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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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radio annonce, pour 9 heures et demie, une déclaration de Paul Baudouin, nouveau ministre des
Affaires étrangères.

    Après un bref historique de la situation, le ministre justifie les raisons qui ont conduit Pétain àdemander l’« ouverture de négociations de paix »,
avant d’ajouter : « Mais il n’a pas pour autant abandonné la lutte, ni déposé les armes. Comme l’a dit
le maréchal Pétain, le pays est prêt à rechercher
dans l’honneur les moyens de mettre un terme aux
hostilités. Il n’est pas prêt, il ne sera jamais prêt, à
accepter des conditions déshonorantes, à abandonner la liberté spirituelle de notre peuple, à trahir l’âme
de la France. »

    Mon beau-père se lève, m’embrasse et me serre
contre lui : « Tu vois, je savais bien qu’il ne fallait
pas désespérer. Le Maréchal est rusé, c’est un
stratège. Je suis sûr qu’il a préparé un piège aux
Allemands. Ce sera un coup de théâtre. En attendant, la guerre continue. Cela seul importe. »

    Après un moment de silence, il me dit : « Demain,
tu devrais aller voir le commandant O’Cotereau, un
héros de la Grande Guerre, qui est le président des
anciens combattants de l’Action française à Pau. Il a
été officier d’active. Sans doute est-il au courant de
ce qui se trame. »

    Mardi 18 juin 1940

     

    Que faire ?

    Avant de quitter Bescat ce matin, mon beau-père
me donne rendez-vous pour déjeuner à la Brasserie
des Pyrénées , proche du bureau des TPR, le service
des transports régionaux dont il est actionnaire et
qu’il dirige.

    Je file à la permanence, où Marmissolle et Roy
sont déjà arrivés.

    Oublieux de mes accusations d’hier contre le
Maréchal, je leur explique avec assurance : « D’une
part, Pétain n’acceptera pas n’importe quelle condition. D’autre part, il manœuvre probablement dans
le dos des Boches. N’oublions pas que notre flotte,
notre aviation et l’empire sont intacts. Avant que
les Boches apprennent à nager pour traverser la
mer, on a le temps de reconstruire l’armée française. »

    Marmissolle m’interrompt : « Tout ça c’est très
bien, mais qu’est-ce qu’on fait ? » Comme toujours,
il me taquine quand je suis trop péremptoire. Je
n’en ai pas la moindre idée.

    À 1 heure, je rejoins mon beau-père à la brasserie.
Il est tendu : « Je sors de la préfecture. Le préfet a des
informations directes par son collègue de Bordeaux.
Il semble qu’effectivement Pétain gagne du temps
pour manœuvrer. Le gouvernement a décidé de partir
pour l’Afrique du Nord. La demande d’armistice
devrait retarder l’arrivée des Allemands et permettre d’embarquer une partie de l’armée. »

    En l’écoutant, j’ai l’impression de partager des
secrets d’État, puisque ces propos ont été tenus par
le préfet de Bordeaux, en contact permanent avec le
monde politique : Albert Lebrun, le président de la
République, loge chez lui.

    Mon beau-père poursuit : « Le point noir, c’est
l’avance continue des Allemands. Le gouvernement
ne doit pas être fait prisonnier. Le préfet estime que,
dans deux ou trois jours au maximum, les Boches
seront à Pau. Bien sûr, tout cela est confidentiel. Il
ne faut pas affoler la population, surtout les réfugiés,
qui ont déjà tant souffert. »

    Je ne dis rien, médusé par ce que j’apprends.

    Il garde le silence un moment, jette un coup d’œilsur le menu, commande, puis reprend : « Maintenant, les choses sont claires, il faut se décider. Tu
dois partir. Il faut que tu partes vite, avant l’arrivée
des Allemands. À Bayonne, on trouvera un bateau.
Mais il y a une difficulté : le préfet a annoncé un
arrêté qui interdit, à partir de demain, la sortie de
Pau entre 10 heures du soir et 5 heures du matin.
Vendredi, l’interdiction s’étendra à la circulation de
tous les véhicules particuliers. Il m’a prévenu afin
de me donner un laissez-passer pour Bescat. Tu
dois donc partir demain au plus tard. »

    L’injonction de mon beau-père met un terme à
mes interrogations, même si elle ne correspond
pas à mon souhait de tuer du Boche immédiatement. Sentant mon trouble, il me dit : « Regarde la
réalité en face : tu n’as jamais tenu un fusil, tu n’as
même jamais entendu un coup de canon. Ça fait
du bruit ! Maurras nous a prévenus il y a un mois :
c’est avant l’arrivée des Allemands qu’il faut agir,
après il sera trop tard. Quand ils

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