Amours Celtes sexe et magie
Avant-propos
L’un des plus grands mystères de la vie existentielle est sans aucun doute la sexualité . Quoi qu’on en pense, et surtout quoi qu’on en dise, elle ne se justifie nullement, même si on en analyse d’une façon très scientifique le fonctionnement aussi bien dans le règne animal que dans le règne végétal. À la réflexion, en elle-même, la sexualité se présente comme une absurdité : pourquoi les êtres vivants sont-ils séparés en deux genres contraires, mâle et femelle, et pourquoi faut-il la conjonction de ces deux genres pour assurer la propagation de l’espèce ? Il est vrai que la science refuse le principe de finalité et se borne à étudier les phénomènes en tentant de remonter aux causes premières, mais en l’occurrence, la cause première de la sexualité échappe à toute explication rationnelle. Et dans ces conditions, il faut se contenter de constater un certain nombre de faits qui sont autant de réalités incontournables.
On sait que les êtres vivants les plus primitifs, unicellulaires ou protozoaires, ne connaissent pas la différence sexuelle et se reproduisent par simple dédoublement. On sait encore que les huîtres peuvent changer de sexe selon les conditions climatiques de leur environnement. On sait aussi que les escargots sont à la fois mâles et femelles comme le sont certains végétaux. On sait enfin que le fœtus humain est d’abord indifférencié sexuellement et que c’est à la suite d’une métamorphose fort mystérieuse qu’il acquiert le caractère et de l’un ou de l’autre genre. Encore faudrait-il se poser des questions sur ceux qu’on appelle les hermaphrodites, généralement considérés comme des « monstres » et que seule une intervention chirurgicale peut faire pencher d’un côté ou de l’autre. Ce sont autant de constatations qui épaississent le brouillard qui entoure le problème posé par la sexualité.
Si la science est incapable d’apporter une réponse satisfaisante quant à la causalité – et à plus forte raison quant à la finalité – qui préside à ce phénomène naturel, il convient peut-être de recourir à la tradition, cette mémoire de l’humanité qui se présente à nous sous forme de textes cosmologiques, théologiques ou mythologiques : cette tradition, transmise de génération en génération depuis l’aube des temps, a peut-être conservé, sous forme symbolique bien entendu, et parfois très altérée, quelques bribes d’une réalité antérieure. On ne peut alors échapper à la Genèse hébraïque qui, bien que tronquée, condensée, maintes fois réécrite et déformée, demeure néanmoins l’un des témoignages les plus anciens de cette mémoire de l’humanité.
Le texte biblique est net et précis : quand Iaveh Adonaï façonne l’ existant humain, il le crée « à son image » et à la fois « mâle et femelle ». C’est donc un androgyne , et l’on peut à juste titre en déduire que le Créateur est lui-même androgyne. Ce n’est que plus tard que ce Créateur décide de dédoubler l’existant en extrayant la fameuse « côte d’Adam » et en en faisant Ève, la première femme, si l’on passe sous silence la mystérieuse Lilith qui, selon certaines traditions rabbiniques, aurait été la mère ou la compagne d’Adam, avant de se révolter et d’être rejetée dans les ténèbres.
Ce récit biblique de la création de l’existant humain n’est nullement en contradiction avec ce que prétend le philosophe grec Platon à propos de l’être primitif qui aurait été à la fois mâle et femelle. Étant « à l’image des dieux », il aurait abusé de ses pouvoirs et se serait permis de défier les divinités en risquant de prendre leur place, provoquant une terrible réaction de la part de celles-ci : c’est alors que l’existant humain aurait été coupé en deux entités distinctes, d’où cette recherche perpétuelle de l’autre qui caractérise la vie de tous les êtres vivants. On pense généralement que Platon, pour développer ses idées et les rendre plus accessibles au commun des mortels, avait tendance à « inventer » des mythes, mais il semble, dans l’état actuel de nos connaissances, que cette théorie de l’androgynat primitif, qui n’est pas forcément à prendre à la lettre, tout comme le récit biblique, soit le reflet d’une certaine réalité d’un lointain passé. Il s’agit encore une fois ici
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