Amy, ma fille

revenus à la case départ : Amy a réintégré son appartement de Jeffrey’s Place à Camden Town où elle a continué de se droguer. Elle refusait obstinément de se faire soigner. Elle m’en voulait de penser du mal de Blake. Quelques jours plus tard, Alex Foden a quitté sa cure de désintoxication, à la demande d’Amy. Je me suis mis en colère contre elle, mais c’était peine perdue. Voilà qu’elle en était revenue au stade où elle se trouvait avant le Capio Ninghtingale. Deux mois d’efforts anéantis en un clin d’œil.
    Les BRIT Awards avaient lieu le lendemain et je doutais sérieusement qu’Amy puisse y assister. Je suis arrivé vers dix-huit heures trente, attendant nerveusement qu’elle fasse son apparition. Finalement, elle a chanté « Valerie » avec Mark Ronson et « Tears Dry » avec son groupe. Je ne savais pas si elle était défoncée ou pas ; elle me paraissait mal assurée. Elle s’en est sortie sans incident, mais ce n’était certainement pas sa meilleure prestation.
    Phil Taylor, journaliste pour News of the World , m’a informé qu’ils allaient publier dans leur prochaine édition des photos d’Amy le visage tuméfié. Il m’a demandé si je souhaitais m’exprimer sur la question et j’ai refusé. J’ai ri sous cape : Amy avait eu un impetigo, une maladie de peau très contagieuse mais bénigne. Elle ne s’était pas battue, contrairement à ce que Taylor sous-entendait. Toutefois, quand j’ai vu la photo publiée dans le journal, j’ai remarqué son bleu sur la joue ; peut-être bien qu’elle s’était bagarrée, tout compte fait.
    Comme toujours, un autre tabloïde a surenchéri : en effet, le Sun a prétendu qu’Amy s’était fait ce bleu toute seule. Je ne rejetais pas complètement cette possibilité. Depuis qu’elle sortait avec Blake, elle s’était infligé des blessures au moins une fois à ma connaissance, au Sanderson Hotel. Manifestement, c’était dû à l’énorme pression qu’elle subissait. D’après le Sun , Amy fumait dans un restaurant et, quand on lui avait demandé d’arrêter, elle avait éteint sa cigarette sur sa joue. Je n’ai pas eu le courage de lui demander des explications. J’étais à bout de forces.
    Avec l’énergie du désespoir, Raye et moi sommes allés trouver Blake en prison pour lui demander de nous aider à faire soigner Amy. Cela revenait à pactiser avec le diable, mais nous étions à court d’idées. Il fallait qu’Amy ait la volonté de s’en sortir, or Blake était l’une des seules personnes qu’elle écoutait. Malheureusement, tout ce qui importait à Blake, c’était ses propres problèmes. Nous sommes repartis sans savoir si nous pouvions compter sur lui.
    Il a quand même parlé à Amy, mais cela n’a pas eu l’air d’avoir un effet positif sur elle. En vérité, la situation ne faisait qu’empirer. À la mi-mars, Amy devait donner un concert privé chez Universal devant les responsables étrangers venus des quatre coins du monde sur invitation de Lucian. Ce jour-là, je suis passé chez elle lui souhaiter bonne chance, mais elle était mal en point. Sa dernière discussion avec Blake l’avait tellement énervée qu’elle n’avait plus envie de donner ce concert.
    Pendant que j’étais chez elle, elle l’a eu plusieurs fois au téléphone. Je ne comprendrai jamais comment un détenu pouvait passer autant de coups de fil. Apparemment, il utilisait le téléphone à sa guise. À cause de lui, Amy a annulé le concert et gâché la soirée de tous ces gens venus du monde entier spécialement pour elle. Elle aurait dû tenir son engagement malgré tout, cela faisait partie de ses responsabilités, et je n’ai pas manqué de le lui rappeler.
    Durant l’une des visites de Raye en prison, Blake lui a annoncé qu’il voulait demander le divorce. Si seulement ! Malheureusement, ce n’était que des paroles en l’air. Il ne voulait pas divorcer, simplement créer des problèmes et se faire remarquer. Blake ne pensait qu’à une seule personne : lui-même.
    *
    Fin mars 2008, Amy a quitté Jeffrey’s Place pour emménager dans un appartement plus grand à deux pas de là, à Prowse Place. Elle a annoncé qu’elle voulait décrocher de la drogue et ce le plus vite possible. Je n’en croyais pas mes oreilles. J’attendais ce moment depuis si longtemps.
    — Très bien, écoute, lui ai-je dit. J’ai des brochures dans le coffre de mon taxi. Je descends les chercher. Tu peux