’Astier n’est qu’une escarmouche à côté de l’accueil que me réserve Frenay.
Il m’a invité à le rejoindre sur les quais de la Saône,
non loin de notre premier rendez-vous.

    Lorsque je lui communique l’ordre de * Rex de lui
verser un budget identique à celui de janvier, il ne
se contient plus : « Ils sont fous ! Veulent-ils assassiner la Résistance ? Choisir, pour nous étrangler, le
moment où l’insurrection commence est un crime.
S’ils veulent l’épreuve de force, ils l’auront ! * Rex
veut nous avoir à sa botte ; il se trompe. Je n’ai pas
besoin de lui pour trouver l’argent de la bataille. »

    Bien que je me sois préparé à tout entendre, je
reste médusé lorsqu’il ajoute : « Je sais que vous
avez de l’argent : je vous ordonne de le verser à la
Résistance. J’ai besoin de 2 millions et d’un armement
massif. » Je connais ses éclats, que * Rex m’a
maintes fois relatés, mais je ne suis pas le patron :
mon devoir est de subir en silence. Je ne réponds
donc pas.

    Frenay sort un carnet et, sur le rebord du parapet, griffonne un câble pour * Rex  : « J’espère que
vous ne le censurerez pas. » Quel affront ! Oublie-t-il
que je suis un soldat en mission ? Le câble répète ce
qu’il m’a dit  :

Estimons décision scandaleuse au moment où
mouvements doivent lutter contre déportation.Demandons utilisation simultanée parachutage
et virement Suisse prévu par télégramme 9 .

    Il se termine par une ultime insolence : « Demandons motif décision. »

    « C’est par un réseau anglais, me dit ironiquement
Frenay, que j’enverrai un autre télégramme pour
exiger les 2 millions immédiatement ! » Je saisis la
provocation, mais ne bronche pas.

    Comme à chacune de nos rencontres, Frenay me
fixe un prochain rendez-vous dans un lieu différent,
dans un quartier excentré d’un Lyon inconnu demoi 10 .

    La liaison que * Rex a demandée aux chefs de
conserver avec moi tourne à la partie de catch :
espèrent-ils m’avoir à l’usure ?

    Le style de Jean-Pierre Lévy est différent. Simple,
direct, bon enfant, il place nos relations sur le plan
de la camaraderie. Son but est pourtant identique :
me dépouiller du « magot ».

    Après que je lui ai répété le refus de * Rex, il lâche
benoîtement  : « Êtes-vous libre à dîner ? » Flatté par
l’attention d’un grand chef, j’accepte. Je n’ai qu’à
m’en féliciter, car non seulement le repas servi dansle bistrot où il m’emmène est délicieux, mais, de
bout en bout, il se montre aimable et prévenant.
Il m’interroge sur mes origines, mon parcours, ma
mission en France, puis m’explique, sur un tout autre
ton que Frenay et d’Astier, la situation des réfractaires, dont il est persuadé que je ne comprends pas
tout le tragique.

    Je le détrompe et l’informe que, malgré mon refus,
je partage son indignation et m’interroge sur les raisons pour lesquelles Londres ne les aide pas plus
efficacement. Ce n’est pas * Rex que je mets en cause,
à la différence des résistants, mais les bureaux. Pourquoi ne veut-on pas sauver de la déportation les jeunes réfractaires, des camarades de mon âge ?

    D’après les récits des responsables des mouvements et de tous mes camarades, j’ai le sentiment
que la France, au moins en zone sud, est au bord de
l’insurrection. Une sorte de fièvre est perceptible à
tous les niveaux de la Résistance.

    Un doute chemine cependant dans ma tête :
Frenay n’a-t-il pas raison d’exiger ses 2 millions ?
Ne suis-je pas passible de « refus d’obéissance » si
je mets la Résistance en péril ? * Rex m’a confirmé les
versements au Vercors ; pourquoi n’en fait-il pas de
même pour les réfractaires ?

    Je me doute qu’à cause de la lenteur des transmissions, * Rex ignorait le début des maquis au
moment où il a rédigé ses instructions, il y a quelques jours. N’aurait-il pas changé d’avis s’il avait
connu l’exacte évolution de la situation ? Si je suis
d’accord avec les arguments de Lévy, mon devoirn’est-il pas de prendre une décision, qui, en l’absence
de * Rex, relève de mes attributions ?

    Je vis cette période de conflits déchiré entre des
devoirs opposés et vécus dans le doute.

    Samedi 6 mars 1943

     

    Enfin chez nous

    Je confie à Cheveigné deux

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