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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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lorsqu’il était à Munich, ne lui gâchons pas son plaisir. »
    Il fréquentait aussi les salons de thé du Carlton dont le luxe était aussi faux que les copies de meubles de style et les prétendus lustres de cristal qui en constituaient le mobilier. Il aimait cet endroit parce que les Munichois l’y laissaient en paix et que ni applaudissements ni demandes d’autographes ne l’y importunaient, alors que c’était le cas partout ailleurs. Il m’arrivait souvent d’être réveillé tard le soir par un coup de téléphone : « Le Führer, me disait quelqu’un au domicile de Hitler, se rend au café Heck et vous invite à l’y accompagner. » Tiré du lit, je ne pouvais plus espérer revenir me coucher avant deux ou trois heures du matin.
    « Cette habitude de rester debout longtemps, expliquait-il parfois en guise d’excuses, c’est dans la lutte que je l’ai prise. Après les réunions, je devais aller m’attabler avec les anciens, en outre mes discours m’avaient tellement énervé que, de toute façon, je n’aurais pas pu m’endormir avant le matin. »
    Le mobilier du café Heck n’avait rien de commun avec celui des salons de thé du Carlton. Il se composait de simples chaises de bois et de tables en fer. C’était l’ancien café du parti, où Hitler et ses compagnons de lutte s’étaient réunis au début. Mais lors de ses séjours à Munich après 1933, il ne fit plus rien pour revoir ces hommes qui lui avaient témoigné un si grand dévouement pendant tant d’années. Je m’étais attendu à trouver à Munich un cercle d’amis intimes, mais je ne découvris rien de semblable. Au contraire, Hitler se montrait plutôt contrarié quand un des anciens désirait lui parler, et presque toujours il s’arrangeait à trouver un prétexte pour le faire attendre ou pour l’éconduire. Sans aucun doute, les vieux camarades du parti ne trouvaient pas toujours le ton juste et ne savaient pas garder leurs distances, comme Hitler pensait qu’ils se devaient maintenant de le faire, même si extérieurement, il conservait, lui, son affabilité. Ils montraient souvent une familiarité déplacée. Le droit à se montrer familiers, qu’ils pensaient, eux, avoir bien gagné, ne convenait plus en fait au rôle historique qu’entre-temps Hitler s’était attribué.
    Il était extrêmement rare qu’il allât voir un de ses anciens compagnons. Ils s’étaient tous, dans l’intervalle, approprié des maisons de maître et la plupart d’entre eux occupaient maintenant des postes importants. La seule occasion qu’il avait de les rencontrer était l’anniversaire du putsch du 9 novembre 1923, que l’on fêtait à la brasserie du « Bürgerbräukeller ». A mon grand étonnement, Hitler ne se réjouissait nullement à l’idée de les retrouver et, à chaque fois, il laissait voir combien cette obligation lui pesait.
    Hitler au pouvoir, très vite différents groupes s’étaient formés, restant à l’écart les uns des autres, mais en même temps s’espionnant, se méprisant, entretenant une rivalité acharnée, qui reposait à la fois sur le mépris des autres et la jalousie. Cela venait aussi du fait qu’autour de chaque nouveau dignitaire se formait habituellement un nouveau cercle très fermé. Ainsi Himmler ne fréquentait presque que les SS qui composaient sa suite et chez qui il était assuré de trouver une absolue vénération ; Göring avait autour de lui une troupe d’admirateurs inconditionnels recrutée soit parmi ses proches parents, soit parmi ses plus intimes collaborateurs ; Goebbels se plaisait au milieu d’une cour de gens de lettres et de cinéma ; Hess s’occupait de problèmes de médecine homéopathique, aimait la musique de chambre et avait des relations bizarres mais intéressantes.
    En tant qu’intellectuel, Goebbels méprisait les petits-bourgeois incultes du groupe munichois alors prédominant politiquement, tandis qu’eux, de leur côté, se gaussaient des prétentions littéraires du vaniteux docteur ès lettres. Göring trouvait que ni les petits-bourgeois de Munich ni Goebbels n’étaient à son niveau et évitait donc de les fréquenter, tandis que Himmler, imbu de la pensée que la SS était une élite chargée d’une mission (ce qui l’amena un moment à favoriser les fils de comtes et de princes), se sentait bien au-dessus des autres. Même Hitler avait son entourage qui l’accompagnait partout et dont la composition, chauffeurs, pilote,

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