Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
amoureux au salon.
    — Qu’est-ce qu’ils ont à avoir l’air aussi bête avec moi ? demanda Hubert à l’institutrice en prenant place sur le canapé.
    — Tu pensais quand même pas qu’ils allaient te faire une belle façon après l’affront que t’as fait à mon père !
    — Quel affront ? demanda-t-il, surpris.
    — T’as refusé son offre.
    — C’est certain. D’après lui, j’aurais dû lui vendre à perte et devenir seulement son employé.
    — Je pense que t’as eu tort, déclara-t-elle sur un ton abrupt.
    — Si c’est comme ça, j’ai plus rien à faire ici dedans, dit-il en se levant. Ça a tout l’air que t’es plus du côté de ton père que du mien.
    — Monte pas sur tes grands chevaux, Hubert Beauchemin, fit-elle, l’air pincé. Moi, je te trouve bien ingrat envers mon père qui t’a donné la chance d’apprendre le métier de fromager.
    — Je suis peut-être ingrat, mais je suis pas un niaiseux. Je suis encore capable de me rendre compte quand on rit de moi.
    Le jeune couple sortit du salon à peine quelques minutes après y être entré. Hubert mit son manteau et chaussa ses bottes, salua les Dionne et quitta leur maison. Bizarrement, il se sentit soulagé en retournant chez lui. Comme il était encore très tôt, il marcha jusque chez sa mère pour y finir la veillée.
    — Blasphème, on peut pas dire que t’as veillé tard à soir ! s’exclama Xavier venu rendre visite à sa mère avec Catherine et la petite Constance.
    — J’ai ben l’impression que t’useras pas le canapé du père Dionne de sitôt à ce rythme-là, plaisanta Donat.
    — J’ai fini d’aller veiller là, dit Hubert sans manifester la moindre tristesse.
    — Et Angélique dans tout ça ? lui demanda Bernadette.
    — Elle se trouvera un autre gars dans la paroisse. Moi, j’en ai assez.
    Personne ne remarqua au même moment le petit sourire de satisfaction qui vint éclairer le visage de Célina en train de bercer Constance un peu à l’écart.

    Les jours suivants, la région dut affronter deux grosses tempêtes qui laissèrent un peu plus de trois pieds de neige au sol. Même s’ils étaient habitués aux rigueurs de l’hiver, les gens avaient l’impression de passer plus de temps à déneiger et à baliser la route avec des branches de sapinage qu’à s’occuper de leurs bêtes et du bois de chauffage de leur maison. Les piquets de clôture avaient disparu depuis longtemps et les chemins étaient devenus de plus en plus étroits et hauts parce qu’on se contentait depuis un bon mois de tasser la neige avec un gros rouleau en bois lesté de pierres au lieu d’utiliser la gratte, devenue pratiquement inutile. Février promettait d’être un mois neigeux dont on se souviendrait longtemps. Le vieil Agénor Moreau n’en finissait plus de pelleter le parvis de la chapelle et les entrées du presbytère, au point que le curé Fleurant n’hésitait pas à venir aider le vieil homme entre deux lectures de son bréviaire, une chose qui aurait été impensable avec le curé Désilets.
    Dans Saint-Bernard-Abbé, on voyait de moins en moins de sleighs et de plus en plus de berlots et de traîneaux, des véhicules beaucoup moins hauts sur patins donc moins versants.
    Le samedi matin de la troisième semaine du mois de février, le ciel se couvrit encore de lourds nuages annonciateurs de chutes de neige importantes. Chez les Connolly, Camille préparait une recette de galettes de sarrasin pendant qu’Ann changeait les langes de Damian. Patrick et Duncan venaient de sortir de la maison pour aider leur père à soigner les animaux quand la maîtresse de maison vit l’oncle de son mari descendre péniblement l’escalier conduisant aux chambres. L’heure était si matinale pour lui que la jeune femme devina que quelque chose n’allait pas.
    — Je vous dis que vous êtes de bonne heure sur le pont à matin, mon oncle, lui fit-elle remarquer.
    — J’ai pas fermé l’œil de la nuit, se borna-t-il à lui répondre sur un ton grognon.
    — C’est probablement votre mauvaise conscience qui vous travaillait, plaisanta-t-elle.
    — Tu sauras, ma nièce, qu’un homme de mon âge fait presque pas de péchés, répliqua-t-il en se laissant tomber dans la chaise berçante, après s’être servi une tasse de thé.
    — Ah bon ! fit-elle, feignant la surprise. J’aurais plutôt cru que quelqu’un qui fait rien de ses dix doigts toute la journée avait tout le temps d’en faire,

Weitere Kostenlose Bücher