Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
Vom Netzwerk:
pourtant exception dans les derniers mois de la guerre et connurent la faveur d’un public de plus en plus vaste de gens désespérés. Comme elles dépendaient pour de multiples raisons du ministère de la Propagande, on s’en servit, ainsi que me l’a rapporté Fritzsche à Nuremberg, pour influencer l’opinion publique. Des horoscopes « arrangés » parlaient de vallées qu’il fallait traverser, prophétisaient des retournements aussi extraordinaires qu’imminents et multipliaient les promesses voilées. Le régime n’avait plus d’avenir que dans les feuilles astrologiques.

28.
    L’effondrement
    L’industrie d’armement réunie depuis le printemps 1944 dans mon ministère commença à se disloquer dès la fin de l’automne. Non seulement la mise au point des grandes fusées, jugée décisive par beaucoup, était passée sous le contrôle de la SS, mais quelques Gauleiter étaient parvenus à prendre en charge sous leur propre responsabilité l’armement dans leur circonscription. Hitler soutenait les initiatives de cet ordre. Il donna par exemple son accord à la demande de Sauckel qui voulait installer dans son Gau de Thuringe une grande usine souterraine destinée à la production en série d’un chasseur à réaction monomoteur appelé « Volksjäger  53  » par Hitler. Mais nous nous trouvions déjà au début de l’agonie de l’économie, de sorte que cette désagrégation ne pouvait plus avoir de répercussions.
    En même temps que ces tentatives, des espoirs de remporter des succès en se servant d’armes primitives, et de pouvoir ainsi remédier à la situation critique de notre armement, se firent jour, révélant notre désarroi grandissant. Le courage de l’homme seul devait remplacer l’efficacité technique des armes. C’est ainsi qu’en août 1944 (alors que l’invasion avait définitivement réussi et qu’il était trop tard pour réaliser de tels projets), Dönitz avait chargé l’amiral Heye de construire des sous-marins individuels et d’autres bateaux de guerre ; on nous demanda de produire immédiatement ces engins massivement. Himmler, d’autre part, voulut mettre sur pied un « commando de la mort » avec des avions à réaction dont les pilotes auraient eu pour mission d’anéantir les bombardiers ennemis en les éperonnant. Une autre arme primitive était ce qu’on appelait le « Panzerfaust », un petit lance-roquettes portatif qui était destiné à remplacer les canons antichars manquants 1  .
    A la fin de l’automne, Hitler intervint brusquement dans la production des masques à gaz et nomma un délégué spécial qui était responsable directement devant lui. En toute hâte, un programme fut mis au point, destiné à protéger l’ensemble de la population des conséquences d’une guerre des gaz. Bien que, sur l’ordre impératif de Hitler, on ait pu tripler la production et, à partir d’octobre 1944, dépasser le chiffre de 2 300 000 masques à gaz, la protection de la population des villes ne pouvait être assurée avant plusieurs mois. C’est pourquoi les organes du parti diffusaient des conseils, expliquant comment on pouvait se protéger avec des moyens sommaires, à l’aide de papier, par exemple.
    Certes, Hitler parlait à cette époque du danger d’une attaque étrangère sur les villes allemandes à l’aide de gaz toxiques  2  , mais mon ami le D r  Karl Brandt, qu’il avait chargé d’assurer les mesures de protection, n’excluait pas la possibilité que ces préparatifs menés fiévreusement fussent destinés à mener une guerre des gaz déclenchée par nous. Entre autres « armes miracles » nous possédions un gaz toxique, appelé tabun ; il traversait tous les filtres des masques à gaz connus et le moindre contact avec des traces infinitésimales avait une action mortelle.
    Robert Ley, chimiste de profession, m’emmena avec lui à l’automne 1944 dans son wagon-salon pour participer à une session qui avait lieu à Sonthofen. Comme à son habitude, il se fit servir des vins corsés. Son bégaiement faisait ressortir son excitation : « Mais nous l’avons ce nouveau gaz, j’en ai entendu parler. Il faut que le Führer l’emploie ! Quand donc, sinon ? C’est le moment où jamais ! Vous aussi, vous devez lui expliquer qu’il est grand temps ! » Je gardai le silence. Mais Ley avait eu manifestement une conversation analogue avec Goebbels, car celui-ci se renseigna auprès de nos collaborateurs de

Weitere Kostenlose Bücher