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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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cuisine d’hiver.
    Le cultivateur fut immédiatement alerté par les pleurs de son fils et il se précipita vers sa chambre à coucher située au pied de l’escalier, en espérant que les cris d’Alexis n’avaient pas encore réveillé sa mère, qui avait tant besoin de repos. En ouvrant la porte, la scène qu’il découvrit le laissa d’abord sans voix. Alexis pleurait à fendre l’âme, penché sur sa mère qui geignait doucement, sa robe de nuit couverte de sang.
    Dans tous ses états, Donat était complètement démuni devant la situation et ne savait à quel saint se vouer.
    — Eugénie ! Eugénie ! cria-t-il à sa femme, au bord de la panique. M’entends-tu ?
    De faibles gémissements furent la seule réponse qu’il obtint. Il empoigna alors rapidement son fils et le déposa dans son parc avant de se précipiter à l’extérieur pour alerter sa mère.
    — Vite, m’man ! Quelque chose est arrivé à Eugénie. Elle est pleine de sang, lui cria-t-il, la voix tellement empreinte d’émotion qu’elle rendait son message à peine audible.
    Sans hésiter un instant, la veuve de Baptiste Beauchemin abandonna le seau qu’elle finissait de remplir et elle courut vers la maison.
    — Attelle et va me chercher Camille, lui ordonna sa mère.
    — Mais je veux rester ici pour vous aider, proposa-t-il.
    — Laisse faire, tu peux pas être utile. Fais ce que je te dis.
    Sur ces mots, elle entra dans la maison où Alexis s’était remis à pleurer à chaudes larmes. Elle prit un biscuit au passage et le donna à l’enfant pour le calmer avant d’entrer dans la chambre pour examiner sa bru. Un court moment, elle eut envie d’ouvrir l’unique fenêtre de la pièce pour rendre l’air moins étouffant, mais il était connu que l’air extérieur pouvait être dangereux pour une femme en train d’accoucher et pour son bébé. Elle repoussa la robe de nuit souillée et aperçut alors l’enfant entre les cuisses de sa mère.
    — Mon Dieu ! Faites qu’il soit pas trop tard ! pria-t-elle à mi-voix en se rendant compte que le visage du nouveau-né était bleuâtre.
    Eugénie geignit. Sa belle-mère s’efforça de la rassurer.
    — Sois courageuse, ma fille. C’est fini. Tout va bien aller maintenant.
    Ce disant, Marie se précipita dans la cuisine d’été, tira un bol d’eau chaude de ce qu’elle appelait le boiler et s’empressa d’y tremper une paire de ciseaux avant de retourner dans la chambre de l’accouchée pour couper le cordon ombilical. Sans plus se préoccuper de la mère, elle glissa un doigt dans la bouche de l’enfant pour dégager ses voies respiratoires et le saisit par les pieds. Elle le tint la tête en bas et lui assena deux claques sur le derrière.
    Son petit-fils n’émit aucun cri et son teint demeura bleuâtre.
    — C’est pas vrai, il est pas mort ! murmura Marie, le cœur étreint.
    Puis, elle se rappela la naissance de Marthe, la fille d’Emma, qu’elle n’avait pas osé ondoyer, ce qui lui avait attiré des reproches mérités du curé Désilets. Elle jeta un coup d’œil à sa bru : elle semblait avoir perdu conscience. Elle alla chercher un petit bol d’eau et ondoya le bébé décédé pour s’assurer qu’il ne passerait pas l’éternité dans les limbes. Elle enveloppa ensuite l’enfant dans une petite couverture et alla le déposer sur la table de la cuisine d’hiver avant de revenir s’occuper de la mère.
    Quand Camille entra dans la maison, elle s’empressa de venir rejoindre sa mère en train de remplir un grand bol d’eau pour faire la toilette d’Eugénie.
    — Donat s’en vient, dit-elle à sa mère. Puis, comment ça se présente, m’man ?
    — C’est fini, déclara sans ménagement Marie Beauchemin. Le petit est mort. J’ai pas pu le sauver. Eugénie a perdu pas mal de sang. Là, je suis en train de la laver.
    La jeune femme pâlit en apprenant la nouvelle. Enceinte de sept mois, elle appréhendait la naissance de son premier enfant alors qu’elle allait célébrer bientôt son trente et unième anniversaire.
    — Qu’est-ce que je peux faire ? demanda-t-elle en faisant un effort pour surmonter le choc.
    — Dis à ton frère de venir.
    Donat entra dans la maison au moment même où Liam arrivait dans la cour de la ferme à bord de son boghei. Le jeune père comprit immédiatement quand il aperçut le bébé entièrement recouvert par une couverture sur la table. Il ne demanda même pas si c’était un garçon ou

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