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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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épaisseur de 22 mètres, était colmatée  8  . Cela permit de retenir l’eau des pluies de la fin de l’automne et de l’hiver 1943 en vue des besoins de l’été suivant. L’aviation britannique laissa passer une nouvelle chance à l’occasion de ces réparations : il aurait suffi de quelques bombes pour démolir les installations des chantiers, qui étaient très exposées ; d’autre part les échafaudages étaient en bois et quelques bombes incendiaires les auraient facilement détruits.
     
    Après cette expérience faite à nos dépens, je demandai une nouvelle fois pourquoi notre aviation, dont les moyens étaient devenus modestes, ne lançait pas de la même façon des raids localisés, dirigés sur des points précis, qui pouvaient avoir des conséquences meurtrières. Quinze jours après l’opération britannique, à la fin mai 1943, je renouvelai auprès de Hitler ma proposition du 11 avril visant à créer une commission de travail qui aurait à rechercher chez l’ennemi des objectifs industriels importants. Mais comme il arrivait si souvent, Hitler se montra indécis : « Je pense qu’il est inutile de vouloir persuader l’état-major de la Luftwaffe que vos collaborateurs de l’industrie peuvent donner des conseils utiles pour définir les objectifs à attaquer dans les territoires industriels. J’ai moi-même attiré plusieurs fois l’attention du général Jeschonnek sur ce point. Mais vous pouvez lui en parler vous-même encore une fois », conclut-il, à demi résigné. Manifestement, Hitler n’avait pas l’intention de faire acte d’autorité ; il ne comprenait pas à quel point de telles opérations pouvaientdécider de l’issue de la guerre. Indiscutablement, il avait déjà gâché une occasion dans les années 1939 à 1941, en lançant des raids aériens sur les villes anglaises, au lieu de les coordonner avec la guerre des sous-marins et, par exemple, d’attaquer d’abord ceux des ports anglais dont le trafic, du fait de la navigation en convois, dépassait par moments le point de saturation. Cette fois encore il ne voyait pas la chance qui s’offrait. Les Anglais eux-mêmes faisaient preuve de légèreté en imitant cette aberration, si l’on excepte leur attaque isolée sur les barrages de la Ruhr.
    Malgré le scepticisme de Hitler et l’impossibilité où j’étais d’exercer quelque influence sur la stratégie de la Luftwaffe, je ne m’avouai pas vaincu. Je constituai le 23 juillet une commission regroupant quelques experts de l’industrie, que je chargeai d’étudier des objectifs méritant d’être attaqués  9  . Notre première proposition concernait l’industrie houillère de l’Angleterre, car nous disposions d’une documentation très complète émanant de la presse spécialisée anglaise sur les centres de cette industrie, sa situation géographique, ses rendements, etc. Mais cette proposition arrivait deux années trop tard : nous n’avions plus de forces suffisantes pour réussir l’opération.
    Il existait un autre objectif intéressant qui, compte tenu de l’affaiblissement de nos moyens, s’imposait absolument ; c’étaient les centrales électriques russes. Diverses expériences permettaient de penser que notre aviation n’aurait pas à affronter en Russie une défense antiaérienne organisée systématiquement. De plus la production de l’énergie électrique en Union soviétique présentait avec celle des pays occidentaux une différence de structure essentielle. Alors que dans les pays de l’Ouest le développement progressif de l’industrie avait entraîné la création de nombreuses centrales électriques d’importance moyenne solidaires les unes des autres, on avait construit en Union soviétique en certains endroits isolés, généralement au milieu de vastes combinats industriels, de grandes centrales peu nombreuses, mais de dimensions gigantesques  10  . Ainsi, par exemple, une grande partie de la consommation totale d’énergie de Moscou était fournie par une usine géante située sur la haute Volga. Selon les informations qui nous parvenaient, 60 % des pièces détachées indispensables en matière d’optique et d’équipement électrique provenaient d’usines concentrées dans la capitale soviétique. Dans l’Oural se trouvaient quelques centrales géantes, dont la destruction aurait permis de paralyser pour longtemps la production d’acier ainsi que la fabrication de chars et de munitions. Une

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