Amy, ma fille
allait transférer Amy à la London Clinic, dans le West End, non loin de Harley Street. Comme elle avait perdu beaucoup de poids à cause des vomissements et qu’elle était déshydratée, elle devait y rester trois ou quatre jours avant de revenir au Capio Nightingale. Je suis allé lui rendre visite là-bas. Je connaissais la London Clinic parce que j’y avais déjà déposé des clients mais n’y étais jamais entré. L’architecture était impressionnante et l’édifice était tout en brique rouge, comme beaucoup de bâtiments de Londres.
Amy m’a affirmé qu’elle se sentait beaucoup mieux et qu’elle ne voulait pas retourner au Capio Nightingale. Je lui ai répondu que c’était indispensable et elle s’y est résignée à contrecœur ; je craignais toutefois qu’elle en parte aussitôt, ce qui aurait précipité son arrestation. Les policiers affirmaient à présent qu’ils étaient prêts à abandonner l’inculpation pour usage de stupéfiants contre Amy si elle donnait les noms de ceux qui avaient tourné la vidéo : ils voulait les arrêter, eux, pour trafic de drogue. Mais Amy avait d’autres problèmes à régler.
Hélas, malgré tous les efforts engagés, son départ était de plus en plus probable. Si elle désirait partir, personne ne pouvait l’en empêcher puisque son état ne justifiait plus une hospitalisation. Amy se sentait tellement mieux qu’elle pensait être guérie mais elle en était loin, en réalité. J’étais persuadé que si elle quittait le Capio Nightingale, elle retomberait dans la drogue rapidement. Je ne savais vraiment pas quoi faire et personne ne semblait avoir de solutions. Ça me rendait dingue. Ceux qui paraissaient à même de l’aider et la soigner ne pouvaient pas faire davantage car, en définitive, c’était à elle de prendre les choses en main.
Pendant son séjour au Capio Nightingale, je l’ai fait sortir brièvement afin qu’elle subisse le contrôle médical indispensable à l’obtention de son visa pour les États-Unis. Ça s’est bien passé et nous étions heureux qu’elle ait encore une chance d’assister aux Grammy. L’ambassade des États-Unis devait nous informer de sa décision dans les quarante-huit heures. Je gardais espoir. Amy semblait aller tellement mieux. Le docteur Ettlinger m’a dit qu’il était très satisfait de constater que son état de santé s’améliorait. Vu la quantité de poison qu’elle avait ingurgitée, c’était extraordinaire de la voir se rétablir aussi vite.
Quelques jours plus tard, j’ai reçu un appel du service de sécurité du Capio Nightingale pour m’informer que Geoff avait réussi à introduire de la drogue dans l’établissement, en la dissimulant grossièrement dans un ours en peluche. Blake Wood, un ami d’Amy, qui était passé lui rendre visite juste après, a fait en sorte que la drogue lui soit confisquée. Trop tard, hélas, pour qu’elle n’en profite pas un peu. Je me suis précipité à la clinique où je suis resté toute la nuit. J’étais en colère contre elle, pour avoir fait preuve de faiblesse, mais aussi contre cet horrible type qui avait mis en danger la santé d’Amy, sa vie même, pour quelques malheureux billets. En conséquence, j’ai donné à l’hôpital une liste des personnes autorisées à lui rendre visite.
Le lendemain matin, j’ai accompagné Amy à Pentonville pour voir Blake. Les journaux qui ont rapporté cet épisode ont parlé de la santé de ma fille en termes positifs et publié de belles photos d’elle. Avant de remonter dans le taxi, j’ai demandé à Amy ce que Blake pensait de sa cure de désintoxication. J’avais l’impression qu’il approuvait sa démarche.
— On n’a pas parlé de moi, papa. On a surtout parlé de lui et puis un peu de nous deux, tu vois, de lui et moi.
J’ai compris à ce moment-là qu’elle ne lui avait rien dit.
Malgré l’affaire de l’ours en peluche, Amy continuait d’avancer dans la bonne direction et nous étions tous optimistes. Toutefois, une question demeurait sans réponse : allait-elle obtenir son visa ? Comme il ne restait plus beaucoup de temps avant la cérémonie, Raye s’est arrangé pour qu’elle puisse chanter depuis Londres et que le concert soit retransmis en direct aux Grammy. C’était une excellente initiative. Peu de temps après, nous avons appris que l’ambassade américaine refusait la demande de visa d’Amy : on avait trouvé des traces d’héroïne dans
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