Apocalypse
et Kyria inspectaient les lieux pendant qu’Otto braquait sa torche sur le centre de la pièce.
Antoine jeta un œil sur le contenu d’une des caisses. Des verres ébréchés, des assiettes fêlées, vestiges de temps anciens. Son regard s’arrêta sur un petit cadre qui contenait une photographie protégée par une plaque de verre poussiéreuse. Par curiosité, il le sortit du carton et le plaça sous le faisceau de la torche de l’homme de main. Cécile se mit à ses côtés. Antoine souffla sur la poussière. La photo vieillie par les ans avait pris une teinte pastel, mais on pouvait distinguer les visages. Deux petites filles à l’air intimidé entouraient une vieille dame au regard perçant. La plus petite tenait dans sa main une poupée de porcelaine. Derrière eux, on distinguait sur un portrait un homme en soutane, l’abbé Saunière. Antoine passa son doigt sur le visage de la plus jeune des filles.
— Je te présente Hannah Lévy avec sa sœur, murmura Marcas à Cécile. Elles posent avec la servante du curé. Quand elles étaient encore en Arcadie…
— Qu’est-ce que vous racontez, les deux crétins ? lança Kyria à l’autre bout de la pièce.
— Rien qui puisse intéresser des gens comme vous, répondit Antoine qui sentait la colère monter en lui.
Tristan intervint. Sa voix forte résonna dans la pièce.
— La ferme ! Kyria, éteins ta torche et serre de près la dame. Otto, mets ton arme sur la tempe du vieux. Je vais éteindre les lumières.
La pièce plongea brutalement dans le noir. Tristan mit ses lunettes infrarouges : une clarté verdâtre envahit son champ de vision. Il inspecta méticuleusement les murs puis le sol et s’approcha d’une armoire rongée de salpêtre, posée contre l’un des murs. Le sol changeait d’apparence, comme si le dallage s’arrêtait à cet endroit. Il s’accroupit et passa sa main sous le meuble.
— Kyria, rallume et fais attention à ne pas braquer ta torche sur moi, j’ai encore l’appareil infrarouge.
Le cellier fut à nouveau envahi de lumière. Antoine et Cécile clignèrent des yeux.
— Vous deux, dégagez l’armoire là-bas, dit-il d’un ton rude.
— Et si on ne veut pas ? maugréa Marcas. Je ne suis pas déménageur.
Il ne vit pas venir le coup de pied qui faucha sa jambe. Il tomba, genoux à terre. Kyria lui saisit les cheveux d’un coup sec.
— Un seul mot de trop et tu passes le même mauvais quart d’heure que ta copine juive.
Il grimaça sous l’effet de la douleur.
— Vous allez nous tuer de toute façon.
— Il existe différentes façons de mourir, flic. Certaines sont très déplaisantes. Obéis.
Cécile aida Antoine à se relever. Ils agrippèrent l’armoire et la poussèrent sur le côté. Une grille d’environ un mètre de diamètre, fermée par un cadenas rouillé, apparut dans le halo de la torche.
— Poussez-vous ! cria Tristan en braquant son revolver.
Deux coups de feu retentirent. Le cadenas vola en éclats sous l’impact. Kyria balaya les morceaux de métal et ouvrit la grille. Un escalier de fer descendait vers le fond. Un imperceptible clapotis résonnait dans les entrailles du sous-sol.
— Je passe devant, dit-elle en s’engouffrant dans le boyau humide. Vous me suivez. Tristan fermera la marche.
Antoine se sentait impuissant, il posa son pied sur un des barreaux de métal rouillé puis descendit lentement. Sa main agrippa un autre barreau. Une fine poussière rouge colla à ses mains trempées de sueur.
— Faites attention, c’est très glissant, lança-t-il à Cécile et au marquis.
— Touchant, répondit en écho la voix de Kyria.
Le quatuor continua sa descente pendant environ une minute. Les halos des deux lampes tournoyaient dans le goulot, dessinant des formes fugitives sur les parois couvertes d’une moisissure grise. Soudain, Antoine sentit l’absence de barreau. Son pied pendait dans le vide.
— Saute, abruti ! cria la tueuse, c’est facile, le sol est tout près.
Le faisceau lumineux éclairait une ouverture sur le côté.
Il hésita quelques secondes puis se laissa tomber. Ses pieds glissèrent sur le sol en pente, il perdit l’équilibre et se retrouva à quatre pattes devant les jambes de Kyria.
— J’ai toujours aimé voir les hommes à mes pieds, surtout ceux de l’âge de mon père, dit-elle d’un ton moqueur en lui envoyant sur le visage des éclats de boue.
Il se releva et essuya sa joue souillée.
— Et moi, de
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