Amy, ma fille
monter sur mes pieds en lui tenant les mains. Ce qu’elle préférait, c’était tournoyer dans la pièce ; ça lui donnait le vertige et elle adorait ça. Elle devenait de plus en plus téméraire, elle grimpait ou se pendait aux barres de jeux pour enfants, dans le parc. Elle aimait aussi jouer à la maison, notamment avec sa poupée en tissu « Patouf ». Nous avons même dû remplir et envoyer le « certificat d’adoption » fourni avec la poupée pour satisfaire Amy. Quand Alex voulait embêter sa sœur, il lui volait ses poupées.
Quand je ne rentrais pas trop tard, je leur lisais des histoires, toujours les mêmes : Oui-Oui , d’Enid Blyton. Amy et Alex étaient devenus spécialistes. Amy adorait les quiz sur le sujet. Elle demandait :
— Papa, comment était habillé Oui-Oui le jour où il a rencontré Potiron ?
Je faisais semblant de réfléchir avant de répondre :
— Il portait sa chemise rouge ?
— Non, répondait-elle.
Alors je lui expliquais que c’était une question très difficile à laquelle je devais vraiment réfléchir.
— Est-ce qu’il portait son chapeau bleu avec une clochette au bout ?
Amy m’indiquait que non. À ce moment-là je claquais des doigts en m’exclamant :
— Je sais ! Il portait son short bleu et son foulard jaune à pois rouges !
— Non, papa, c’est pas ça.
Finalement, je donnais ma langue au chat. Amy se mettait à rigoler avant même d’articuler la réponse.
— Il ne portait rien du tout ! Il était… tout nu !
Et elle éclatait de rire en se cachant derrière sa main. Nous avons joué à ce jeu de nombreuses fois et ça se passait toujours comme ça.
Nous n’étions pas le genre de parents à laisser sans arrêt la télé allumée en fond. Il y avait toujours de la musique dans la maison et je chantais très souvent. On demandait aux enfants de nous donner des petites représentations. Amy devait avoir deux ans et Alex cinq. Je les présentais, Janis applaudissait et ils se mettaient à chanter. Enfin, quand je dis « chanter »… Alex ne savait pas trop chanter, mais il essayait quand même ; quant à Amy, son objectif était de faire plus de bruit que son frère. Elle aimait qu’on s’intéresse à elle. Quand Alex commençait à s’ennuyer, il partait faire autre chose tandis qu’Amy, elle, continuait de chanter. Même quand on lui demandait de s’arrêter.
Il y avait un jeu auquel on jouait tous les deux, généralement en voiture. J’entonnais une chanson et elle devait dire le dernier mot.
— « Humpty Dumpty sur un muret… »
— « ...PERCHÉ »
— « Humpty Dumpty par terre s’est… »
— « ...ÉCRASÉ ».
Ça nous a très longtemps amusés.
Une année, Amy a reçu un petit tourne-disque qui diffusait des comptines. On l’entendait dans sa chambre à longueur de journées. Plus tard, elle a eu un xylophone et a appris à jouer toute seule, lentement et difficilement, la chanson « Home on the Range ». Du rez-de-chaussée, on l’entendait répéter la mélodie sans relâche. J’espérais à chaque fois qu’elle trouve les notes et le tempo justes… C’était épuisant de devoir écouter ça.
Elle avait beau être adorable, la phrase qu’on entendait le plus souvent chez nous durant ces années-là, c’était : « Sois sage, Amy ! » Elle ne savait pas s’arrêter. Dès qu’elle se mettait à chanter, c’était fini. Et si elle n’était pas le centre de l’attention, elle faisait en sorte de le devenir, parfois aux dépens de son grand frère. Le jour du sixième anniversaire d’Alex, Amy (alors âgée de trois ans) a trouvé le moyen de lui voler la vedette en donnant un spectacle improvisé devant les invités. Évidemment, Alex n’était pas très content et, avant qu’on puisse l’en empêcher, il a jeté une boisson au visage de sa sœur, qui s’est enfuie en pleurant dans sa chambre. J’ai disputé Alex si fort qu’il a lui aussi fondu en larmes. Après la fête, Amy s’est assise par terre dans la cuisine en boudant et Alex est resté enfermé dans sa chambre.
Malgré ce genre d’épisodes, Alex et Amy étaient très proches et le sont restés en grandissant, même si chacun avait ses propres amis.
Amy cherchait toujours à se faire remarquer. Elle était malicieuse, téméraire et audacieuse. Peu après l’anniversaire d’Alex, Janis l’a emmenée au parc de Broomfield, près de chez nous, où elle s’est perdue. Paniquée, Janis
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