Au Fond Des Ténèbres
juifs internationaux en Europe et hors d’Europe réussissaient à plonger les nations dans une nouvelle guerre mondiale, le résultat ne serait pas la bolchevisation du monde et donc la victoire de la juiverie, mais l’anéantissement [37] de la race juive à travers toute l’Europe. »
Il est vrai que le plan nommé Plan de Madagascar, conçu par les Polonais en 1937 – et considéré un temps par les Français comme une solution au recasement volontaire de 10 000 Juifs parmi les milliers qui avaient trouvé refuge en France de 1936 à 1938 – fut pris très au sérieux par au moins quelques dirigeants nazis durant une courte période. On prétend même qu’Eichmann y a travaillé jusque dans ses moindres détails, pendant une année. Quand l’idée d’un éventuel embarquement pour Madagascar de 4 millions d’individus s’effondra à cause de son manque de réalisme, le même clan de hauts fonctionnaires nazis qui l’avait caressé comme une possibilité se tourna vers le projet d’une réserve juive dans la province de Lublin (on devait l’appeler Lublin-land). Mais ce ne fut là qu’un miroir aux alouettes vraisemblablement utilisé par le petit cercle de confidents de Hitler dans l’intention de tromper les autres.
Le 13 mars 1941, un ordre ambigu du Fürher fut communiqué au commandement de l’armée en Russie. « Par ordre du Fuhrer, mission spéciale est confiée au Reichsführer SS, concernant la lutte décisive entre deux systèmes politiques. Dans les limites des tâches définies, le commandant en chef SS agit seul, sous sa propre responsabilité. » Le fait que cet ordre de Hitler, destiné à couvrir l’exécution d’une vaste catégorie « d’éléments indésirables » dans les territoires conquis de l’Est, concernait spécialement les Juifs, ne devait jamais être précisé en paroles ou sur le papier [38] .
Les plans nazis pour la « solution finale » en termes d’assassinats en masse, se cristallisèrent lorsque furent fixés les plans de l’invasion de la Russie. Les armées avançant sur le territoire russe en juin 1941 étaient suivies de près par les infâmes Einsatzgruppen (sections d’assaut) qui mirent fidèlement à exécution l’ordre de Hitler concernant l’exécution des « Juifs, Tziganes, races inférieures, asociaux et commissaires politiques soviétiques ».
Une des instructions SS concernant ces « actions » a été découverte parmi les dossiers de l’armée allemande, après la guerre. Adressée à la Sûreté de Riga par le commandant de la Sécurité (et de la SD) de la zone Est, et intitulée « Exécutions », elle demandait « une information immédiate concernant le nombre des exécutions classées en : a) Juifs, b) Communistes, c) Partisans, d) Malades mentaux, e) Autres. (La note de service demandait également une précision : « Sur le nombre total, combien de femmes et d’enfants ? »)
La réponse, adressée au groupe A à Riga, faisait connaître que les exécutions au 1 er février 1942 (nous ne savons pas depuis quand) avaient été les suivantes : a) Juifs : 136 421 ; b) Communistes : 1 064 (parmi lesquels 1 commissaire politique, 1 Oberpolitruck, 5 Politruck (probablement titres dans le Parti communiste) ; c) Partisans : 56 ; d) Malades mentaux : 653 ; Polonais : 44 ; prisonniers de guerre russes : 28 ; Tziganes : 5 ; Arméniens : 1. Total : 138 272 dont 55 556 femmes et 34 464 enfants.
Début 1942, derrière le front depuis Riga et Minsk jusqu’à Kiev et à la Crimée, plus de 500 000 Juifs avaient été tués. Les deux tiers d’entre eux, nous l’avons vu dans le rapport étant des femmes et des enfants, et presque tous fusillés et jetés dans des fosses communes préparées à l’avance.
Albert Hartl, le précédent chef du Service d’informations religieuses au bureau de la Sûreté du Reich qui avait été envoyé par Heydrich en Russie en janvier 1942, avec mission de « faire un rapport sur les conditions culturelles et spirituelles de la population », m’a parlé du jour où il avait été invité à dîner à la datcha – maison de campagne hors de Kiev – du général de division Max Thomas, chef de la police et SS le plus haut en grade, qui était son supérieur hiérarchique. « J’y suis allé avec le colonel Blobel, dit-il. Je le connaissais à peine mais il était également invité et nous y allâmes ensemble. C’était le soir,
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