Amy, ma fille
savait et quand c’était le contraire, on le savait aussi. Il était évident qu’Amy venait d’une famille aimante et présente. »
Amy était une fille intelligente qui avait les capacités pour réussir à l’école, mais elle ne s’y est jamais intéressée. Elle était bonne dans certaines matières comme les maths, mais elle ne réussissait pas pour autant ses devoirs. Janis était vraiment forte en maths et elle enseignait des tas de choses aux enfants. Amy adorait le calcul et les équations de second degré, alors qu’elle n’était qu’en primaire. Pas étonnant qu’elle se soit ennuyée pendant les cours de maths.
En revanche, la musique l’a toujours intéressée. J’en écoutais tout le temps, à la maison, dans la voiture, et Amy chantait par-dessus. Même si elle adorait les big bands ou le jazz que j’écoutais, elle aimait aussi le R&B et le hip-hop, notamment des groupes américains comme TLC et Salt-n-Pepa. Elle et Juliette s’amusaient à s’habiller comme Pepsi & Shirlie, les choristes de Wham !, pour chanter leurs chansons. À dix ans, elles ont formé une sorte de groupe de rap qui n’a pas duré, appelé « Sweet’n’Sour », aigre-doux. Juliette était la douce, Amy l’aigre. Elles ont beaucoup répété, mais n’ont malheureusement pas fait de spectacle.
J’étais entièrement dévoué à ma famille, pourtant au fil des années, j’ai changé. En 1993, Janis et moi nous sommes séparés. Quelques années plus tôt, l’un de mes amis proches, alors marié, m’avait confié entretenir une liaison. Je ne comprenais pas comment il pouvait faire ça. Je me souviens lui avoir dit qu’il avait une femme merveilleuse et un fils exceptionnel. Comment pouvait-il risquer tout ça pour une simple aventure ? Il m’a répondu :
— Ce n’est pas une aventure. Quand tu trouves ta moitié, tu sais que c’est la chose à faire. Si ça t’arrive un jour, tu comprendras.
De façon inimaginable, je me suis retrouvé dans cette même situation. En 1984, j’avais engagé une nouvelle responsable marketing, Jane, avec qui je m’étais immédiatement très bien entendu. Il n’y avait rien de romantique entre nous : Jane avait un petit ami et moi, j’étais heureux en ménage. Mais nous étions sur la même longueur d’ondes. Pendant très longtemps, rien ne s’est passé, et puis un jour, c’est arrivé. Jane venait à la maison depuis qu’Amy était bébé, elle avait rencontré ma femme et mes enfants des dizaines de fois. Elle refusait catégoriquement de briser ma famille.
J’étais amoureux de Jane mais toujours marié à Janis. Cette situation ne pouvait pas durer éternellement et je me trouvais face à un terrible dilemme : j’avais envie de rester avec Janis et les enfants, mais je voulais aussi vivre avec Jane. Je n’avais jamais été malheureux avec Janis, notre couple était équilibré. Certains hommes infidèles détestent leur femme, pas moi, j’aimais Janis. Il était impossible de se disputer avec elle, même si on le voulait, tant elle était gentille et douce. Je ne savais pas quoi faire. Je ne voulais blesser personne. Mais l’envie d’être avec Jane s’est avérée plus forte que le reste.
J’ai fini par me résoudre à quitter Janis en 1992. J’ai décidé d’attendre qu’Alex ait fait sa Bar Mitzvah et je suis parti peu après. Le plus difficile a été de l’annoncer aux enfants. Je leur ai expliqué que nous les aimions très fort et que cela n’avait rien à voir avec eux. Alex l’a très mal pris, et qui pourrait lui en vouloir ? Amy, elle, a eu l’air de l’accepter.
Quand j’ai quitté la maison pour aller vivre chez Melody à Barnet, je me sentais horriblement mal. Je suis resté chez ma sœur pendant six mois avant d’emménager avec Jane. Rétrospectivement, je me trouve lâche d’avoir laissé la situation s’éterniser, mais je voulais simplement contenter tout le monde.
Le plus étrange, c’est qu’après mon départ, je me suis mis à voir mes enfants plus souvent qu’auparavant. Même mes amis trouvaient qu’Amy ne semblait pas trop souffrir du divorce. Quand je lui proposais qu’on en parle, elle haussait les épaules en disant : « Tu es toujours mon papa et maman est toujours ma maman. Qu’est-ce qu’il y a d’autre à dire ? »
J’ai sans doute trop gâté mes enfants, pour compenser mon sentiment de culpabilité. Je leur achetais des cadeaux sans raison, je les emmenais dans des
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