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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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s’éloigner puis s’était mise à prier. Les autres épouses
faisaient de même.
    Sa prière prit lentement forme.
Commençant comme un cri incohérent, elle s’était forcée à choisir soigneusement
ses mots pour s’adresser à la Vierge. Nick est un brave homme, dit-elle à la
Mère du Christ, mais comme il est parfois âpre et coléreux, aidez-le à être
fort et à survivre. Qu’il ait la vie sauve. Voilà ce qu’elle voulait : que
son époux vive.
    — Que ferons-nous si les
Français arrivent ? demanda Matilda Cobbold.
    — Nous fuirons, dit une autre
femme.
    Au même instant s’éleva un
rugissement depuis le plateau. Elles venaient d’entendre le cri de guerre de
saint George, mais à cette distance ce n’était qu’un grondement et elles
comprirent que quelque chose devait se passer là-bas.
    — Dieu nous garde, dit Matilda.
    Mélisande ouvrit sa besace pour
prendre le surcot de son père, mais elle vit aussi l’arbalète que Nick lui
avait offerte trois mois plus tôt et s’en saisit.
    — Tu te battras seule ?
demanda Matilda.
    Mélisande sourit, mais elle ne sut
que répondre. Elle était si inquiète et effrayée de savoir que ce qui se
passait là-bas déciderait du cours de sa vie et qu’elle-même était impuissante.
Elle pouvait seulement prier.
    — Monte là-haut, ma petite, dit
Nell Candeler, et tire sur ces maudits.
    — Elle est encore armée,
s’étonna Mélisande. Je ne l’ai jamais tirée. (Elle contempla l’arbalète, se
rappelant le jour où Matt Scarlet était mort, quand elle avait pointé l’arme
sur son père. Elle n’avait jamais remarqué qu’elle était restée armée depuis ce
jour. Elle faillit appuyer sur la gâchette mais la rangea brusquement dans sa
besace et en sortit le surcot. Elle regarda le vêtement éclatant, tentée de
l’enfiler, mais sentit soudain qu’elle ne pourrait porter les couleurs de
l’ennemi alors que Nick se battait, puis une autre certitude l’envahit :
elle ne reverrait jamais Nick si elle était tentée de porter les couleurs de
son père. Elle devait les jeter.) Je vais à la rivière, dit-elle.
    — Tu peux pisser ici, dit Nell.
    — Je veux marcher.
    Elle prit sa lourde besace et
descendit au sud, loin des armées et de l’intendance. Elle passa près des bêtes
de somme qui paissaient. Elle se disait qu’elle jetterait le surcot dans la
Ternoise et le regarderait dériver ; mais comme la rivière des Épées se
trouvait trop loin, elle se contenta d’un torrent grossi par les pluies de la
nuit. Il coulait à travers l’enchevêtrement de petits champs et forêts au sud
du village. Elle s’accroupit au bord sous les saules jaunis. Elle ferma les
yeux et présenta le surcot à deux mains comme une offrande.
    — Veille sur Nick, pria-t-elle.
Laisse-lui la vie.
    Et sur ces mots, elle jeta l’étoffe
et la regarda s’éloigner au fil de l’eau. Plus loin elle irait, se dit-elle,
plus Nick serait protégé.
    Puis la bombarde française tira et
l’explosion qui résonna dans toute la vallée lui fit tourner la tête vers le
nord. Et là, elle vit sir Martin, ses cheveux gris collés sur son crâne maigre,
un sourire narquois sur les lèvres.
    — Bonjour, petite dame, dit-il
avidement.
    Mélisande ne pouvait appeler
personne à son secours.
    Elle était seule. Un nuage de fumée
s’éleva sur l’horizon.
    — Toute seule, dit sir Martin.
Nous ne sommes que toi et moi.
    Il émit un gargouillement en guise
de rire, troussa son froc et descendit vers elle.
     
     
    La bombarde tira en vomissant sa
fumée au-dessus du flanc gauche de l’armée française.
    Hook vit le boulet s’élever
au-dessus du champ sans le reconnaître. L’espace d’un instant, ce ne fut qu’une
forme noire et fugitive qui fondait sur lui, puis la détonation déchira le
ciel, faisant s’envoler en piaillant les oiseaux. Le boulet fracassa le crâne
d’un archer à quelques pas de lui dans une gerbe de sang et d’éclats d’os, puis
continua en laissant une traînée sanglante pour s’écraser à deux cents pas dans
la boue derrière les lignes anglaises, manquant de peu les destriers des hommes
d’armes gardés par des pages.
    — Par le Christ ! fit Tom
Scarlet, horrifié, en regardant son arc éclaboussé de cervelle.
    — Continue de tirer, dit Hook.
    — Mais as-tu donc vu ?
s’exclama Scarlet.
    Ce que Hook voyait, c’étaient des
chevaux morts ou agonisants, des cavaliers terrassés et, derrière eux, une
masse

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