Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
Vom Netzwerk:
production de canons de D.C.A. aux dépens des chasseurs et mit fin à la séance.
    Ce fut le premier ordre auquel ni Saur ni moi n’avons obéi. Je décidai d’agir comme bon me semblait et décrétai le lendemain devant l’état-major de l’armement « que nous devions en tout état de cause continuer à faire tourner à plein la fabrication des chasseurs ». Trois jours plus tard, je réunis les représentants de l’industrie aéronautique et leur expliquai l’importance de leur mission en présence de Galland : il s’agit, déclarai-je, « de pousser la production au maximum, pour faire face au danger extrêmement grave qui nous menace, à savoir la destruction de notre production d’armements sur le territoire de la patrie 24   ». Entre-temps, Hitler s’était calmé et m’avait soudain donné son accord pour attribuer le plus haut degré d’urgence au programme de construction de chasseurs qu’il avait réduit. L’orage était passé.
     
    Alors même que nous étions contraints de limiter notre production dans certaines branches et même de mettre un terme à la mise au point de nouveaux prototypes, Hitler s’efforçait de plus en plus, et de propos délibéré, d’éveiller parmi tes généraux et les dirigeants politiques l’espoir que nous allions bientôt posséder de nouvelles armes qui décideraient du sort de la guerre. Souvent, lors de mes inspections dans les divisions, on me demandait avec un sourire mystérieux quand les armes-miracles seraient mises en service. De telles illusions me mettaient mal à l’aise, car un jour la déception viendrait ; aussi adressai-je à la mi-septembre, alors que les V étaient déjà en service, les lignes suivantes à Hitler : « La croyance en la mise en service imminente de nouvelles armes qui décideront du sort de la guerre est largement répandue dans la troupe. Elle attend cette mise en service pour les jours qui viennent. Cette conviction est partagée sérieusement par des officiers supérieurs. On peut se demander s’il est opportun, dans une époque aussi difficile, de préparer une désillusion qui nemanquera pas d’avoir des conséquences fâcheuses sur le moral des troupes au combat, en éveillant un espoir qui ne pourra pas être réalisé dans des délais aussi brefs. La population attend elle aussi chaque jour le miracle des armes nouvelles, elle se demande si nous nous rendons compte qu’il est grand temps, et qu’il n’est plus possible de retarder l’emploi de ces armes emmagasinées. Alors une question se pose : une telle propagande est-elle justifiée 25   ? »
    Dans une conversation que nous eûmes en particulier, Hitler reconnut que j’avais raison ; il ne renonça pourtant pas, comme je devais l’apprendre bientôt, à faire entrevoir la mise en service d’armes-miracles. C’est pourquoi j’écrivis le 2 novembre 1944 à Goebbels qu’il me semblait « peu opportun de bercer l’opinion publique d’espoirs, sans pouvoir garantir avec certitude que ces espoirs seront réalisés dans un délai prévisible… Je prends donc la liberté de vous demander de veiller à ce qu’à l’avenir la presse quotidienne et la presse spécialisée évitent de faire des allusions à des réussites dans notre production d’armements qui n’interviendront que dans l’avenir ».
    Là-dessus Goebbels cessa réellement de publier des informations concernant les armes nouvelles. Mais, fait curieux, ces rumeurs circulèrent de plus belle. Ce n’est qu’au procès de Nuremberg que j’appris de la bouche de Fritzsche, l’un des premiers collaborateurs du ministre de la Propagande, que Goebbels avait institué un service spécialisé chargé de répandre ces bruits. Je compris alors pourquoi ces rumeurs sur les perspectives d’avenir de l’armement étaient si proches de la vérité. Combien de fois n’étions-nous pas restés le soir, après nos réunions consacrées aux problèmes de l’armement, à imaginer de nouvelles découvertes de la technique, ou a discuter de la possibilité de mettre au point une bombe atomique. Des informateurs de l’entourage de Goebbels avaient souvent assisté à nos réunions et participé le soir à nos discussions  26  .
    Ces rumeurs trouvaient un terrain propice à leur diffusion dans cette époque troublée où chacun se berçait volontiers d’espérances. Depuis longtemps on ne croyait plus à ce que racontaient les journaux. Les publications astrologiques firent

Weitere Kostenlose Bücher