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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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tu te glisseras à l’intérieur de la cellule.
    Aymon frissonna : il avait compris.
    — La cellule de la Pucelle, c’est ça ?
    — Oui. À l’intérieur, tu repéreras le piton de sa chaîne et tu iras juste sur le mur d’en face. Maintenant arrête-toi. Nous sommes arrivés.
    Le porche de Saint-Blaise était encombré de mendiants, estropiés, mutilés, crétins à la lèvre pendante qui réclamaient la charité. Geoffroy les écarta avant de reprendre :
    — C’est sur ce pan de mur, le seul qu’elle pouvait atteindre avec sa longueur de chaîne.
    — Qu’est-ce qu’il y a sur ce mur ?
    — Un dessin. Un dessin gravé avec ses ongles.
    Aymon réfléchit rapidement.
    — La cellule sera dans l’obscurité. Si j’allume une torche, les gardiens le verront, alors moi je fais quoi ?
    — Toi ? Rien ! C’est elle qui fera tout. Sans lumière.
    D’un geste, Geoffroy l’arrêta devant une jeune femme qui tendait une main fine. Deux longues nattes brunes encadraient ses joues roses. Elle sourit légèrement. Ahuri, Aymon fixait ce visage d’une grande douceur.
    — Lève tes paupières, Mathilde, commanda Geoffroy.
    Aymon pâlit. Deux yeux blancs comme la neige venaient de s’ouvrir.
     
    D’Arbrissol avait mis du temps pour remonter au Castel Vieux. La foule l’avait retardé. Maintenant, il était seul dans la cellule. Vite, il recueillit la paille souillée du sang de la Pucelle et en fit un tas qu’il roula dans sa tunique. L’évêque serait content. Ce naïf, vaniteux et stupide, qui croyait avoir sauvé le monde et l’Église et qui n’était que le jouet de la confrérie de Judas ! Pauvre imbécile, il venait juste de faire le contraire.
    Guy saisit le flambeau et inspecta minutieusement la surface des murs. Le revêtement intérieur était en pierre friable, facile à graver. La Pucelle n’avait eu besoin que de ses ongles. Cette idiote n’avait pas pu résister. Quand il avait appris que Jeanne dessinait sur les murs, le cœur de Guy avait failli défaillir de joie. Des semaines qu’il lisait les minutes d’interrogatoire et rien… rien… Pourtant, la confrérie de Judas n’avait pu se tromper dans ses calculs : la conjonction d’Arcadie avait bien eu lieu, le dix-septième jour… La main d’Arbrissol s’arrêta net. Il venait de sentir quelque chose. Son cœur s’accéléra. Il baissa aussitôt le flambeau.
    Un cri de rage lui échappa : une main anonyme avait recouvert le dessin d’un treillis impénétrable de traits et de rayures.
     
    Le convoi, escorté de quatre-vingts hommes d’armes, arriva sur la place. Jeanne était seule sur la charrette, les mains liées. Un soldat la fit descendre pour la conduire à l’échafaud. Face au lieu du supplice, se tenait l’estrade où prélat et bourgeois attendaient lecture de la sentence. M gr Cauchon, vêtu de ses habits sacerdotaux, trônait au centre, l’œil rivé sur la Pucelle que l’on faisait monter sur le bûcher. Tout autour de la place se tenait une double rangée de gardes, tous soldats d’Angleterre, pour contenir une possible émeute, mais le peuple était silencieux. À l’instant crucial où Jeanne allait périr dans les flammes, nul cri de haine, ni hurlement d’ivrogne ne venait troubler l’horreur de la scène. Ce silence inquiéta l’évêque. Il craignit que la foule, sous le coup de l’émotion, ne soit prise de pitié pour la coupable et n’en fasse une victime. D’une voix habituée à prêcher dans l’immensité des cathédrales, il se mit à proclamer la sentence :
    — … Nous décidons que toi, Jeanne, membre pourri dont nous voulons empêcher que l’infection ne se communique aux autres membres, tu dois être rejetée de l’unité de l’Église, tu dois être arrachée de ton corps…
    Un frémissement saisit la foule à la lecture du verdict. On multiplia les signes de croix. Des pleurs se firent entendre. L’évêque haussa le ton :
    — … Nous te rejetons, nous t’arrachons, nous t’abandonnons…
    Le hennissement d’un cheval couvrit la fin de la phrase.
    Deux sergents se précipitèrent vers la Pucelle et la coiffèrent d’une mitre de papier où était écrit en lettres noires : « Hérétique, relapse, apostate, idolâtre ».
    Le bourreau s’approcha et alluma une torche à un brasero de résine qui flambait au pied du bûcher. Le silence figea toute la place. L’évêque roula lentement le parchemin de son discours, le glissa dans un tube de

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