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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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ajouta-t-elle avec le sourire.
    Pour couper court à toute conversation avec elle, le retraité s’empara de l’exemplaire de La Minerve de la veille laissé sur le coffre à bois. Durant quelques instants, il lut en silence, mais ce bavard impénitent ne pouvait garder le silence bien longtemps.
    — Vous devriez lire le journal de temps en temps, dit-il sur un ton supérieur à l’adolescente et à sa mère adoptive. Vous apprendriez des affaires pas mal intéressantes.
    — Il faut être retraité ou rien avoir à faire pour passer une partie de sa journée à lire, rétorqua Camille qui n’avait jamais assez de temps pour accomplir toutes les tâches qui lui incombaient dans une journée.
    — Si vous aviez lu le journal, vous sauriez qu’on est maintenant trois millions au Canada et que notre pays va de l’Atlantique au Pacifique. C’est pas rien, conclut-il.
    — Peut-être, mon oncle, mais c’est pas ça qui va mettre de la nourriture dans notre assiette.
    Quand Liam et ses deux fils rentrèrent des bâtiments, les épaules de leur manteau étaient saupoudrées de flocons de neige.
    — Il y a une autre tempête qui se prépare, annonça-t-il de mauvaise humeur. On va encore être poignés pour pelleter et corder des bûches dans le hangar. Avec cette maudite température-là, ça avance pas notre besogne pantoute.
    — Une chance qu’on est samedi, fit sa femme, les enfants vont pouvoir te donner un coup de main.
    Le repas du matin se prit dans un silence relatif, brisé de temps à autre par Paddy Connolly qui comparait la douceur des hivers montréalais avec les rigueurs de la saison hivernale à la campagne. Camille finit par perdre patience et lui dit :
    — Si vous trouvez ça si dur à la campagne, mon oncle, pourquoi vous retournez pas vous installer à Montréal ?
    — Parce que j’ai vendu mes maisons et que tout mon argent est placé chez le notaire Valiquette, répliqua l’oncle de Liam.
    La veille encore, Camille avait dû élever la voix pour lui arracher le peu d’argent que représentait sa pension hebdomadaire. À l’entendre, il se faisait écorcher chez son neveu depuis plus d’un an et le dollar et demi qu’il lui versait chaque vendredi pour être logé, blanchi et nourri ainsi que pour la pension de son cheval représentait une somme nettement exagérée… surtout si on tenait compte du fait que Liam allait être son unique héritier !
    — Je suis certain qu’il serait pas comme ça si sa femme pensait pas juste aux cennes, murmurait-il parfois. Il a bon cœur, comme tous les Connolly, ajoutait-il.
    En entendant encore le retraité répéter qu’il avait placé toute sa fortune chez le notaire Valiquette, la maîtresse de maison ne put se retenir de servir une remarque bien sentie à celui qui n’avait jamais fait un cadeau à l’un ou à l’autre des membres de la famille et qui ne rendait jamais le moindre service.
    — Moi, à votre place, mon oncle, je m’en serais gardé un peu plus. Comme ça, j’aurais peut-être un peu moins de misère à vous arracher votre pension le vendredi.
    Paddy allait rétorquer quand des jappements de Rex, à l’extérieur, la poussèrent à se pencher à la fenêtre pour voir ce qui se passait dans la cour de la ferme.
    — Qu’est-ce qu’il a à japper comme ça ? demanda Liam, agacé. Il jappe jamais d’habitude, ce chien-là.
    — Je viens de le voir disparaître derrière le poulailler, lui expliqua Camille. Il a peut-être vu un chat sauvage ou un renard.
    — Si c’est ça, il va lui régler son compte, dit Duncan, plutôt fier de sa bête.
    — Je vais aller voir après le déjeuner, annonça Patrick.
    — Moi aussi, fit son jeune frère.
    — Vous pouvez aller voir, leur permit leur père, mais oubliez pas que je vous ai demandé de sortir le fumier de l’étable.
    Les deux frères s’habillèrent et quittèrent la maison en direction du poulailler. Ils allaient s’approcher du petit bâtiment quand des grondements les obligèrent à s’arrêter brusquement. Inquiets, les deux garçons se regardèrent.
    — Qu’est-ce qui a fait ça ? demanda Duncan en baissant la voix malgré lui.
    — Je le sais pas. Peut-être un loup, répondit Patrick, guère plus rassuré.
    Ils s’éloignèrent prudemment tous les deux et entreprirent de contourner le poulailler en ouvrant bien les yeux, aux aguets. Rex apparut alors au coin du bâtiment, menaçant, une bave abondante coulant de son museau. Le gros

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