Au Fond Des Ténèbres
nouvelle Europe de Hitler était entièrement basée sur le concept de races supérieures et inférieures. Soit par annexion, soit par guerre, il était résolu à construire la machine qui décimerait l’Europe orientale. De même, guerre ou pas guerre, si aucune autre solution pratique ne s’offrait à lui, il lui aurait fallu trouver le moyen d’exterminer physiquement les Juifs ; c’était la seule conclusion logique de la campagne de diffamation psychologique sur laquelle était fondée la majeure partie de son programme.
Les « camps de concentration » furent conçus à l’origine comme une extension du service des prisons, chargé des adversaires de l’ordre nouveau, afin de les éliminer dans une pseudo-légalité, comme traîtres ou espions si leur « ré-éducation » s’avérait impossible. A partir de 1941, la plupart de ces camps devinrent de vastes marchés d’esclaves du travail, mais même alors la rigueur des conditions varia beaucoup en fonction de la nationalité des prisonniers. Et même dans les pires d’entre eux, si terribles qu’aient été les conditions, une infime chance de survie était cependant laissée.
Plan reconstitué d’après les souvenirs de Stanislaw Smajzner camp n° 3
1. Fossé anti-évasions.
2. Baraquements abritant bottiers, tailleurs, orfèvres et chapeliers (exclusivement réservés aux officiers allemands) ; les travailleurs y vivaient également.
3. Baraquements pour tous travailleurs des camps 1 et 2.
5. Tailleur et bottier pour les gardes ukrainiens ; boulangerie ; peintres.
6. Atelier de mécanique et forgeron.
7. Atelier de charpentier.
8. Aire de sélections.
9. Salle de jeux des officiers.
10. Douches des officiers et barbier.
11. Quartiers des officiers : « le nid des oiseaux ».
12. Guérite.
13. Garage.
14. Maison à deux étages des officiers.
15. Plateforme du chemin de fer.
15 A. Petite ligne de chemin de fer reliant les camps 2 et 3.
16 et 17. Quartiers des gardes ukrainiens.
18. Magasins d’approvisionnement pour les gardes ukrainiens.
19. Réservoir d’eau avec un jardin tout autour.
20. Mirador en bois.
21. Objets appartenant aux victimes.
22. Couloir de communication avec le camp 2.
23. Dépôt pour l’or et les valeurs.
24. Atelier d’électricité, écuries, entrepôts pour les conserves.
25. Magasins pour les vêtements, les ustensiles, etc.
26. « La rue Himmler » conduisant aux « douches » et au coiffeur.
27. Coiffeur.
28. Chambre à gaz.
29. Crématorium et quartiers des travailleurs.
31. Bois.
32. Dépôt de munitions pour le matériel en provenance du front russe, (classement et réparation).
Les « camps d’extermination » n’offraient pas cette chance. Ils ont été créés dans l’unique but d’anéantir les Juifs d’Europe d’abord et aussi les Tziganes. Ces camps, exclusivement réservés à l’extermination, étaient au nombre de quatre. Le premier, qui servit de champ d’expérience, fut Chelmno (Kulmhof), ouvert en décembre 1941. Ensuite, après la conférence de Wannsee en janvier 1942, présidée par Reinhardt Heydrich et qui lança officiellement le programme d’extermination, Belsec (mars 1942), Sobibor (mai 1942) et le plus grand de tous, Treblinka (juin 1942). Tous étaient situés dans un rayon de trois cents kilomètres de Varsovie.
La décision d’installer tous les camps sur le sol polonais a été très souvent attribuée à l’antisémitisme bien connu de larges secteurs de la population polonaise. Bien que ce fait ait pu influencer marginalement le choix, il est plus raisonnable de supposer qu’il a été principalement inspiré par des considérations tactiques. Le réseau ferroviaire polonais couvrait tout le pays et même les plus petites villes avaient des gares ; de plus les larges étendues de la campagne polonaise, aux forêts denses et à la population clairsemée rendaient l’isolement possible. En ce sens – et en ce sens seulement – la guerre devait contribuer à rendre possible cette vaste et sinistre opération, car il est peu probable qu’elle eût pu être tentée dans quelque autre région d’Europe.
La durée d’aucun de ces camps n’excédait dix-sept mois quand, l’un après l’autre, les SS les firent disparaître. D’après les estimations officielles polonaises – les plus modérées et qui ne sont pas acceptées universellement – environ 2 millions de Juifs et 52 000 Tziganes (dont un tiers
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