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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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pouvaient plus éteindre le feu, des incendies gigantesques se déclarèrent, les flammes tourbillonnaient furieusement comme de véritables cyclones, l’asphalte des rues commença à brûler, les gens étaient asphyxiés dans leurs caves ou carbonisés en pleine rue. Les effets de ces raids en série ne pouvaient se comparer qu’à ceux d’un tremblement de terre. Le Gauleiter Kaufmann envoya à Hitler par télex message sur message, pour lui demander de venir visiter la ville. Comme ses appels restaient vains, il proposa que Hitler accepte au moins de recevoir une délégation de quelques équipes de sauveteurs qui s’étaient particulièrement distingués par leur conduite. Hitler refusa derechef.
    C’était Hambourg qui était la première victime du sort que Göring et Hitler avaient voulu, en 1940, infliger à Londres. A l’époque, au cours d’un dîner à la Chancellerie du Reich, Hitler, en proie à une exaltation croissante et enivré par ses propres paroles, avait donné libre cours à sa rage de détruire : « Avez-vous déjà regardé une carte de Londres ? Les constructions sont si rapprochées qu’un seul foyer d’incendie suffirait à dévaster la ville tout entière, comme c’est déjà arrivé il y a plus de deux cents ans. Göring veut larguer sur Londres une multitude de bombes incendiaires d’une efficacité sans précédent et allumer ainsi dans tous les coins de la ville des foyers d’incendie, des milliers d’incendies, partout. Tous ces foyers convergeront et finiront par ne plus faire qu’un immense brasier. L’idée de Göring est la seule qui soit bonne : les bombes explosives ne donnent rien, tandis qu’avec les bombes incendiaires on peut arriver au résultat que nous voulons : la destruction totale de Londres ! Qu’est-ce que vous voulez qu’ils fassent, leurs pompiers, quand tout se déchaînera ? »
    Les raids sur Hambourg m’avaient plongé dans une extrême inquiétude. A la séance de l’Office central de planification, qui se tint l’après-midi du 29 juillet, j’exposai mes craintes en ces termes : « Si les raids aériens se poursuivent avec la même ampleur qu’en ce moment, il ne faudra pas plus de douze semaines pour que nous soyons délivrés d’une foule de problèmes qui nous occupent encore actuellement. Nous serons alors entraînés sur une pente savonneuse, et la chute sera relativement rapide !… Nous pourrons tenir la séance de clôture de l’Office central de planification ! » Trois jours plus tard j’avertis Hitler que l’armement menaçait ruine et lui déclarai en même temps qu’il suffirait que six autres grandes villes subissent à leur tour des raids en série pour que ce soit l’effondrement de l’armement allemand  15  . Il m’écouta sans réaction apparente : « Vous trouverez bien le moyen d’arranger cela ! » fit-il simplement.
    Et effectivement, Hitler avait raison, nous parvînmes à remettre les choses d’aplomb ; non pas grâce à notre organisation de la planification, qui, avec la meilleure volonté du monde, ne pouvait faire autre chose que de donner des directives d’ordre général, mais grâce aux efforts acharnés des hommes directement concernés, et en premier lieu des ouvriers eux-mêmes. Par bonheur, la série de raids menés sur Hambourg ne fut pas renouvelée sur d’autres villes avec la même ampleur. Ainsi l’ennemi nous accordait une nouvelle occasion d’adapter notre conduite à son action.
    Quinze jours seulement après Hambourg, le 17 août 1943, l’ennemi nous porta un nouveau coup. L’aviation américaine effectua son premier raid stratégique. Il était dirigé sur Schweinfurt, où étaient concentrées de grandes usines de l’industrie des roulements à billes, industrie dont le rendement ne répondait déjà plus à nos efforts en vue d’accroître la production d’armements.
    Mais dès ce premier raid, l’adversaire commit une faute capitale : au lieu de concentrer son attaque sur la seule production de roulements à billes, la flotte ennemie, qui comptait le nombre respectable de 376 forteresses volantes, se divisa, et 146 appareils attaquèrent en même temps une usine de montage de l’industrie aéronautique située à Ratisbonne, opération qui se solda par un succès, mais dont les conséquences étaient bénignes ; de plus, et cette erreur était encore plus grave, l’aviation britannique continuait d’attaquer d’autres villes sans

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