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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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Angélique s’empara de la lampe que tenait son père et entraîna son amoureux au salon. Immédiatement, Alexandrine déplaça sa chaise berçante de manière à bien voir ce qui se passait dans la pièce. Télesphore reprit sa place près du poêle, l’air songeur. Il n’était guère heureux d’avoir dû repousser au printemps la construction de la fromagerie. Le commerçant savait compter. Il avait fini par comprendre que la dépense dépassait largement ses moyens financiers. Il avait sous-estimé les coûts de l’entreprise. Finalement, il regrettait d’avoir fait perdre à Hubert Beauchemin plusieurs mois.
    Dans le salon, Hubert n’avait pu s’empêcher de raconter à la jeune institutrice l’immense déception qu’il venait de vivre. Elle la partagea d’autant plus aisément qu’elle avait commencé à ébaucher des rêves de mariage.
    — Je comprends pas que mon père ait pu te faire croire une affaire comme ça, finit-elle par dire, fâchée. C’est pourtant pas dans ses habitudes de promettre sans tenir.
    — Au printemps peut-être, avança Hubert en se raccrochant à un dernier espoir.
    — On va prier pour ça, répliqua-t-elle en serrant l’une de ses mains entre les siennes. Qu’est-ce que tu vas faire cet hiver ?
    — J’ai pas le choix, dit-il, l’air sombre. Je vais bûcher avec mon frère. Ça veut dire aussi qu’il faudra bientôt remercier Ernest ; avec mon retour il restera plus tellement d’ouvrage pour lui sur la terre.
    — Est-ce que tu vas venir veiller samedi soir ?
    — Certain, la rassura-t-il en se levant.
    Avant de quitter la maison, il salua poliment Alexandrine et Télesphore Dionne et rentra chez lui. À son arrivée chez sa mère, il aurait préféré trouver tout le monde au lit pour monter directement à sa chambre et ressasser sa profonde déception. Malheureusement, il rencontra Donat devant l’écurie au moment où il terminait sa dernière tournée des bâtiments avant de se coucher.
    — Puis, as-tu eu le temps de jaser un peu avec Dionne ? lui demanda-t-il, indiscret.
    — Oui.
    — Qu’est-ce qu’il a décidé ? Il construit proche du magasin général ou il achète la terre de Tancrède Bélanger ?
    — Ni l’un ni l’autre, laissa tomber son jeune frère.
    — Comment ça ?
    — Il branle dans le manche. Il trouve que ça va coûter trop cher. Il veut attendre au moins jusqu’au printemps pour se décider.
    — C’est fin en torrieu son histoire ! s’exclama Donat. Toi, qu’est-ce que t’entends faire pendant l’hiver, en attendant qu’il se branche ?
    — Je vais bûcher avec toi, à la place d’Ernest.
    Donat aida son frère à dételer Caboche et ils rentrèrent se coucher. Quand Donat raconta à sa femme ce qu’il venait d’apprendre, cette dernière eut un mouvement d’humeur.
    — On dirait bien qu’on finira jamais par se débarrasser de ton frère et de ta sœur, fit-elle, agressive.
    — Ils sont chez eux comme nous autres, lui fit-il remarquer.
    — Je veux bien le croire, mais tant qu’ils vont être ici dedans, on pourra jamais décider ta mère à se donner à nous autres.
    — Il y a rien qui presse, déclara sèchement son mari en s’étendant à ses côtés après avoir éteint la lampe.

    Deux jours plus tard, le vendredi après-midi, Bernadette Beauchemin venait à peine de terminer la récitation de la prière avant la reprise de la classe qu’on frappa à la porte. La jeune femme fit signe à ses élèves de ne pas bouger et alla ouvrir. Elle se retrouva devant un prêtre inconnu dont les yeux globuleux la fixaient, retranchés derrière des lunettes à la fine monture métallique.
    — Bonjour, mademoiselle, la salua l’abbé Conrad Farly. Je suis le remplaçant de monsieur le curé.
    — Entrez donc, monsieur l’abbé, fit Bernadette en s’effaçant pour le laisser passer.
    Les enfants saluèrent le visiteur qui, sans la moindre hésitation, se dirigea vers la petite estrade placée à l’avant de la classe. Il prit place derrière le bureau de l’institutrice avant de faire signe aux enfants de s’asseoir. Bernadette demeura debout à l’arrière du local, un peu intriguée par la mâchoire et la dentition du remplaçant du curé Désilets.
    Le prêtre interrogea avec beaucoup de soin pendant une heure la quinzaine d’élèves présents, et les réponses obtenues, même si on terminait à peine le premier mois de classe, semblèrent le satisfaire.
    Avant de quitter la

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