Amy, ma fille
elle a fini par changer d’avis. Raye était persuadé que quelqu’un lui avait fourni de la drogue avant de partir en Espagne, mais elle a nié. L’une des infirmières avait elle aussi quelques doutes. Je ne sais pas comment Amy pouvait se procurer de la drogue malgré le système de sécurité, mais quand on est désespéré, on trouve toujours un moyen. Quand je lui ai demandé, elle a nié en bloc, mais Andrew et Michelle, l’infirmière, n’y ont pas cru. Après examen, le docteur Ettlinger a confirmé qu’elle n’avait pas consommé d’héroïne sans pouvoir toutefois se prononcer au sujet de la cocaïne.
Je ne savais plus qui croire. J’ai demandé à Andrew comment c’était possible. Il pensait qu’on avait pu lancer un sachet de drogue par-dessus le mur du jardin. C’était invraisemblable : les gens étaient vraiment prêts à tout pour soutirer de l’argent à ma fille !
Quelques jours plus tard, Andrew m’a appelé : Amy piquait une crise, elle hurlait et balançait des objets dans l’appartement. Il n’arrivait pas à la raisonner. Je suis arrivé dix minutes plus tard et je l’ai calmée. Elle avait pris de la coke après s’être disputée avec Blake au téléphone. Indéniablement, malgré ses efforts, il lui restait du chemin à parcourir. La situation promettait d’empirer encore quand Blake sortirait de prison.
Au cours de ce mois, le docteur Ettingler et le docteur Tovey, un nouveau médecin, nous ont convoqués Raye, Lucian Grainge, Amy et moi pour discuter de ses progrès. Dans les cas d’addiction, le terme « progrès » peut avoir de drôles de définitions. Parfois ils se mesurent au jour le jour, parfois ils s’étalent sur un mois. Tout le monde s’accordait à dire qu’en dépit des crises, Amy était sur la bonne voie. Tout le monde sauf Lucian. À ses yeux, elle avait raté ses derniers concerts, notamment celui pour Mandela. Je n’arrivais pas à y croire : je l’avais trouvée géniale ! Nous n’étions pas d’accord. Lucian voulait qu’elle arrête de chanter en public pour se concentrer sur son prochain album et se faire oublier un peu. Comme la conversation s’envenimait, Raye a proposé une petite pause et m’a attiré à l’écart des autres.
— C’est des conneries, non ? lui ai-je demandé.
— Non, je ne crois pas, Mitch. Il a raison. La pression des concerts, elle n’a pas besoin de ça en ce moment. Tu sais comment ça peut tourner. Tu as oublié Birmingham ?
Il n’aurait pas pu trouver d’exemple plus convaincant.
— Tu as raison.
Amy a assuré un ou deux concerts prévus depuis longtemps puis on a décidé qu’elle devait faire une pause. Ces derniers concerts avaient lieu à Dublin et Glasgow, et elle s’est montrée vraiment à la hauteur. Au téléphone, elle m’a assuré qu’elle n’avait pas pris de drogue mais a avoué avoir bu « un ou deux verres » avant de monter sur scène. Un ou deux ?
*
Le jour que je redoutais depuis des mois a fini par arriver : Blake est repassé devant le juge et tout le monde était persuadé qu’il sortirait quelques jours après. Amy n’est pas venue à l’audience. Elle ne voulait pas croiser Giles et Georgette, laquelle avait affirmé dans News of the World qu’elle craignait qu’Amy fasse replonger son fils.
Le 21 juillet 2008, le juge David Radford a condamné Blake à vingt-sept mois de prison pour « agression volontaire et entrave à la justice » en précisant qu’il avait « proposé à la victime, James King, deux cent mille livres pour retirer sa plainte ». À l’issue du procès, il y a eu une certaine confusion sur la date de sa remise en liberté : certains affirmaient qu’elle serait immédiate, d’autres qu’il sortirait à Noël. Enfin, on nous a informés qu’il quitterait Pentonville le 6 septembre 2009. En partant du tribunal, je ne savais pas vraiment à quoi m’en tenir. Quoi qu’il en soit, j’étais content de savoir qu’il ne sortirait pas avant un moment. Il valait mieux pour Amy qu’il reste derrière les barreaux, même si je redoutais sa réaction.
Je me suis rendu directement à Prowse Place. Il s’est avéré qu’Amy connaissait déjà la décision du juge. Elle n’allait pas trop mal, mais au bout de cinq ou dix minutes, elle est montée dans sa chambre en disant : « J’ai envie de rien aujourd’hui. » Elle s’est mise au lit et s’est endormie avec ses écouteurs sur les oreilles. J’ai fermé les
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