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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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jeune homme prit place sur la chaise que lui désignait son hôte et raconta les derniers mois qu’il avait vécus à Dunham. Angélique, déçue de constater que son père monopolisait son amoureux, ne retourna pas à son travail. Elle approcha sa chaise de celle de Hubert pour mieux l’écouter, alors qu’Alexandrine avait repris son travail d’aiguille et écoutait attentivement le visiteur elle aussi.
    Après quelques minutes, le futur fromager termina son bref récit en disant :
    — Là, maintenant, je pense être capable de faire du bon fromage. Je suis prêt à commencer dès que vous le voudrez.
    — Ça, c’est une ben bonne nouvelle, lui assura son hôte. À mon idée, c’est le temps de parler affaires, ajouta-t-il. Tiens ! Pendant que ma fille va finir sa besogne, nous autres, on va passer dans le magasin pour pouvoir parler à notre aise de tout ça.
    — P’pa ! protesta la jeune fille, peu heureuse de la décision paternelle de lui enlever son amoureux avant même qu’elle ait eu la chance de lui parler.
    — Ton travail d’abord, répliqua sèchement son père. T’auras ben le temps de parler à Hubert quand on aura fini de discuter.
    Sur ces mots, le propriétaire du magasin général entraîna le garçon vers la porte communiquant avec le magasin après avoir allumé une lampe à huile.
    — On va faire une petite attisée pour ôter l’humidité, annonça-t-il au jeune homme en allumant le poêle qui trônait au centre du magasin.
    Ensuite, les deux hommes prirent place sur l’un des grands bancs qu’occupaient souvent les vieux habitués du magasin général.
    — Bon, à cette heure que tu sais faire du fromage, on a des décisions à prendre, déclara le petit homme replet d’entrée de jeu.
    — Ça, c’est sûr, monsieur Dionne.
    — L’hiver passé, on a parlé d’ouvrir une fromagerie aussitôt que tu saurais faire du fromage.
    — … Ouais, ouais, fit Hubert sans savoir trop quoi répliquer.
    Télesphore Dionne prit alors un air un peu embarrassé avant de déclarer :
    — Là, on commence le mois d’octobre. Les vaches vont donner pas mal moins de lait…
    — C’est normal, confirma Hubert, mais je suis certain qu’il y a moyen de faire tout de même pas mal de fromage durant l’automne et l’hiver.
    — C’est pas le seul problème, se décida à avouer son hôte. Je me suis rendu compte que ça allait coûter pas mal plus cher que je le pensais de faire bâtir une fromagerie. En plus, il va falloir acheter un terrain et tout le barda nécessaire.
    Les traits du visage du jeune homme s’assombrirent. Il venait de comprendre que son mentor, celui qui l’avait poussé à aller suivre un stage de neuf mois à Dunham, reculait devant la dépense à faire pour construire une fromagerie. Tout à coup, il sentit que son rêve pourrait bien ne jamais se réaliser.
    — Mon frère Donat m’a dit qu’il serait peut-être pas nécessaire de faire bâtir si on achetait la terre de Tancrède Bélanger pour installer la fromagerie, dit-il d’une voix changée.
    — Je dis pas que ton frère a une mauvaise idée, mais il sait pas combien le vieux Bélanger veut pour sa terre et son roulant. Ça a pas d’allure. Il veut trois cent vingt piastres ! Autant dire la lune.
    — C’est vrai que c’est ben de l’argent, reconnut Hubert, surpris par l’énormité de la somme.
    — Moi, je voudrais ben avoir les moyens de l’acheter sa terre, mais là, je vois pas comment j’arriverais à payer ça, surtout qu’après, il faudrait tout l’équipement pour la fromagerie.
    Il y eut un long silence entre les deux hommes plongés dans leurs pensées. Finalement, Télesphore reprit la parole.
    — Je pense qu’il va falloir se donner le temps de réfléchir à tout ça avant de s’embarquer. Je dis pas non à la fromagerie, mais je veux pas me mettre dans le chemin pour bâtir ça. On va laisser passer l’hiver, et on verra le printemps prochain ce qu’on peut faire. De toute façon, je suppose que tu manqueras pas d’ouvrage sur la terre de ta mère. On va avoir tout le temps qu’il faut pour en reparler, ajouta-t-il en se levant.
    — C’est vous qui décidez, monsieur Dionne, déclara Hubert, la mort dans l’âme.
    — Je sais que t’es pas mal déçu, mais tout peut finir par s’arranger. À cette heure, viens, je pense qu’Angélique a ben envie de passer un bout de veillée avec toi au salon.
    Au retour des deux hommes dans la cuisine,

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