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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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confortablement assis sur la galerie, attendant le passage d’Hormidas Meilleur.
    — Je suis pas trop fier de mon neveu, laissa-t-il tomber au moment où elle passait près de lui pour aller rejoindre ses filles au jardin.
    — Et pourquoi ça, mon oncle ? lui demanda-t-elle.
    — On dirait ben que t’es encore arrivée à lui faire changer d’idée, répondit-il.
    — Ça, mon oncle, c’est normal, si mon idée est meilleure que la sienne. Et Liam est assez intelligent pour le comprendre.
    Sur ces mots, elle descendit l’escalier, assez contente d’elle.

Chapitre 8
Une épreuve difficile
    Le début du mois de septembre fut particulièrement occupée pour la plupart des habitants de Saint-Bernard-Abbé. Les cultivateurs voulurent profiter au maximum du temps chaud pour faucher et récolter leur avoine et leur orge. Les pluies du mois précédent avaient retardé la croissance de ces deux céréales. Pour leur part, beaucoup de maîtresses de maison avaient déjà commencé à déterrer les pommes de terre et à les transporter dans des seaux dans les caveaux situés sous la maison.
    — On doit bien être les seuls dans le rang à tirer de la patte dans notre ouvrage, se plaignit Marie Beauchemin ce matin-là en quittant la table après le déjeuner.
    — Pourquoi vous dites ça, m’man ? lui demanda Bernadette en commençant à desservir.
    — Il me semble que c’est assez clair pourtant, répondit vivement sa mère en élevant la voix. Ton frère passe plus de temps à s’occuper des écoles de la paroisse que de notre bien. Toi, tu vas aller faire du ménage dans ton école aujourd’hui et, à partir de lundi prochain, tu ne seras plus ici dedans parce que tu vas faire l’école. J’aurai pas d’aide pantoute pour vider le jardin et faire le grand barda à la fin du mois.
    — Je pense, m’man, que vous vous énervez bien pour rien, chercha à la calmer Donat en allumant sa pipe. C’est juste normal que je m’occupe des deux écoles depuis une semaine. Je dois voir surtout à ce que la nouvelle école du rang Saint-Paul ait tout ce qu’il faut pour les dix-neuf enfants qui vont y aller. À partir d’aujourd’hui, tout va être en ordre et l’ouvrage va se faire sur notre terre.
    — Angélique Dionne va être chanceuse, elle, dit Bernadette, incapable de dissimuler son envie. Elle va avoir du matériel neuf pendant que moi, la plus ancienne maîtresse de Saint-Bernard, je vais être obligée de me contenter des vieilles affaires.
    Donat ne tint aucunement compte de la remarque de sa jeune sœur.
    — Ernest, dit-il à son employé, va atteler. Après…
    — Après, il va me donner un coup de main à charrier des patates, déclara sèchement sa mère, pour bien marquer qu’elle était encore la propriétaire de la ferme familiale.
    — C’est ce que j’allais dire, fit son fils, agacé. Bedette, si tu veux que je te laisse à l’école en passant, grouille-toi de ramasser tes affaires. J’ai pas de temps à perdre à t’attendre.
    Quelques minutes plus tard, la jeune institutrice déposa dans le boghei un seau dans lequel elle avait mis des chiffons, du savon du pays et un petit paquet enveloppé dans un linge blanc. Elle prit sur ses genoux son sac d’école en beau cuir fauve, cadeau offert deux ans auparavant par Constant Aubé.
    — J’ai pris quelque chose à manger, dit-elle à sa mère qui venait de sortir sur la galerie. Ça se peut que je reste un bout de temps à l’école cet après-midi pour commencer à préparer mes classes.
    — C’est ça, ma fille, répliqua Marie d’une voix amère. Arrange-toi pour me laisser tout l’ouvrage sur les bras.
    — Je vais revenir aussitôt que je vais pouvoir, lui promit Bernadette sans grande conviction.
    Donat mit l’attelage en marche, sortit de la cour et tourna à droite en direction du petit pont qui traversait la rivière Nicolet à l’extrémité du rang. Au passage, Bernadette aperçut Constant Aubé debout sur la galerie de sa maison. Donat salua le meunier, mais sa sœur, la tête bien droite, ne lui adressa pas le moindre regard.
    « Il manquerait plus qu’il s’imagine que je cours après lui, se dit-elle. C’est pas parce qu’il fréquente la Laurence Comtois que je vais me jeter à ses genoux. »
    Peu après, le boghei s’immobilisa devant la petite maison blanche située en face du magasin général et la fille de Marie Beauchemin s’empressa de retirer de la voiture toutes ses affaires.

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