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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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aussi effacée.
    — J’espère que tu vas avoir eu le temps de faire un grand ménage d’ici à ce que je revienne, osa dire l’invitée à sa belle-sœur.
    — Inquiète-toi pas pour ça, rétorqua Marie dont le visage avait pâli sous l’insulte. Et toi, prends aussi le temps d’aller te confesser à l’aumônier de l’orphelinat, lui suggéra-t-elle abruptement. Tu vas voir comment on arrive à bien dormir, même malgré des mulots, quand on a la conscience tranquille.
    Le visage de sœur Marie du Rosaire se renfrogna, mais la voiture quitta la cour de la ferme des Beauchemin sur ces amabilités.
     

Chapitre 13
Les projets de Hubert
    Après le départ des religieuses, tout le monde rentra dans la maison le cœur un peu plus léger, sauf Marie qui avait les traits crispés comme si elle cherchait à empêcher sa colère d’éclater.
    — Voyons, m’man, revenez-en ! lui dit Donat en remarquant sa rage. Ma tante est partie.
    — Seigneur ! Il y a personne qui va être capable de me faire croire qu’il y a pas des moyens plus faciles de gagner son ciel ! s’exclama la veuve de Baptiste Beauchemin. Je suis rendue que je peux plus la voir en peinture.
    — Elle est tout de même pas si pire que ça, madame Beauchemin, intervint Eugénie.
    — Tu peux bien parler, toi. T’étais enfermée dans ta chambre. Moi, je l’ai eue sur le dos depuis dimanche après-midi… Et cette maudite manie qu’elle a de se mêler de tout ce qui la regarde pas ! T’as beau la rabrouer, ça sert à rien. C’est toujours à recommencer.
    — Une chance qu’il y a toujours Bedette pour l’étriver, fit Donat au moment où Hubert rentrait dans la cuisine d’été après être allé porter son baluchon dans la chambre verte.
    Le retour du cadet de ses fils sembla aider la maîtresse de maison à retrouver un peu de son calme.
    — Les deux sœurs ont couché dans la chambre verte. Je vais aller changer le drap et la taie d’oreiller tout à l’heure, lui annonça-t-elle. À cette heure, viens t’asseoir et raconte-nous un peu ce que t’as fait durant tout ton été.
    — D’abord, à qui sont le cheval et la voiture ? lui demanda Donat.
    — À moi, répondit son frère avec une certaine fierté. Le cousin de Dionne m’a donné un peu d’argent pour toute la besogne que j’ai faite à sa fromagerie. J’ai pris cet argent- là et j’ai acheté le boghei d’un voisin et j’ai eu Caboche d’un maquignon.
    — Drôle de nom, fit Eugénie, assise au bout de la table.
    — D’après le maquignon, son propriétaire l’a appelé comme ça parce qu’il lui arrive d’être cabochard et d’en faire juste à sa tête. L’important, c’est qu’il a juste quatre ans et qu’il est en pleine santé.
    — Tout à l’heure, t’auras juste à le mettre dans le clos avec le Blond et la Noire, lui offrit Donat. On lui organisera un port dans l’écurie cette semaine.
    — Puis, comment c’était à Dunham ?
    — Pas mal, m’man, répondit Hubert. C’est sûr que c’est pas comme travailler sur une terre, mais l’ouvrage manquait pas. On avait dix vaches à traire et à soigner matin et soir et on recevait pas mal de lait des cultivateurs autour. Après le déjeuner, on nettoyait à fond la grande cuve avant de verser là-dedans les bidons. Le reste de la journée était occupé à faire du fromage en grains qu’on égouttait puis qu’on pressait pour en faire des meules.
    — Et ça se vendait ben ? demanda Donat.
    — Encore mieux que ce que tu peux penser, répondit Hubert. C’était ben rare qu’à la fin de la journée il nous en reste une meule.
    — Il était si bon que ça ? s’enquit Eugénie.
    — Encore mieux que ça. Attendez une minute, ajouta le fromager.
    Hubert se leva, sortit de la maison et revint après avoir pris un petit sac dans son boghei stationné près de la galerie.
    — Tenez, goûtez, suggéra-t-il aux siens en déposant sur la table un sac de fromage en grains. C’est le dernier fromage que j’ai fait.
    Chacun s’empressa de plonger une main dans le sac pour l’en ressortir avec une poignée de fromage en grains qu’on se mit à mastiquer en émettant un bruit caoutchouté.
    — Ma mère faisait ça, du fromage en crottes, déclara Eugénie en replongeant la main dans le sac. Mais il était jamais aussi bon que le tien. J’espère que tu vas te dépêcher d’ouvrir ta fromagerie.
    — Ah ça, ça va dépendre de Télesphore Dionne. La

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