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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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qui vous tend les bras. Croyez-moi, l’inconfort ne vaut rien quand il s’agit de dire la vérité.
    — La vérité… murmura le marquis… alors qu’il en soit ainsi. Monseigneur, ce que je vais vous confier est un secret qui se transmet de père en fils, dans ma famille, depuis près d’un siècle. Un secret dont nous ne sommes que les dépositaires. À la vérité, nous n’en connaissons ni le sens ni la valeur. Mais en hommes d’honneur, nous passons le flambeau comme une mission sacrée.
    L’évêque demeura songeur. L’« honneur », un mot en voie de disparition.
    — Depuis la fin de l’Ancien Régime, chaque Chefdebien, quand il sent la fin approcher, convoque son fils aîné et lui confie ce qui doit être transmis. Moi-même, j’ai reçu ce dépôt de mon père qui le tenait du sien, une transmission ininterrompue depuis l’époque du roi Louis XVI.
    La voix du marquis se fit plus grave.
    — Mais, malheureusement comme vous le savez, Dieu n’a pas voulu, mon épouse et moi, nous gratifier du bonheur d’un héritier mâle. Nous n’avons eu que des filles.
    L’évêque hocha la tête. Le nom des Chefdebien, qui avait traversé des siècles, allait bientôt se perdre.
    — Depuis quelques années, ce secret dont je suis l’unique et dernier dépositaire me pèse. À qui le transmettre ? Je vous avoue que nombre de mes nuits ont été courtes, ces dernières années, j’avais peur de mourir sans remplir ma mission.
    — Vous voulez me faire partager ce secret ? Vous n’y êtes pas obligé.
    Le marquis se racla la gorge.
    — Le roi Louis XVI l’a confié à mon grand-père, alors qu’il était sur l’échafaud.
    M gr Billard sursauta.
    — Vous dites ?
    — Vous avez très bien entendu. Mon grand-père était l’un de ces nobles francs-maçons comme il y en avait tant à l’époque. Je ne sais comment, mais il a été le dernier à parler avec le roi : celui qui a recueilli ses ultimes paroles.
    — Mon Dieu, murmura l’évêque en saisissant la croix d’argent sur sa poitrine, Tes voies sont impénétrables !
    — Le roi lui a confié un terrible secret, mais quand mon ancêtre a voulu le partager avec ses frères, il était trop tard. La loge avait été dissoute et la plupart de ses membres arrêtés ou en fuite. Alors le secret est devenu un secret de famille.
    Le prélat laissa retomber son crucifix. Sa main droite s’éleva et fit le signe de croix.
    — Au nom de Dieu, je vous écoute.

58
     
    Grotte de la Villa Nigla
    24 juin 2009
     
    La porte de l’église était ouverte, donnant sur un trou noir, béant, comme pour avaler les intrus qui se présentaient. Le groupe s’était assemblé devant le porche, un silence minéral montait de la grotte.
    Antoine, Cécile et le marquis s’étaient figés, impressionnés par l’ouvrage sculpté, immémorial.
    — La taille me paraît très ancienne, fit de Perenna. Elle doit dater du Moyen Âge, au moins. Bérenger Saunière n’a fait que recopier ce modèle pour son église de Rennes-le-Château. En revanche, il y a quelque chose d’anachronique.
    — Quoi donc ? demanda Antoine, fasciné par ce qu’il voyait.
    — Regardez, dit-il en touchant la porte. Elle est de facture récente, en métal, les gonds sont huilés, ça ne date pas de l’époque médiévale. Il y a une sorte de câble électrique qui part du haut de la charnière et qui s’enfonce dans le sol. Je pense que le propriétaire de la maison a dû réaménager l’église.
    — Le père d’Hannah probablement, murmura Antoine.
    Tristan se mit face à l’ouverture et braqua sa torche dans les ténèbres. Dans le halo de la lampe, à l’intérieur de l’église, sur la gauche, se dessinait un visage effrayant, tordu de douleur, la bouche étirée dans une grimace malveillante. Les yeux fous, exorbités, scrutaient le groupe avec malveillance. Le démon ployait sous une vasque.
    — Asmodée, exactement le même que sa réplique dans l’église de Rennes, articula Tristan. Ce bon curé avait le sens de l’humour. Otto, passe devant !
    L’homme de main au crâne rasé s’avança en hésitant.
    — Y a quoi là-dedans ?
    — Ne discute pas, fais ce que je te dis.
    Otto entra à pas lents, balayant de son faisceau le diable grimaçant puis le sol pour s’assurer qu’il n’y avait pas de chausse-trappe.
    — Dépêche-toi, aboya Tristan, nous n’avons pas de temps à perdre.
    L’homme avança et passa devant le diable

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