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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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et sa fille préparèrent une soupe à l’orge pour le souper.
    — L’enfer peut pas être plus chaud, fit remarquer Bernadette en s’éloignant le plus possible du poêle à bois qu’il avait bien fallu allumer pour cuisiner.
    — Arrête de te plaindre et sors le pain et le beurre, lui ordonna sa mère avec humeur. C’est ce qu’on va manger avec la soupe ce soir.
    Quand les deux hommes rentrèrent après une rapide toilette au puits situé au centre de la cour, Marie ne put s’empêcher de demander à son fils :
    — As-tu renvoyé les vaches dans le champ ?
    — Bien oui, m’man, comme d’habitude.
    — J’aime pas bien ça les voir dehors quand un orage s’annonce, lui fit-elle remarquer.
    — C’est moins dangereux dehors que dans l’étable si la foudre tombe sur le bâtiment, d’autant qu’on étouffe dans l’étable aujourd’hui.
    Le jeune cultivateur intercepta Bernadette qui s’apprêtait à aller porter un bol de soupe à Eugénie.
    — Laisse faire, je m’en occupe, lui dit-il en lui prenant le bol des mains.
    Il disparut dans la chambre où il demeura durant tout le repas.
    Chez les Beauchemin, cette soirée de septembre fut particulièrement silencieuse. Assis sur la galerie à la recherche du moindre souffle d’air, chacun était plongé dans ses pensées. Marie songeait à son petit-fils mort-né. Bernadette évaluait tout ce qu’il lui restait à faire pour être fin prête à commencer l’année scolaire. Pour sa part, à voir le front barré de rides profondes de Donat, il était évident qu’il remuait de sombres pensées. De temps à autre, il quittait sa chaise berçante pour aller voir si sa femme dormait dans leur chambre.
    Au coucher du soleil, le ciel avait pris une vilaine teinte violacée et fut traversé par quelques éclairs.
    Un peu après neuf heures, Marie annonça son intention de réciter la prière du soir et d’aller se coucher. Personne ne s’opposa. Son fils et sa fille la suivirent à l’intérieur, s’agenouillèrent au centre de la cuisine d’été. On pria pour le rétablissement d’Eugénie et l’enfant décédé. Au moment de se relever après avoir fait le signe de croix, Donat se rappela soudain ne pas avoir avisé les siens du retour prochain de Hubert.
    — J’ai oublié de vous dire que Hubert revient la semaine prochaine, annonça-t-il en commençant à remonter le mécanisme de l’horloge.
    — Comment t’as su ça ? lui demanda Bernadette, étonnée.
    Dans le passé, son frère lui avait toujours fait adresser ses lettres parce qu’elle était le seul membre de la famille qui savait lire et écrire.
    — C’est Télesphore Dionne qui me l’a dit.
    — Hubert a fait envoyer une lettre à Télesphore Dionne ?
    — Moi, j’ai plutôt l’impression qu’il l’a fait envoyer à sa fille, précisa son frère.
    — Il y a pas à dire, on dirait que l’Angélique a pas perdu de temps. Elle s’est déjà placé les pieds, répliqua Bernadette sur un ton acide.
    — Il a commencé à la fréquenter avant de partir, lui fit remarquer sa mère en allumant une lampe de service. Ton frère pourrait faire un plus mauvais choix.
    — C’est une belle fille, fit Donat.
    — La beauté est pas importante, reprit sa mère sur un ton de reproche. C’est surtout une fille instruite et bien élevée qui sait se tenir.
    Sur ces paroles, la mère et la fille se rendirent dans la cuisine d’hiver et entreprirent de monter à l’étage pour rejoindre leurs petites chambres surchauffées, malgré les fenêtres ouvertes. Elles endossèrent leur robe de nuit et se mirent au lit, persuadées que la touffeur allait les empêcher de dormir. Elles se trompaient. La longue journée épuisante qu’elles venaient de vivre eut vite raison d’elles. Elles sombrèrent rapidement dans un sommeil sans rêves.

    Un coup de tonnerre assourdissant réveilla en sursaut la veuve de Baptiste Beauchemin. Avant même qu’elle ait pu s’asseoir dans son lit et réaliser ce qui se produisait, un second coup de tonnerre ébranla les vitres de sa fenêtre. Puis, ce fut un roulement continu dans le lointain.
    — Comme disait Baptiste, murmura-t-elle, c’est le diable qui charrie des pierres.
    Au moment où elle se levait, de nombreux éclairs illuminèrent brusquement le ciel et un coup de vent violent projeta les rideaux au plafond. Elle s’approchait de la fenêtre quand les premiers grêlons se mirent à marteler si fort les vitres qu’elle

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