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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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de nervosité et d’agacement ; bien qu’il écoutât sans mot dire, je pus voir, à l’expression de son visage, à l’agitation de ses mains et au fait qu’il ne cessait de se ronger les ongles, que la colère montait enlui. Lorsque j’en eus terminé, pensant lui avoir démontré que chaque chasseur disponible sur le territoire du Reich devait être engagé pour combattre les bombardiers, Hitler perdit le contrôle de lui-même. Son visage s’empourpra, ses yeux se figèrent et perdirent toute expression. Il se mit à crier, hors de lui : « Les mesures opérationnelles sont mes affaires ! Occupez-vous donc de votre armement ! Cela ne vous regarde pas ! » Peut-être aurait-il mieux admis mes explications si je lui avais parlé seul à seul. Mais en présence de Galland il ne voulait rien entendre ni rien concéder.
    Il interrompit brutalement la discussion et donc toute autre argumentation : « Je n’ai plus de temps à vous consacrer. » Désemparé, je me rendis avec Galland dans mon baraquement.
    Nous allions reprendre l’avion le lendemain pour rentrer bredouilles à Berlin, lorsque Schaub vint nous annoncer que Hitler voulait nous voir encore une fois. Incapable de se contenir, il s’emporta de nouveau ; les mots se précipitaient dans sa bouche et il se mit à hurler d’une voix de fausset : « Je ne veux plus que l’on produise d’avions ! La chasse est dissoute ! Arrêtez la production d’avions ! Immédiatement ! c’est compris ? Vous vous plaignez constamment de manquer d’ouvriers spécialisés, non ? Récupérez-les tous et envoyez-les à la production de canons de D.C.A. Tous les travailleurs pour la D.G.A. ! Le matériel aussi ! C’est un ordre ! Envoyez-moi tout de suite Saur au quartier général ! Il faut établir un programme pour les canons de D.C.A. Dites-le aussi à Saur. Un programme multiplié par dix… Nous ferons travailler des centaines de milliers d’ouvriers pour la production de canons. Dans les reportages de la presse étrangère, je lis tous les jours à quel point la D.C.A. est dangereuse. Ils ont encore du respect pour notre D.C.A., mais pas pour nos chasseurs. » Galland voulut répliquer que nos chasseurs abattraient beaucoup plus d’avions ennemis que la D.C.A., si nous pouvions les engager en Allemagne, mais il ne dépassa pas les premiers mots. Nous fûmes à nouveau congédiés brutalement, ou plutôt mis à la porte.
    Arrivé au pavillon de thé, je commençai par me verser un vermouth avec la bouteille que l’on tenait toujours prête pour les occasions de ce genre, j’avais l’estomac contracté après une pareille scène. Galland, qui semblait toujours calme et maître de lui, avait, pour la première fois depuis que je le connaissais, un air effaré. Il n’arrivait pas à comprendre que l’aviation de chasse, qui était placée sous ses ordres, allait être dissoute pour lâcheté en face de l’ennemi. Pour ma part, je connaissais ces éclats de Hitler et je savais qu’en manœuvrant habilement il était généralement possible de corriger ses décisions. Je rassurai Galland : les capacités de production qui avaient été prévues pour les avions de chasse ne permettaient pas de produire des canons. Ce n’étaient pas les canons antiaériens qui étaient le goulot d’étranglement de notre armement, mais les munitions et surtout les explosifs.
    Saur, qui craignait comme moi que Hitler n’ait exprimé des exigences irréalisables, expliqua le lendemain à Hitler qu’un accroissement de la production de canons antiaériens dépendait de la fourniture de machines-outils d’un type spécial servant à l’alésage de tubes longs.
    Peu de temps après, je me rendis à nouveau avec Saur au quartier général pour discuter les détails de cet ordre que par surcroît Hitler nous avait donné par écrit. Après avoir exigé au début que notre production fût multipliée par dix, il abaissa après une longue lutte ses prétentions à une production multipliée par deux et demi. Il nous fixa un délai, décembre 1945, pour réaliser ce programme et exigea en outre que la production des munitions destinées à la D.C.A. soit doublée 23  . Nous pûmes discuter tranquillement 28 points de l’ordre du jour. Mais lorsque j’attirai à nouveau son attention sur le fait que nous devions engager les chasseurs sur le territoire national, il m’interrompit à nouveau avec colère, réitéra l’ordre d’accroître la

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