Amy, ma fille

cache bien son jeu, Mitch, m’a-t-on dit. On ne savait même pas qu’elle avait de la drogue sur elle.
    Je suis monté dans sa chambre pour essayer de la raisonner, mais c’était peine perdue. Quand elle était défoncée, elle racontait tout et n’importe quoi. C’était un triste spectacle. Elle m’a demandé d’annuler un accord qu’elle avait conclu pour commercialiser un parfum à son nom.
    — Je veux pas nuire à ma réputation, m’a-t-elle expliqué.
    — Nuire à ta réputation ? Pardon ? Et fumer du crack, tu crois que ça lui fait du bien, à ta réputation ?
    Cette conversation ne menait nulle part. Je suis sorti et Amy m’a hurlé de revenir. Je me sentais au fond du trou. Je ne croyais pas qu’elle allait mourir, mais je ne voyais pas d’issue. On n’apprend pas à gérer l’addiction du jour au lendemain, et c’était encore assez nouveau pour moi. Il fallait que je trouve un moyen d’apprendre plus vite.
    Le comportement d’Amy était extrêmement changeant et cela me perturbait. Le lendemain, Raye m’a appelé du studio pour me dire qu’elle et Mark avaient bien travaillé. Elle avait également pu prendre son Subutex. Mais quand il lui a fallu prendre sa deuxième dose, c’était impossible parce qu’entre-temps, elle s’était droguée de nouveau. Elle a donc dû se sevrer une nouvelle fois et recommencer tout à zéro.
    Ce dimanche-là, quand je suis arrivé à Henley, Amy était couchée. Elle souffrait des effets du sevrage. Elle avait besoin d’une bonne douche et j’ai réussi à la traîner dans la salle de bains, remarquant de nouveau sa maigreur. Si elle était morte à ce moment-là, je n’aurais pas été surpris.
    Je l’ai remise au lit et je suis resté avec elle jusqu’à ce qu’elle s’endorme. J’étais désespéré. Je n’avais plus d’idées. Si elle se droguait, elle ne pouvait pas prendre son Subutex. Si elle ne prenait pas de Subutex, elle souffrait du sevrage et se droguait encore plus. C’était un horrible cercle vicieux.
    Le lendemain, quand je l’ai eue au téléphone, elle paraissait aller mieux. Elle travaillait et était décidée à combattre l’héroïne sans Subutex. Je doutais qu’elle en soit capable mais je l’ai encouragée le plus possible. Elle m’a dit que je lui manquais.
    — Tu me manques aussi, ma chérie. Je suis là pour toi si tu as besoin, tu le sais, je serai toujours là. Pourquoi tu pleures ?
    — J’ai envie d’avoir un enfant, papa.
    — Quoi ? Comment ça ?
    — On est allés au pub tout à l’heure, les gars et moi, il y avait un bébé et je l’ai pris dans mes bras. Il était adorable et ça m’a donné envie… tu vois.
    Non, je ne voyais pas. Amy avait toujours aimé les enfants, et vice-versa, mais je ne m’attendais pas à ça. Je lui ai dit que la drogue rendrait la grossesse très compliquée. Son organisme était tellement perturbé qu’elle n’avait même plus ses règles. Sans parler du risque de concevoir un bébé qui pouvait naître avec une addiction à l’héroïne.
    Cet échange m’a redonné espoir : elle avait enfin trouvé une raison de décrocher. Je ne le savais pas à ce moment-là, mais cette conversation a vraiment marqué un tournant dans la vie d’Amy : le début de la fin de la drogue. Elle voulait des enfants et ma remarque l’avait fait réfléchir. Certes, il allait y avoir des jours difficiles, mais le ton avait changé.
    Entre-temps, Mark Ronson avait terminé la bande musicale de la chanson d’Amy. Elle n’avait plus qu’à en écrire les paroles. Comme elle n’arrivait pas à se concentrer à Henley, elle est rentrée chez elle, où Geoff est immédiatement passé la voir. Quand je parlais d’un long chemin…
    *
    À la fin du mois d’avril 2008, Amy a été à l’origine de plusieurs incidents dans des pubs. J’étais en vacances à Tenerife avec Jane quand elle m’a appelé pour me dire qu’elle s’était disputée avec un type alors qu’elle jouait au billard dans un pub de Camden Town. Apparemment, il l’avait menacée et elle l’avait giflé, suite à quoi il avait porté plainte. Un autre jour, dans un pub baptisé le Dublin Castle, Amy a donné un coup de poing à un client qui lui avait pincé les fesses. Bien fait pour lui, me suis-je dit. Mais elle n’avait pas besoin d’attirer l’attention de la police qui l’avait à l’œil suite à la vidéo révélée par le Sun où on la voyait fumer du crack.
    Je lui ai