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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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mirent à tourner en rond dans la steppe, sans tactique bien définie. Ils commirent une erreur qui, dans les guerres, se produit fréquemment : ils ne surent pas exploiter la situation. S’ils avaient poussé jusqu’au grand pont sur le Dniepr pour y mettre le feu – nous l’avions reconstruit en bois au prix d’un travail exténuant de plusieurs mois –, ils auraient pu isoler pour longtemps l’armée allemande qui se trouvait au sud-est de Rostov et la couper de tous renforts pour l’hiver.
    Les exploits guerriers ne sont pas mon fort. Par ailleurs je n’avais pas réussi à faire grand-chose de positif depuis sept jours que j’étais arrivé, ma présence contribuant plutôt à faire fondre les stocks de vivres de mes ingénieurs. Je décidai donc de prendre un train qui partait vers l’ouest et allait essayer de se frayer un chemin dans la neige amoncelée. Lorsque je pris congé de mes hommes, ceux-ci me manifestèrent une sympathie où se mêlait, me sembla-t-il, quelque soulagement. Le train roula toute la nuit à une vitesse de quelques dizaines de kilomètres à l’heure ; de temps à autre, on s’arrêtait pour dégager la voie, puis on repartait. « Je dois avoir parcouru un bon bout de chemin », me dis-je à l’aube, au moment où le train arrivait dans une gare abandonnée.
    Mais tout dans cette gare me sembla étrangement familier : les ateliers incendiés, la fumée qui s’échappait de quelques wagons-lits et de quelques wagons-restaurants, les patrouilles de soldats. J’étais de nouveau àDniepropetrovsk. La couche de neige était si épaisse que le train avait dû revenir à son point de départ. Accablé, je me dirigeai vers le wagon-restaurant où logeaient mes hommes : à la stupéfaction que je pus lire sur leur visage s’ajoutait un certain désappointement. En effet, ils avaient fêté le départ de leur patron jusqu’aux premières heures du matin et mis à mal leurs réserves d’alcool.
    Ce même jour, on était le 7 février 1942, l’avion qui avait amené Sepp Dietrich devait repartir. Le commandant Nein, qui devait bientôt piloter mon propre appareil, était disposé à m’emmener. Pour nous rendre à l’aérodrome, nous éprouvâmes des difficultés considérables. La température était très en dessous de zéro, le ciel était clair, mais une tempête faisait rage qui balayait la neige amoncelée. Des Russes, dans leurs vêtements fourrés, s’évertuaient vainement à dégager la route recouverte par plusieurs mètres de neige. Nous marchions depuis environ une heure, lorsque soudain plusieurs d’entre eux firent cercle autour de moi et, tout excités, se mirent à me tenir de grands discours dont je ne comprenais pas un traître mot. Finalement l’un d’eux prit de la neige et, sans plus de façons, m’en frictionna le visage. « J’ai le nez gelé », pensai-je, me souvenant de ce que m’avaient appris mes courses en haute montagne. Mon étonnement ne fit que croître lorsqu’un des Russes sortit de ses vêtements tout sales un mouchoir soigneusement plié, immaculé, avec lequel il me sécha le visage.
    L’avion décolla vers onze heures, non sans quelques difficultés, car la neige qui recouvrait la piste n’avait pu être totalement dégagée. Le pilote mit le cap sur Rastenburg, en Prusse-Orientale, où était stationnée l’escadrille du Führer. Pour ma part, j’allais à Berlin, mais ce n’était pas mon propre appareil, et j’étais content malgré tout de faire ainsi une bonne partie du chemin. C’est donc le hasard qui m’amena pour la première fois au quartier général de Hitler en Prusse-Orientale.
    Arrivé à Rastenburg, j’appelai au téléphone l’un des aides de camp, espérant qu’il annoncerait mon arrivée à Hitler et que peut-être ce dernier souhaiterait me voir. Je ne l’avais pas revu depuis le début décembre ; une entrevue avec lui, même brève, aurait été pour moi un honneur tout particulier. Une voiture du convoi du Führer m’amena au quartier général. Mon premier souci fut de manger vraiment à ma faim dans le baraquement qui servait de mess ; c’était là que Hitler lui-même prenait quotidiennement ses repas en compagnie de ses généraux, de ses adjoints politiques, de ses aides de camp. Mais il n’y était pas. Le D r  Todt, ministre de l’Armement et des Munitions, était en conférence avec lui, et tous deux prenaient leur repas dans la pièce qui servait à Hitler de salle de

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