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Au Fond Des Ténèbres

Au Fond Des Ténèbres

Titel: Au Fond Des Ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gitta Sereny
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voir plus qu’il n’est nécessaire. “ »
    A-t-il dit où était Wirth et ce qu’il faisait ?
    « Non, seulement qu’il était en poste, pas très loin de là. »
    Il m’apparut que cette histoire soulevait deux doutes : d’abord, était-il vraisemblable qu’un officier d’un rang plutôt moyen soit reçu si familièrement par un général ; ensuite, était-il possible qu’à ce stade, Stangl ait été laissé dans l’ignorance de la tâche qui lui était assignée (si tant est qu’il l’ait ignorée).
    Sur le premier point, Franz Suchomel qui avait lu nos entretiens avec Stangl dans le journal allemand Die Zeit, était tout à fait sceptique. Il m’a écrit : « On croirait un conte de fées. Globocnik était général, commandant toute la police et général de brigade SS (Obergruppenfiïhrer ) [c’est lui qui souligne]. Il ne pouvait pas y avoir une telle camaraderie entre eux sauf peut-être pendant une beuverie. » D’un autre côté, Dieter Allers, mieux qualifié je pense, pour apprécier cette rencontre, considère cette entrevue comme « tout à fait possible ». Puisque, en dépit du modeste rang occupé par Stangl à ce moment, il avait été désigné pour un poste clé au démarrage d’une opération très délicate, il n’était pas invraisemblable, pensait-il, de présumer que l’homme en poste avait voulu évaluer sa valeur personnelle (exactement comme Brack l’avait l’ait précédemment avec tout le nouveau personnel T4).
    En mars 1972, j’ai trouvé à Lublin le bâtiment que Stangl m’avait décrit, maintenant école d’enseignement ménager. Bien qu’il n’ait ni le style, ni la grandeur d’un « palais », c’est une grande bâtisse et elle peut bien lui avoir semblé imposante. La jeune directrice s’adressa à des collègues plus âgées, vraisemblablement mieux informées qu’elle sur cette époque et elles me confirmèrent que, durant l’occupation, tout le voisinage avait été strictement interdit sauf aux SS ; et trois d’entre elles qui avaient vécu aux alentours durant cette période, me dirent que le bâtiment était en définitive « le siège du gouverneur Globocnik ». Elles me dirent également que le jardin avait été fort étendu et que vingt ans auparavant la vue que l’on avait de la maison par une échappée entre les arbres et les pelouses était sans doute dégagée. Et près de la maison, juste à la distance décrite par Stangl, il y avait bien un banc de bois, le dos à la maison qui semblait être là depuis des décennies. Ma visite avait lieu à la même période de l’année que l’entrevue de Stangl avec Globocnik et il semblait faire beaucoup trop froid pour s’asseoir dehors ; mais mes informatrices me signalèrent que la venue du printemps dans cette partie de la Pologne varie beaucoup d’une année sur l’autre et qu’il était tout à fait possible qu’en 1942 [qui allait être un des étés les plus chauds] les arbres aient eu des bourgeons et que les fleurs aient été épanouies.
    Le scepticisme de Suchomel – point intéressant – ne se référait qu’au ton « amical » de l’entrevue et pas aux autres points douteux ; description par Stangl de l’endroit précis de la conversation et affirmation catégorique de son ignorance sur la destination réelle du camp qu’il devait construire.
    La cour de Düsseldorf n’a certainement pas cru Stangl sur ce point, mais en définitive je considère comme possible qu’il ait dit la vérité, et pas seulement parce que je l’ai questionné là-dessus à fond et avec insistance, et que je l’ai toujours trouvé conséquent dans ses réponses, même quand je retournais et transformais mes questions.
    Mais au début de ce printemps de 1942 ce projet d’exterminer les Juifs n’était connu que d’un nombre relativement petit de personnes, même aux échelons les plus élevés du parti. Et la population allemande – il ne peut y avoir aucun doute là-dessus maintenant – était à cette époque dans une ignorance totale de ces intentions, bien qu’il n’en ait pas été ainsi plus tard. Victor Brack témoigna à son procès à Nuremberg que lorsqu’au début on lui demanda d’envoyer du personnel d’euthanasie à Lublin et de le mettre à la disposition de Globocnik, ni lui ni Bouhler n’avaient la moindre idée que c’était en vue de l’extermination massive des Juifs. Il a prétendu que c’est seulement en juin 1942 que Globocnik

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