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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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seulement du côté où se développera l’offensive principale ? objecta Heinrici. – Non, répliqua le général, partout où l’on se battra. » Lorsque je lui demandai si les ponts du centre de la ville seraient également détruits dans le cas où on en arriverait aux combats de rue, Reymann répondit affirmativement. Comme je l’avais déjà si souvent fait, j’eus recours à mon meilleur argument : « Combattez-vous parce que vous croyez à la victoire ? » Pris un moment de court, le général dut répondre une nouvelle fois affirmativement. « Si Berlin est détruit de fond en comble, poursuivis-je, l’industrie y est liquidée pour une durée imprévisible. Or, sans industrie, la guerre est perdue. » Le général Reymann était désemparé. Nous n’aurions obtenu aucun résultat si le général Heinrici n’avait pas donné l’ordre de retirer des chambres de mines les charges d’explosif, sur les grandes artères routières et ferroviaires qui étaient d’une importance capitale pour Berlin et de ne détruire de ponts qu’en cas de combats importants  7  .
    Nos collaborateurs sortis, Heinrici, se tournant vers moi, me déclara en confidence : « Grâce à cette dernière consigne, il n’y aura pas de ponts détruits à Berlin, car il n’y aura pas de combats autour de Berlin. Quand les Russes auront percé en direction de Berlin, une de nos ailes se repliera vers le nord, l’autre vers le sud. Au nord, nous prendrons comme points d’appui les canaux creusés dans le sens est-ouest. Alors là, il est vrai, je ne pourrai pas garder les ponts intacts. » Comprenant son raisonnement, je lui demandai : « Berlin sera vite pris ? » Le général acquiesça : « En tout cas, sans grande résistance. »
    Le lendemain matin, le 16 avril, on me réveilla aux premières heures du jour. Le lieutenant-colonel von Poser et moi-même voulions, depuis une hauteur dominant la vallée de l’Oder à Wriezen, voir l’offensive décisive de cette guerre, l’attaque russe sur Berlin. Un brouillard dense masquait la vue. Au bout de quelques heures, un garde forestier vint nous informer que nos troupes battaient en retraite et que les Russes seraient bientôt dans les parages. Nous abandonnâmes notre position.
    Nous passâmes devant le grand élévateur de bateaux de Nieder-Finow, merveille technique des années 30 et clef de la navigation fluviale entre l’Oder et Berlin. Sur toute la hauteur de sa carcasse métallique, haute de 36 mètres, on avait disposé des explosifs dans les règles de l’art. Or on pouvait déjà entendre à quelque distance des coups de feu. Un sous-lieutenant du génie avait annoncé que tout était prêt pour le dynamitage. Ici on continuait à se conformer aux ordres de Hitler du 19 mars. Le sous-lieutenant reçut avec soulagement la consigne que lui donna von Poser de ne pas procéder au dynamitage. Mais cet incident était décourageant, car il montrait à l’évidence que les instructions du 3 avril 1945, selon lesquelles les voies fluviales devaient être préservées de la destruction, n’étaient pas parvenues aux troupes.
    Renouveler des instructions données depuis longtemps déjà était, vu le démantèlement croissant du réseau de transmissions, une entreprise vouée à l’échec. En tout cas, il me semblait insensé d’espérer empêcher de cette manière les effets d’une telle folie destructrice. La compréhension que j’avais rencontrée chez le général Heinrici me fit songer à nouveau à mon projet de lancer, en m’adressant directement à l’opinion publique, un appel à la raison. Dans la confusion des combats, Heinrici pourrait, espérais-je, mettre à ma disposition une des stations radio situées dans le territoire de son groupe d’armées.
    Trente kilomètres après, nous nous trouvâmes dans les forêts solitaires de la Schorfheide, ce paradis des animaux appartenant à Göring. Ayant renvoyé mon escorte, je m’assis sur une souche d’arbre pour ébaucher d’un seul trait un discours dans lequel, cinq jours après que Hitler eut refusé l’allocution que je voulais prononcer à la radio, je prônais la rébellion. Cette fois-ci, j’appelais ouvertement à la résistance, j’interdisais sans détours la destruction des fabriques, des ponts, des voies navigables, des installations ferroviaires et des installations de transmission, je donnais l’ordre aux soldats de la Wehrmacht et des milices populaires

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