Amy, ma fille
choisir une cure de désintox où tu veux, dans n’importe quel pays.
— Papa, attends. J’ai pas envie de prendre l’avion ou le bateau pour aller en désintox. Quoique, je pourrais retourner sur l’île d’Osea…
J’ai éclaté de rire. Jusqu’à ce qu’elle ajoute :
— Je veux rester ici.
J’étais surpris.
— Ici ? Dans ton appartement ? Tu es folle ou quoi ?
Je savais que les problèmes seraient nombreux, mais c’était sa décision. Le 31 mars, à sept heures, le docteur Ettlinger, son assistante le docteur Christina Romete, le docteur Kelleher, Raye et moi nous sommes retrouvés chez Amy pour discuter de la désintox. Ça n’allait pas être facile mais elle se sentait d’attaque.
Elle devait commencer son programme de substitution le 2 avril. Deux infirmières, Sandra et Brenda, se relaieraient pour lui administrer le traitement. Ça a mal commencé : Brenda m’a appelé ce jour-là en disant qu’elle ne pouvait pas donner à Amy son traitement parce qu’elle avait pris de la drogue. Le lendemain, rebelote : Sandra m’a dit qu’Amy avait fumé du crack, rendant l’absorption des drogues de substitution impossible. Amy n’était pas satisfaite de cette infirmière (sans doute parce qu’elle était stricte et essayait de faire son travail correctement) si bien que Raye et moi avons décidé de lui en trouver une autre. Amy devait s’abstenir de prendre de la drogue pendant douze heures pour que le programme puisse commencer ; il fallait donc attendre un jour supplémentaire. La désintox n’avait même pas commencé qu’elle paraissait déjà compromise.
Pour compliquer les choses, Amy était censée travailler sur la bande originale du prochain James Bond avec Mark Ronson. Leur dernière collaboration remontait à décembre 2006, à New York. Mark devait se charger de la musique de Quantum of Solace et Amy des paroles. Mais à la mi-avril, date prévue pour débuter ce projet, Amy n’était pas en état de travailler. Elle a raté les premières sessions en studio et Mark, qui refusait de collaborer avec elle tant qu’elle continuerait à prendre de la drogue, lui a demandé de régler le problème.
Le studio d’enregistrement se trouvait à Henley, dans l’Oxfordshire, et appartenait à Barrie Barlow, le batteur occasionnel du groupe de rock progressif Jethro Tull. Il comprenait deux chambres, une cuisine et une salle de bains à l’étage. L’endroit idéal pour que Mark et Amy puissent travailler. Mais elle refusait d’y aller.
Au bout de quelques jours, Mark a menacé de rentrer aux États-Unis ; s’il faisait ça, Amy pouvait dire adieu à la bande originale de James Bond. Il voulait bien se montrer patient, mais il y avait des limites, et on pouvait le comprendre.
Amy était incapable de quitter son appartement. Elle trouvait toujours une excuse pour ne pas aller en studio. La drogue occupait toute la place dans sa vie. Quand elle n’en prenait pas, elle était de nouveau à fond dans la musique, mais ces moments-là se faisaient de plus en plus rares.
Le mardi 8 avril, Amy s’est finalement rendue à Henley. Raye, qui l’accompagnait, m’a confirmé qu’elle s’était mise au travail avec Mark. Elle n’avait pas pris de drogue et une infirmière était en route pour lui administrer son traitement de substitution. Le problème, c’est qu’au bout de quelques heures, les symptômes du sevrage se sont fait sentir, l’empêchant de travailler. L’infirmière est arrivée, accompagnée d’un médecin. Ce dernier lui a donné du diazépam pour l’endormir et il a remplacé la méthadone par du Subutex.
Cette combinaison de médicaments a paru fonctionner. Le lendemain, Amy avait rendez-vous avec l’une des productrices du James Bond , Barbara Broccoli. J’étais absent mais Raye m’a dit qu’elles s’étaient très bien entendues et que Barbara était tombée « sous le charme d’Amy ».
Le vendredi, je me suis rendu au studio où j’ai rencontré David Arnold, chargé de composer la musique du film. Comme Barbara Broccoli et tous ceux qui étaient impliqués dans le projet, il était ravi de travailler avec Amy. J’avais apporté à ma fille quelques-unes de ses spécialités juives préférées : saumon fumé, boulettes de poisson, bagels, émincés de foie, œufs aux oignons. Elle dormait quand je suis arrivé et à son réveil, son premier réflexe a été de fumer du crack. Comment était-ce possible ?
— Elle
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