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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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animal habituellement si doux émettait des grondements propres à donner la chair de poule.
    — Rex ! Rex ! le héla doucement Duncan. Viens me voir ! Qu’est-ce qui t’arrive ?
    Le chien se ramassa sur lui-même, comme s’il s’apprêtait à bondir sur ses maîtres.
    — On dirait qu’il nous reconnaît pas, dit Patrick, le cœur battant, en retenant son jeune frère pour l’empêcher de s’avancer vers le chien.
    — Il est peut-être malade, suggéra Duncan, en cherchant, malgré tout, à s’approcher de son chien.
    — Fais pas ça, lui ordonna Patrick. Il est pas normal pantoute à matin. Je pense qu’on est mieux d’aller le dire à p’pa.
    Sans quitter Rex des yeux, les deux fils de Liam Connolly firent retraite vers la maison où ils trouvèrent leur père en train de fumer sa première pipe de la journée.
    — P’pa, lui dit Duncan, alarmé, on sait pas ce qu’a Rex, mais il arrête pas de gronder après nous autres. On dirait qu’il nous reconnaît pas et qu’il veut nous sauter dessus.
    — Calvaire ! Il y a pas moyen de se reposer un peu ici dedans, se plaignit Liam en quittant sa chaise berçante et en se dirigeant vers le crochet auquel était suspendu son manteau. Vous autres, restez en dedans, ordonna-t-il aux siens. Je vais aller voir ce qui se passe.
    Le père de famille quitta la maison et revint moins de deux minutes plus tard. Sans dire un mot, il se dirigea vers le placard pour en tirer son fusil.
    — Qu’est-ce que le chien a ? lui demanda Camille, inquiète de voir son mari armer le fusil.
    — Il a qu’il a tué un renard qui avait la rage, répondit sèchement son mari. À cette heure, il l’a attrapée. Il y a pas le choix, il est devenu dangereux. Il faut le tuer avant qu’il s’attaque à quelqu’un.
    — Ah non ! s’écria Duncan, les larmes aux yeux.
    — Il y a pas moyen de faire autrement, se contenta de lui dire son père. Dis-toi que c’est plus le chien que tu connaissais. Il est malade et il souffre. À la première occasion, il va te sauter dessus et te mordre. Il va te donner la rage et tu vas mourir.
    Sans plus d’explications, Liam sortit. Il retrouva le gros chien au pelage noir près de l’entrée de la remise. L’animal s’était traîné de peine et de misère près de sa niche et hurlait. Il montra les crocs dès qu’il aperçut le cultivateur qui ne chercha pas à s’approcher. Liam épaula son arme, le visa à la tête et tira. Rex eut un spasme violent et s’abattit sur le côté. Le mari de Camille fit quelques pas en avant pour s’assurer que la bête était bien morte et il rentra à la maison pour ordonner à Patrick de s’habiller et de venir avec lui.
    — Et moi, p’pa ? demanda Duncan, les yeux rougis par le chagrin.
    — Toi, tu peux rester en dedans. J’ai pas besoin de toi.
    Après avoir rangé son arme dans le placard, il fit signe à son fils aîné de le suivre. Tous les deux placèrent Rex et le renard sur le traîneau et disparurent derrière l’étable en le tirant. Les deux animaux morts furent déposés au bout du premier champ.
    — Quand la terre sera dégelée ce printemps, on enterrera ce qui reste, fit le père de famille.
    Ce soir-là, Camille encouragea son mari à promettre aux garçons d’adopter un autre chien au printemps, ce qu’il fit sans grand enthousiasme. Ce triste épisode marquait également la fin des balades en traîneau pour aller à l’école tant pour Rose que pour son frère Duncan.

    Un mois après l’ouverture de sa fromagerie, Hubert dut reconnaître avec plaisir qu’on appréciait de plus en plus le fromage qu’il fabriquait. Le jeune homme travaillait d’arrache-pied six jours par semaine et sa clientèle ne cessait d’augmenter. Un beau matin, il finit par voir arriver chez lui les propriétaires des magasins généraux de Sainte-Monique et de Saint-Zéphirin désireux de vendre son fromage.
    Le problème était de taille pour le fils de Marie Beauchemin qui ne voyait pas comment il pouvait effectuer de telles livraisons. La solution lui fut offerte encore une fois par Constant Aubé qui lui conseilla d’engager Léon Gariépy, le cadet des six enfants de Joseph Gariépy. Le jeune homme de dix-huit ans accepta avec plaisir de se charger de livrer dans les deux villages voisins, malgré l’état des routes, le fromage demandé par les deux marchands.
    — Tu n’as qu’à leur vendre ton fromage un peu plus cher qu’à Saint-Bernard pour couvrir le

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