Amy, ma fille
attaque. Quand je suis arrivé à Prowse Place, le docteur Romete était déjà là. Je lui ai demandé si cette attaque avait été causée par la consommation de drogue ; elle l’ignorait mais n’écartait pas cette possibilité. Amy, elle, n’était pas en état de me répondre. Elle a été transportée à la London Clinic où on lui a fait passer toutes sortes d’examens sans que personne ne puisse me dire si elle avait consommé de la drogue.
Le lendemain, après une bonne nuit de sommeil, on lui a administré du Subutex. Mais le docteur Paul Glynne, chargé de l’équipe médicale, n’était pas satisfait de ses radios et de ses électrocardiogrammes. Elle avait les poumons obstrués et peut-être même des nodules. En gros, si elle ne changeait pas d’hygiène de vie, elle risquait la mort. Aussi choquant qu’ait été ce diagnostic, il ne m’a pas surpris. Je me demandais comment ma fille allait réagir.
Avant cette attaque, Amy allait tellement mieux que j’avais repris espoir. Ce diagnostic m’a fait redescendre sur Terre. Je me voilais la face : la vérité c’était que la drogue pouvait tuer Amy. Je me suis imaginé en pleurs au chevet de ma fille mourante.
Pour empirer les choses, Blake m’appelait sans arrêt et m’envoyait des textos comme « Je me sens au bout du rouleau ». Je répondais : « Mon pauvre ! » J’étais à bout de nerfs.
Je suis revenu à l’hôpital le lendemain à sept heures trente. À quinze heures, nous avons vu les docteurs Romete et Glynne. Ils n’ont pas mâché leurs mots : si elle continuait comme ça, il ne lui restait plus qu’un mois à vivre. Peut-être que ces attaques étaient un mal pour un bien. La sonnette d’alarme dont elle avait besoin.
Elle a eu très peur. Quand elle m’a pris la main, elle tremblait. Je ne l’avais jamais vu aussi terrorisée. Elle nous a assuré qu’elle avait définitivement dit non à la drogue. Mais ce n’était pas si simple.
Le lendemain elle avait meilleure mine. Nous avons bien discuté. Nous avons parlé de mes parents, de nos chansons préférées de Sinatra, de la déco de son salon, de celui qui préparait le meilleur thé dans la famille, ce genre de choses. J’ai essayé d’évoquer la drogue, mais elle a préféré changer de sujet en faisant une petite plaisanterie. Pour ajouter à notre bonne humeur, le docteur Glynne nous a montré les radios d’Amy : une biopsie n’était pas nécessaire.
Elle a commencé à aller mieux. Le 22 juin, six jours après son attaque, les médecins l’ont autorisée à sortir afin de répéter pour son concert en l’honneur du quatre-vingt-dixième anniversaire de Nelson Mandela.
Quelques jours plus tard, le docteur Glynne a confirmé qu’il était très satisfait de ses progrès. J’étais heureux de l’entendre, mais Amy, elle, ne semblait plus prendre tout cela très au sérieux. Bien que le médecin ait insisté sur l’état préoccupant de ses poumons, elle a repris la cigarette aussitôt sortie. Pendant les répétitions du concert, elle a bu avec excès. C’était impossible de la raisonner. Elle n’avait qu’un sujet de conversation : Blake. Elle voulait qu’il suive le programme de désintox de la London Clinic. Je lui ai dit que c’était insensé.
Le 27 juin, elle a donné son concert en l’honneur de Mandela et cela a presque effacé tous les mauvais moments de ces dernières semaines. Sa prestation s’est avérée tout simplement géniale : elle a super bien chanté et conquis son public. Mais surtout, elle y a pris du plaisir. Elle n’a ni fumé ni bu sur scène et a chanté deux chansons, « Rehab » et « Valerie » avant d’entonner le refrain de « Free Nelson Mandela ». Je ne sais pas si les gens ont entendu qu’elle avait modifié les paroles en « Free Blakey my fella », autrement dit « Libérez mon pote Blake ». Elle m’a dit qu’elle ne l’avait pas prévu, que c’était sorti spontanément.
Hélas, cela n’a pas duré : le lendemain, j’ai appris qu’elle s’était fait apporter de la drogue à l’hôpital. Elle avait eu le temps de fumer du crack avant qu’on le lui confisque. Après toutes ses promesses, toutes les mises en garde qu’elle avait reçues, elle recommençait. Je ne savais pas si j’allais pouvoir supporter ça encore longtemps.
Ceux qui n’ont jamais eu à aider un accro ne le comprennent pas, mais le plus difficile, c’est que chaque journée est pire que la
Weitere Kostenlose Bücher