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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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par le fait que l’ennemi, à notre grande surprise, suspendit une nouvelle fois les raids aériens sur l’industrie des roulements à billes  20  .
    Certes l’usine de Erkner fut durement touchée le 23 décembre, mais nous ne savions pas exactement si l’usine était directement visée, car Berlin avait été bombardé sur une grande étendue. C’est seulement en février 1944 que les choses changèrent. En l’espace de quatre jours, les usines de Schweinfurt, Steyr et Cannstatt furent sévèrement bombardées, deux fois coup sur coup. Ensuite, ce fut le tour de Erkner, puis encore une fois de Schweinfurt et Steyr. En six semaines seulement, notre production (roulements de 6,3 cm et au-dessus) avait tellement diminué qu’elle n’était plus que de 29 %  21  .
    Pourtant, au début d’avril 1944, les raids sur l’industrie des roulements à billes furent une nouvelle fois subitement suspendus. Par leur manque d’esprit de suite, les alliés laissaient encore une fois le succès leur échapper. S’ils avaient poursuivi avec la même ténacité les bombardements de mars et d’avril, nous aurions été rapidement à bout  22  . Mais de cette façon il n’y eut pas un char, pas un avion, ni quelque autre engin de perdu par manque de roulements à billes, bien que la production d’armements se fût accrue de 17 % entre juillet 1943 et avril 1944  23  . Hitler avait affirmé que rien n’était impossible, que tous nos pronostics et toutes nos craintes étaient le fait d’un pessimisme excessif : dans le cas de l’armement sa thèse semblait être confirmée par les faits.
     
    Je n’ai appris qu’après la guerre pourquoi l’ennemi avait renoncé à poursuivre son action. Les états-majors de l’aviation avaient supposé que, sous le régime autoritaire de Hitler, les responsables n’auraient pas hésité à déplacer les industries les plus importantes implantées dans les villes menacées et qu’ils s’y seraient employés avec la dernière énergie. Le 20 décembre 1943, Harris se déclarait convaincu qu’ « arrivés à ce stade de la guerre, les Allemands avaient depuis longtemps fait tout ce qui était en leur pouvoir pour disséminer une production d’une importance aussi capitale (que celle des roulements à billes) ». Il s’exagérait notablement l’efficacité de notre système autoritaire qui, de l’extérieur, pouvait paraître posséder une telle cohésion.
    Certes, dès le 19 décembre 1942, huit mois avant le premier raid sur Schweinfurt, j’avais bien publié un décret, valant pour l’ensemble des entreprises d’armement, qui stipulait ceci : « L’intensité croissante des attaques aériennes de l’ennemi nous oblige à accélérer les préparatifs en vue du transfert des fabrications qui sont importantes pour la production d’armements. » Mais de toutes parts se manifestèrent des résistances. Les Gauleiter répugnaient à voir s’installer dans leur région de nouvelles usines, car ils craignaient que la tranquillité qui régnait presque comme en temps de paix dans leurs petites villes de province n’en fût perturbée ; de leur côté, les responsables des fabrications les plus importantes pour l’armement ne voulaient pas s’exposer à des désagréments d’ordre politique. De sorte que rien pratiquement ne fut fait.
    A la suite du deuxième raid meurtrier sur Schweinfurt, celui du 14 octobre 1943, on décida bien une nouvelle fois de disséminer dans les villages voisins une partie de la production qu’il fallait remettre en marche, et d’en mettre une autre partie à l’abri dans de petites villes de l’est de l’Allemagne qui n’étaient pas encore menacées  24  .
    Par cette politique de décentralisation nous voulions prendre toutes nos précautions pour l’avenir, mais notre projet se heurta de toutes parts à une opposition acharnée et tout à fait inattendue. En janvier 1944, on discutait encore de la construction d’usines de roulements à billes souterraines  25 et, en août 1944, mon délégué se plaignait des difficultés qu’il rencontrait pour « réaliser les travaux nécessaires à l’installation sous terre des fabriques de roulements à billes  26   ».
    Au lieu d’essayer de paralyser certains secteurs de la production, la R.A.F. lança une attaque aérienne sur Berlin. Le 22 novembre 1943, une réunion se tenait dans mon bureau, lorsque, vers dix-neuf heures trente, l’alarme fut donnée :

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