Amy, ma fille

Amy, Jane, Georgette et Giles étaient assis à une autre table. Je suis allé les voir et ai proposé que nous ayons une petite discussion. J’ai parlé à Giles de la feuille d’aluminium retrouvée dans la chambre d’Amy et Blake ; selon lui ça n’avait rien à voir avec son fils. Je lui ai dit qu’il se voilait la face mais ça n’a rien changé : pour lui, la responsable c’était Amy.
    La discussion s’est vite envenimée et malgré la présence des journalistes dans l’hôtel, j’ai perdu patience et le ton est monté. C’était un moment surréaliste : ce jour-là, un mariage était prévu dans l’hôtel et tandis que nous nous disputions sur la terrasse, les invités commençaient à arriver. Heureusement, Raye nous a rejoints, a posé une main sur mon épaule et m’a dit doucement :
    — Calme-toi, Mitch, calme-toi.
    Je me suis ressaisi mais j’étais tellement en colère contre Giles que j’en tremblais.
    Un peu plus tôt dans la matinée, avant le petit déjeuner, j’avais passé un coup de fil à Paul Ettlinger, le médecin d’Amy, pour qu’il vienne la voir. Après l’avoir examinée, il a proposé que ma fille et Blake passent un peu de temps à la Causeway Retreat, un centre de désintoxication sur l’île d’Osea dans l’Essex. Elle se trouve dans l’estuaire de Blackwater, près de la ville de Malden.
    L’île est accessible à peu près une heure par jour par voie terrestre. Une fois que vous y êtes, vous êtes coincé dessus jusqu’au lendemain. L’île était donc quasiment inaccessible et c’est exactement ce dont nous avions besoin, surtout après ce qui c’était passé la nuit précédente, quand Blake avait réussi à se procurer de la drogue. Bien décidé à aider Amy, j’ai donné immédiatement mon accord.
    Évidemment, Amy ne voulait pas s’y rendre. Mais cette fois-ci, nous n’allions pas céder.
    — Écoute, tu es toxicomane, tu dois y aller, un point c’est tout.
    J’étais en colère et elle le savait. Elle a cherché l’appui de Blake mais je lui ai dit qu’ils y allaient tous les deux.
    Raye et moi les avons conduits à l’héliport de Battersea où un hélicoptère les attendait pour les emmener sur l’île d’Osea. Mais avant que Blake ne monte à l’intérieur, il m’a pris à part. J’ai été tellement choqué par ses paroles que je les ai retranscrites dans mon journal :
    — J’accompagne Amy sur l’île d’Osea pour son bien, mais moi je n’ai aucune intention de décrocher, ça me plaît d’être toxico.
    J’étais atterré. Je suis retourné à la voiture et j’ai rapporté les paroles de Blake à Raye, qui a remué la tête en silence. Quelle chance avait Amy si son mari pensait de cette façon ? J’espérais vraiment que la cure de désintoxication marcherait pour eux deux.
    La durée de leur séjour sur l’île n’était pas définie, mais ils sont partis au bout de trois jours. Je suis allé les accueillir à l’héliport de Battersea mais Amy est montée à l’arrière de la voiture qui les attendait sans m’adresser la parole. J’ai frappé à sa vitre et ai insisté pour qu’elle ouvre sa portière.
    — Pourquoi est-ce que tu es partie si tôt ? ai-je demandé en essayant de garder mon calme.
    — J’ai pas envie de te parler, papa. C’est toi qui nous as envoyés là-bas.
    Elle a claqué la portière, a demandé au chauffeur de les ramener chez eux et je me suis retrouvé tout seul. C’était désespérant. J’étais tellement déçu qu’elle renonce à la cure de désintoxication aussi rapidement. Sans compter que c’était la première fois qu’Amy et moi nous fâchions. Tout ce que je voulais c’était tenter quelque chose avant qu’il ne soit trop tard ; je n’attendais pas de remerciements (je n’étais pas naïf), mais j’étais bouleversé par sa réaction.
    Les journaux ont fait leurs choux gras de cette histoire. Je ne savais plus quoi penser de tout ça. Le lendemain, on pouvait lire ceci en gros titre du Daily Mail  : « Je suis contente qu’Amy m’ait avoué qu’elle était accro à l’héroïne, dit sa belle-mère. » Ce n’était pas agréable de commencer la journée en sachant que tout le monde allait lire des horreurs sur ma fille.
    Je ne pouvais pas rester les bras croisés. Le mercredi 15 août, nous avons eu une réunion de crise aux Matrix Studios, un complexe de studios d’enregistrement dans le sud-ouest de Londres, appartenant en partie à Nigel