Amy, ma fille

vingt-trois heures pour l’examiner. Il m’a annoncé qu’elle avait pris de la drogue, probablement du crack. Il a également prévenu Amy que si elle continuait de la sorte elle pourrait être victime d’une attaque à n’importe quel moment.
    Les mots me manquent pour dire à quel point j’étais effondré. Amy avait toujours été farouchement opposée aux drogues dures. Qu’est-ce qui avait changé ? Qu’est-ce que je pouvais faire ? Je n’arrivais pas à croire que ma fille prenait de la drogue mais les faits étaient là. Je savais à présent que je m’étais trompé en pensant qu’Amy était plus forte que Blake. Apparemment c’était le contraire. Comment la drogue avait-elle atterri à l’hôtel ? Je ne savais pas quoi faire, à qui m’adresser. J’ai tenté de parler à Amy, mais elle planait. Je voulais pourtant qu’elle m’explique. Ce n’était peut-être rien d’autre que l’affaire d’une fois. J’ai passé la nuit à me poser des questions.
    Je n’ai pas beaucoup vu Amy le lendemain. Elle a passé la plus grande partie de la journée au lit avec Blake, qui n’était apparemment pas en forme, négligeant également Juliette et Lauren.
    Amy et Blake ont fait leur apparition vers vingt et une heures et tandis que nous passions à table, Blake a décidé d’aller faire un tour. J’ai supposé qu’il avait rendez-vous avec un dealer. À son retour, il arborait un grand sourire et j’en ai conclu que tout s’était passé comme prévu. Plus tard, Juliette et moi avons réussi à pénétrer dans leur chambre en leur absence. Je ne savais pas exactement ce que j’étais venu chercher mais nous avons découvert un morceau de feuille d’aluminium roussi dans la poubelle. Cela est venu confirmer nos suspicions : lui ou elle, peut-être les deux, avaient consommé une drogue dure. Je devais me rendre à l’évidence : Amy et Blake se droguaient. Je n’ai pas trouvé traces d’autres stupéfiants.
    J’étais dégoûté. Tout s’effondrait autour de nous. Devais-je avoir une sérieuse discussion avec Amy pendant que nous étions ici ? Comment lui parler de tout ça ? Est-ce qu’elle allait seulement m’écouter ? Je savais qu’elle avait traversé des moments difficiles à cause de l’alcool, mais du crack… Je n’en revenais pas.
    La rumeur s’était répandue dans la presse qu’Amy avait subi une attaque et des journalistes se massaient autour de l’hôtel à la recherche du scoop. J’ai décidé de parler avec ma fille une fois que nous serions rentrés à la maison. Nous n’avons pas adressé un mot aux journalistes mais Georgette, la mère de Blake, leur a annoncé que nous devions tous laisser Amy et son fils tranquilles, et a traité de « parasites » les plus vieux amis de ma fille.
    C’était l’anniversaire de Jane ce vendredi. Elle nous a donc rejoints après le travail ce soir-là pour passer le week-end avec nous. Georgette et Giles, la mère et le beau-père de Blake, qui vivaient à Newark dans le Lincolnshire, étaient également présents. Raye et moi les avions conviés afin de discuter de la drogue découverte dans la chambre d’hôtel.
    Quand nous nous sommes retrouvés, Georgette ne s’est pas excusée d’avoir traité les amis de ma fille de « parasites ». C’était notre première rencontre et ça commençait déjà mal. En discutant, j’ai découvert qu’ils ne savaient pas grand-chose des problèmes de drogue de leur fils. Pour eux, c’était Amy qui avait encouragé Blake à consommer de la drogue alors que nous savions tous, les amies d’Amy et moi-même, que ce n’était pas la vérité. Si nous ne nous serrions pas les coudes, je ne voyais pas comment nous allions avancer.
    Ce soir-là, nous avons dîné tous ensemble dans un salon privatif. Amy et la mère de Blake se trouvaient chacune à un bout de la table. Georgette n’arrêtait pas d’agiter son sac à main de marque en disant à Amy :
    — Oh ! Regarde le sac à main que tu m’as offert, regarde le sac…
    Qu’est-ce qui ne tournait pas rond chez elle ? Elle venait d’apprendre que son fils était toxicomane et tout ce qui comptait, c’était son sac. Elle et son mari refusaient de voir les choses en face et cela ne s’est pas amélioré au cours de la soirée. C’était la première fois que je rencontrais ces gens et je les ai trouvés détestables.
    Raye est arrivé le lendemain matin et nous avons pris le petit déjeuner sur la terrasse.