Alias Caracalla
syndicats que je connais : Charles Laurent, désigné par
la CGT, et Gaston Tessier, par le syndicat chrétien.
Ce dernier me demande si Marcel Poimbœuf, leur
représentant envoyé à Londres, peut être « enlevé »
durant la lune d’avril.
Enfin, je contacte * Villiers, que je connais. Il
m’indique que les socialistes ont désigné André
Le Troquer pour les représenter au Conseil de la
Résistance.
Mardi 9 mars 1943
Des ordres pour la zone nord
Depuis le départ de * Rex, je rencontre tous les jours
Cheveigné. Je le félicite pour la rapidité des transmissions, dont tout le mérite lui revient.
Depuis la mise en route d’André Montaut, il est
heureusement déchargé des opérations de Fassin.
Néanmoins, je suis conscient que les contacts presque quotidiens avec * Rex, c’est lui : « Tu m’as dit qu’il
fallait faire une démonstration auprès du patron.
Tu me prends pour une nouille ? »
Effectivement, lorsque, après le déjeuner, je décode
chez moi les deux nouveaux télégrammes qu’il me
remet, je lui sais encore plus gré de relever le défi.
Le premier est un texte adressé à * Frédéric pourl’organisation d’un service aérien en zone nord.
Analogue au SOAM, organisé par Fassin en zone
sud, il doit relever de * Rex « via Frédéric avec Pal
[Ayral] homologue de Sif [Fassin] comme chef Kim
[Schmidt] etRod 11 comme adjoints ayant chacun
secteur territorial propre ». * Rex estime que l’implantation d’un organisme strictement FFL facilitera le
plan établi avec les autorités britanniques.
Par retour, je rassure * Rex sur la situation financière — « argent versé aux mouvements suivant vos
instructions » — et lui demande si je peux attribuer
un budget mensuel de 40 000 francs au syndicat chrétien de zone nord. Je lui annonce en outre le départ,
par la nouvelle opération de mars, des nouvelles
formalités pour les cartes d’identité et d’alimentation.
Enfin, je lui transmets une plainte du syndicat
chrétien demandant instamment que Morandat arrête
ses émissions à la BBC et à Brazzaville, « discours
tenus compromettant gravement sécurité militants
travaillant ici ».
Jeudi 11 mars 1943
Catastrophe imprévue
Je suis heureux que Montaut se soit inséré si rapidement dans le circuit, car c’est un radio remarquable : il accomplit enfin la mission pour laquelle il a
été préparé durant un an.
Le câble de * Rex que je décode est d’une tout autre
tonalité :
Apprenons que Frédéric arrêté Paris avec plusieurs membres : Ceux de la Libération — Aviser
Marc 12 , […] Pal [Ayral], je dis Pal et Dufour 13 , je
dis Dufour si ce dernier à Lyon. Amitiés.
Le dernier mot apparaît depuis quelques jours dans
les télégrammes de Londres. Il m’est d’une maigre
consolation après cette catastrophe.
Dans un nouveau câble, j’annonce l’envoi des tampons et des renseignements sur les nouvelles formalités, en précisant qu’aucun nouveau cachet n’est
prévu pour les billets de 1 000 et 5 000 francs. Par
ailleurs, j’annonce que Louis Marin refuse de partir,
comme Frenay l’a prévu, et que Bothereau, le chef
syndicaliste, partira par la lune d’avril.
Je signale pour finir à * Rex que la CGT m’a
demandé l’enlèvement de Buisson :
Si accord veuillez passer phrase BBC « Le soleil
se lève chaque jour » — Si pas accord BBC passera « La nuit vient tous les soirs ».
Vendredi 12 mars 1943
Le bureau de Copeau
À notre rendez-vous matinal, * Germain m’apporte
un billet de Copeau me convoquant ce soir, à 8 heures, à une réunion au 7 rue del’Hôtel-de-Ville 14 :
« Extrême urgence ! Présence indispensable. »
Depuis le départ de * Rex, je participe à divers
conciliabules, qui me conduisent dans les bureaux
clandestins des uns et des autres : organisation de
parachutages, télégrammes, réclamations d’argent,
etc. L’urgence de tous les résistants depuis le départ
de * Rex concerne les liaisons avec Londres et les
demandes de fonds.
Je rejoins cette réunion le cœur léger : en dépit
des pressions et des menaces, je n’ai plus d’argent à
distribuer.
À 8 heures précises, je monte au cinquième et
dernier étage de la rue de l’Hôtel-de-Ville. Selon le
code convenu, je sonne quatre coups brefs. Une dame
vient m’ouvrir et me fait entrer dans une salle à manger enfumée. Je reconnais Georges Altman,
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