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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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bombe bien placée sur les turbines ou les canaux d’adduction d’eau pouvait libérer des masses d’eau dont la puissance destructrice aurait été supérieure à celle de nombreuses bombes. Et comme la Russie, pour construire ses centrales géantes, avait souvent fait appel au concours d’entreprises allemandes, nous étions en mesure de fournir des renseignements très précis.
    Le 26 novembre, Göring donna l’ordre d’équiper le 6 e  corps aérien, commandé par le général Rudolf Meister, de bombardiers à grand rayon d’action. Les unités furent regroupées en décembre à Bialystok  11  . On fit construire des maquettes en bois représentant les centrales russes pour l’instruction des pilotes. J’avais mis Hitler au courant au début du mois de décembre  12  , Milch avait attiré sur nos projets l’attention du nouveau chef d’état-major général de la Luftwaffe, Günther Korten, qui était un de ses amis. Le 4 février j’écrivais à ce dernier : « La guerre aérienne opérationnelle contre l’Union soviétique… offre aujourd’hui encore des perspectives intéressantes… J’ai le ferme espoir qu’elles (il s’agit des attaques à lancer sur les centrales électriques situées dans la région de Moscou et la haute Volga) auront des répercussions sensibles sur le potentiel de guerre de l’Union soviétique. » Comme toujours pour des opérations de cette nature, le succès était lié à des facteurs fortuits. Je n’en attendais pas de résultats véritablement décisifs. Mais, comme je l’écrivis à Korten, j’avais l’espoir que l’opération affaiblirait la puissance offensive des Russes, ce que même les renforts fournis par les Américains n’auraient pu compenser qu’au bout de plusieurs mois.
    Mais cette opération arrivait elle aussi deux ans trop tard. L’offensive d’hiver des Russes avait contraint nos troupes à battre en retraite ; nous nous trouvions dans une situation critique. Hitler, manifestant comme souvent dans les situations difficiles une étroitesse de vues étonnante, me déclara à la fin de février que le « corps Meister » avait reçu l’ordre de détruire les lignes de chemin de fer afin de couper les Russes de leurs arrières. J’eus beau objecter qu’en Russie le sol était durci par le gel, que les bombes ne pouvaient faire effet qu’en surface et qu’en outre, notre expérience le montrait, les voies ferrées allemandes, beaucoup plus fragiles, étaient souvent réparées au bout de quelques heures : tous mes arguments furent vains. Le « corps Meister », lancé dans une mission inutile, fut décimé et ne put évidemment pas arrêter les mouvements opérationnels des Russes.
    Du reste l’obstination de Hitler à vouloir exercer des représailles contre l’Angleterre étouffa peu à peu en lui tout l’intérêt qu’il avait manifesté pour l’idée des objectifs stratégiques précis. Même après l’anéantissement du « corps Meister » nous aurions disposé d’un nombre suffisant de bombardiers pour exécuter de telles missions. Mais Hitler s’abandonnait à l’espoir chimérique que quelques raids massifs sur Londres pourraient décourager les Anglais de continuer leur offensive aérienne sur l’Allemagne. C’est uniquement dans ce but qu’il continua, en 1943, à exiger qu’on mette au point et qu’on fabrique de nouveaux bombardiers lourds. L’idée que ces avions auraient pu servir à l’est pour attaquer des objectifs beaucoup plus payants ne le séduisait pas du tout, même si à l’occasion, et même encore pendant l’été 1944, il se rendait à mes arguments  13   ; tout comme l’état-major de la Luftwaffe, il était incapable de fonder sa stratégie aérienne sur des considérations technologiques, et non sur des conceptions militaires dépassées. Ce fut aussi le cas chez nos adversaires, du moins au début.
     
    Tandis que je m’évertuais à désigner à l’attention de Hitler et de l’état-major général de la Luftwaffe des objectifs importants, nos ennemis occidentaux lancèrent, en l’espace de huit jours, du 25 juillet au 2 août, cinq raids massifs sur la même ville, à savoir Hambourg  14  . Cette opération allait à l’encontre de toutes les considérations tactiques, mais elle n’en eut pas moins des conséquences désastreuses. Dès les premiers raids, les conduites d’eau furent détruites, si bien que lors des bombardements suivants, les pompiers ne

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