Azincourt
directement dans les chevaux qui
chargeaient. L’espace d’un instant, Hook crut qu’elles manquaient leur but,
mais un cheval s’effondra dans une gerbe d’éclaboussures avec cavalier et
lance, puis le cheval suivant trébucha à son tour. Il continua de tirer et le
monde se remplit de la clameur des hommes piétinés, des sabots et des flèches,
tandis que les chevaux continuaient de tomber les uns sur les autres en
entraînant leurs cavaliers.
Les archers tiraient vite. Les trois
cents cavaliers n’avaient guère de distance à parcourir, mais la boue les
ralentissait et, dans la minute qu’il leur fallut pour parvenir sur l’aile
droite anglaise, quatre mille flèches s’étaient déjà abattues sur eux.
Pourtant, seuls les deux premiers rangs anglais tiraient, tandis que les rangs
suivants continuaient de lancer leurs flèches vers le ciel.
Pourtant, quelques-uns atteignirent
les lignes anglaises.
— Arrière ! crièrent les
centeniers.
Les premiers rangs des archers
reculèrent pour laisser leurs épieux face à l’ennemi et continuèrent de tirer.
Leurs visières baissées, les cavaliers ne voyaient guère et leurs montures,
coiffées de chanfreins, étaient presque aussi aveugles qu’eux. La charge fondit
sur l’ennemi et s’empala sur les épieux qui déchiraient les poitrails tandis
que les flèches criblaient les cavaliers. Chevaliers et bêtes s’effondraient
dans un désordre d’acier et de lances, tandis que les archers les achevaient à
coups de hache.
La charge s’était terminée sur les
épieux et la première attaque française se soldait par un échec. Les cavaliers
devaient disperser les archers, mais les flèches avaient accompli leur cruelle
besogne et les épieux avaient empêché les survivants d’aller plus loin.
Quelques hommes d’armes tournaient déjà bride, poursuivis par des flèches,
tandis que des chevaux sans cavaliers, rendus fous de douleur, chargeaient
leurs propres lignes. Un homme, plus brave que jamais, avait jeté sa lance et
tiré son épée en essayant de manœuvrer son cheval entre les épieux, mais la
bête criblée de traits tomba à genoux, pendant qu’une flèche transperçait la
poitrine du cavalier qui resta là, affalé sur un cheval agonisant, sous les
huées des archers.
C’était étrange, songea Hook, que la
peur se soit envolée. À présent, l’excitation courait dans ses veines et une
voix aiguë l’encourageait dans sa tête. Il retourna à son épieu et prit une
flèche. Les cavaliers étaient partis, vaincus par les flèches, mais le gros de
l’attaque française continuait. À pied, car un fantassin en armure est moins
vulnérable aux flèches qu’un cheval. Ils avançaient sous leurs bannières
éclatantes, mais leurs rangs étaient désorganisés par les chevaux paniqués qui
fuyaient aveuglément et les chargeaient. Des hommes tombèrent et furent
piétinés. Hook tira flèche sur flèche, et d’autres archers se joignirent à lui,
mais l’ennemi continuait d’avancer. Toute la grande noblesse de France était
dans le bataillon de tête. Huit mille hommes d’armes à pied contre neuf cents.
Puis une bombarde française tira.
Mélisande priait. Ce n’était pas
vraiment conscient, mais plutôt une supplication muette et désespérée qu’elle
adressait vainement au ciel gris.
L’intendance, qui devait suivre
l’armée sur le plateau, était presque entièrement restée aux alentours du
village de Maisoncelles, où le roi avait passé la majeure partie de la nuit.
Les chariots royaux étaient gardés par dix hommes d’armes et vingt archers
jugés trop malades ou infirmes pour combattre. Le père Christopher y avait
amené Mélisande, lui affirmant qu’elle serait plus en sûreté qu’avec les
quelques chevaux de bât amenés à l’arrière du champ de bataille, puis il avait
écrit sur son front les mystérieuses lettres, IHC Nazar.
— Cela te protégera, lui
avait-il promis.
— Écrivez-le aussi sur le
vôtre, avait dit Mélisande.
— Dieu me tient dans le creux
de Sa paume, mon enfant, avait-il souri en se signant. Et Il te préservera.
Mais tu dois rester ici, tu y seras plus à l’abri.
Il l’avait laissée avec les autres
épouses d’archers entre les deux charrettes vides qui avaient contenu les
flèches, s’était assuré que sa jument était là et sellée, puis il avait pris
l’un des chevaux de sir John et était remonté vers le champ de bataille. Elle
l’avait regardé
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