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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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on annonça qu’une puissante escadre de bombardiers se dirigeait sur Berlin. Lorsque les avions arrivèrent au-dessus de Potsdam, je suspendis la réunion pour me rendre à une tour de D.C.A. située non loin de là : de la plate-forme, je voulais observer les opérations comme je le faisais très souvent. J’étais à peine arrivé en haut, que je dus chercher refuge à l’intérieur de la tour ; celle-ci, malgré l’épaisseur de ses murs, était ébranlée par de violentes explosions. Derrière moi, des soldats de la Flak, commotionnés, descendaient précipitamment, les déflagrations les avaient jetés contre les murs et ils étaient blessés. Les explosions se succédèrent sans interruption pendant vingt minutes. Du haut de la tour on pouvait voir, dans la partie inférieure, une foule d’hommes se bousculant au milieu de la poussière de béton qui tombait des murs et devenait de plus en plus épaisse. Lorsque le déluge de bombes s’arrêta, je me risquai à nouveau sur la plateforme et j’aperçus, non loin de là, mon ministère, qui n’était plus qu’un énorme brasier. Je m’y rendis sans plus attendre. Quelques secrétaires, coiffées de casques telles des amazones, tentaient de sauver des dossiers, tandis que de temps à autre des bombes à retardement éclataient dans les environs. A la place de mon bureau, il n’y avait plus qu’un vaste trou de bombe.
    L’incendie se propageait si rapidement qu’on ne put rien récupérer d’autre ; tout près de là, se dressaient les huit étages de la Direction des armements et du matériel de l’armée de terre qui menaçait d’être à son tour la proie des flammes. Alors, saisis d’une impatience fébrile de passer à l’action après être sortis indemnes du bombardement, nous nous ruâmes à l’intérieur pour sauver au moins les téléphones spéciaux, fort précieux. On arracha les fils et on mit les appareils en lieu sûr dans les sous-sols du bâtiment. Le lendemain matin, je reçus la visite du général Leeb, le directeur des armements et du matériel de l’armée, qui me déclara avec un sourire entendu : « Nous avons pu venir à bout de l’incendie au petit matin, mais malheureusement nous ne pouvons plus rien faire : il y a quelqu’un qui, cette nuit, a arraché des murs tous les appareils téléphoniques. »
    Lorsque Göring, qui se trouvait dans sa propriété de Karinhall, apprit que j’étais allé dans la nuit à la tour de D.C.A., il transmit au poste de commandement de la tour l’ordre de ne plus me laisser monter sur la plateforme. Mais entre-temps des liens s’étaient créés entre les officiers et moi et ils comptaient plus que les ordres de Göring : personne ne m’empêcha d’avoir accès à la tour.
    Du haut de la tour de la Flak les raids sur Berlin offraient un spectacle dont le souvenir ne peut s’effacer et il fallait constamment se rappeler le visage atroce de la réalité pour ne pas se laisser fasciner par cette vision. Les fusées parachutes, les « arbres de Noël », comme disaient les Berlinois, illuminaient soudain le ciel, puis c’était l’explosion, dont l’éclair était englouti par les fumées d’incendie ; de toutes parts d’innombrables projecteurs fouillaient le ciel, et un duel saisissant commençait quand un avion, pris dans le faisceau lumineux, cherchait à s’échapper ; parfois il était touché et n’était plus, quelques instants, qu’une torche embrasée : c’était une grandiose vision d’Apocalypse.
    Dès que les avions faisaient demi-tour, je me rendais en auto dans les quartiers qui avaient été touchés et où se trouvaient d’importantes usines. Nous roulions dans des rues défoncées, remplies de décombres ; des maisons brûlaient, des sans-abri se tenaient, les uns assis, les autres debout, devant les décombres ; ici et là, des meubles et des effets, qu’ils avaient pu sauver, jonchaient les trottoirs ; la fumée, la suie, les flammes créaient une atmosphère sombre, irrespirable. Par moments, les gens étaient saisis de cette hilarité étrange, hystérique, qui s’observe souvent dans les catastrophes. Au-dessus de la ville, les fumées d’incendies formaient un énorme nuage qui avait bien 6 000 mètres d’épaisseur, de sorte qu’au beau milieu de la journée, ce lugubre spectacle était plongé dans l’obscurité.
    Plus d’une fois je tentai de communiquer à Hitler mes impressions. A peine avais-je commencé qu’à

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