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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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parcourir quelques lieues et sacrifier une journée, c’est payer bien peu la chance de vous rencontrer.
    — Monsieur le marquis, je partage ces sentiments. Mais vous n’avez pas fait un tel périple, j’en suis sûr, pour le seul plaisir de ma présence. Auriez-vous quelque sujet dont vous souhaiteriez m’entretenir ?
    Depuis sa première rencontre avec l’évêque, le marquis savait que le prélat était un homme à la pensée rapide qui n’aimait guère se perdre en mondanités.
    — Monseigneur, je vais tâcher d’être bref et précis. Comme vous le savez, nous aidons dans la mesure de nos moyens, notre sainte mère l’Église à rétablir sa primauté sur les âmes de notre belle région. Patiemment, au fil des ans, nous avons aidé à la restauration et à l’entretien de nombreuses demeures du Seigneur.
    M gr Billard esquissa une discrète bénédiction.
    — Et l’Église, en mon nom, vous remercie ! Vous savez que, comme mes prédécesseurs, je prie pour l’âme des défunts de votre famille qui ont tous partagé cette louable mission.
    — Et je compte bien la poursuivre. C’est pour moi une mission sacrée.
    — Auriez-vous quelque projet, monsieur le marquis ?
    — Il est arrivé à ma connaissance qu’un curé d’une petite paroisse, Rennes-le-Château, voulait remettre en majesté son église. Il a engagé des fonds personnels pour des travaux de première urgence, mais, bien sûr, cela n’a pas suffi.
    Dans la cheminée, une brassée de sarments s’écroula dans une pluie d’étincelles. M gr Billard ne daigna pas y accorder un regard. Il laissa continuer l’aristocrate.
    — Il se trouve que le frère de ce curé est le précepteur de mes enfants. Un homme plein de talents qui me sert aussi de secrétaire pour certaines de mes affaires. Vous comprenez donc que je sois attentif à la supplique de ce curé de campagne.
    Le prélat fronça les sourcils. Il se souvenait très bien du turbulent curé de Rennes-le-Château, qu’il avait dû retirer de sa cure quelques années auparavant quand il s’était attiré les foudres des autorités en raison de prêches incendiaires contre la République.
    — J’aurais préféré que l’abbé Saunière me parle d’abord de son idée. C’est un bon prêtre, dynamique, entreprenant, mais impulsif. J’ai déjà dû intervenir une fois en sa faveur auprès des autorités civiles.
    — Sans doute sait-il tout ce qu’il doit à votre bonté et ne voulait-il pas vous importuner une fois de plus ? Mais avant que de lui apporter mon soutien financier, je souhaitais vous en parler.
    — Cette église de Rennes tombe en ruine. Si vous désirez la sauver, je ne puis n’y être que favorable. Nul doute que la main de Dieu inspire votre louable générosité.
    — La main de Dieu, répéta le marquis, l’air songeur…
    M gr Billard remarqua que le visage du marquis était devenu subitement grave. Durant quelques instants, les yeux de l’aristocrate se perdirent dans le feu de cheminée comme si la lente agonie des sarments lui inspirait un parallèle imprévu. Quand il eut terminé sa méditation, il tourna vers l’évêque un visage déterminé.
    — Monseigneur, je souhaiterais vous demander de m’entendre en confession.
    L’évêque ne put s’empêcher de montrer sa surprise. Le marquis le prenait au dépourvu. Une sensation qu’il n’aimait pas.
    — J’en serai ravi, mais rien ne presse. Vous ne semblez pas en état de péché mortel, n’est-ce pas ?
    — Monseigneur…
    — Je puis donc venir vous entendre à Narbonne. Ainsi je vous rendrai votre visite. Que diriez-vous du printemps prochain, lors de ma tournée pastorale ?
    — Non, refusa le marquis, veuillez me pardonner d’insister, mais il en va du salut de mon âme et de bien d’autres.
    M gr Billard, cette fois, ne se laissa pas dépasser par l’étrangeté du procédé. Il agita la clochette qui était posée sur le guéridon. Un prêtre à la soutane lustrée entra et attendit les ordres.
    — Joubert, avons-nous d’autres visites prévues ?
    — Non, monseigneur.
    — Veillez à ce qu’on ne nous dérange pas et fermez les portes de l’antichambre. Je sonnerai si j’ai besoin de vous.
     
    Dans la cheminée, le feu perdait de sa vigueur. Le marquis se leva et vint s’agenouiller auprès de l’évêque.
    — Mon père, pardonnez-moi parce que j’ai péché.
    — Relevez-vous, mon fils, dit l’évêque et installez-vous dans ce fauteuil

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