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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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avec la
flèche ensanglantée, mais le mauvais sort avait tenu. Les Perrill étaient
toujours en vie et la haine persistait. Un beau pommier du jardin de la
grand-mère de Hook était mort et elle avait soutenu que c’était la vieille mère
Perrill qui l’avait gâté. « Ces Perrill, de tout temps, ce sont des gueux
mangeurs d’étrons », avait-elle grondé. Elle avait jeté le mauvais œil sur
Tom Perrill et son cadet Robert, mais la vieille mère Perrill avait dû user
d’un sort, car aucun n’était tombé malade. Les deux chèvres que Hook faisait
paître sur le pré communal disparurent et le village mit cela sur le compte des
loups, mais Hook savait que les Perrill étaient les coupables. Il se vengea en
abattant leur vache, mais ce n’était pas comme les tuer, eux. « C’est ton
devoir de les tuer », lui répétait sa grand-mère, mais il n’en trouvait
jamais l’occasion. « Que le diable te fasse cracher de la merde et qu’il
t’emporte en enfer ! » le maudit-elle. Elle le jeta dehors à ses
seize ans. « Va et que la faim te crève », siffla-t-elle. Elle était
dans une telle rage qu’il était inutile de répliquer : Nick s’en fut et il
serait bien mort de faim si cette année-là il n’avait été le champion des six villages
en plantant flèche sur flèche dans la cible.
    Lord Slayton en fit un
forestier : il lui incombait de garnir la table du seigneur de venaison.
« Mieux vaut que tu les abattes selon la loi, déclara lord Slayton, plutôt
qu’être pendu pour braconnage. »
    Or donc, en ce jour de la
Saint-Winebald, juste avant la Noël, Nick regardait voler sa flèche vers Tom
Perrill, certain qu’elle le tuerait.
    La flèche fila droit à travers les
haies frangées de givre. Tom Perrill ne se doutait de rien. Nick sourit. C’est
alors que la flèche trembla. Une plume s’était détachée et la flèche s’écarta,
entailla le flanc du cheval et se ficha dans son épaule. La bête hennit et, en
se cabrant, délogea le tronc de son ornière.
    Tom Perrill se retourna vers la
forêt et, comprenant qu’une seconde flèche suivrait bientôt, il courut après
son cheval. Nick Hook avait de nouveau échoué. Il était maudit.
     
     
    Lord Slayton s’affaissa dans son
fauteuil. À quarante ans, c’était un homme aigri, laissé infirme par une
blessure d’épée aux reins, reçue à Shrewsbury, qui l’empêcherait à jamais de
combattre.
    — Où étais-tu à la
Saint-Winebald ? demanda-t-il sèchement à Nick.
    — Quand était-ce, mon
seigneur ? demanda innocemment Hook.
    — Bâtard ! cracha lord
Slayton.
    Le régisseur assena à Nick un coup
du manche de son fouet.
    — J’ignore quel jour c’était,
mon seigneur, s’entêta Hook.
    — Il y a deux jours, répondit
sir Martin.
    C’était le beau-frère de lord
Slayton et le prêtre du manoir et du village. Il n’était pas plus chevalier que
Hook, mais lord Slayton exigeait qu’on lui donne du « sir » en raison
de sa haute naissance.
    — Oh ! fit mine de se
rappeler Hook. J’étais à tailler les frênes à Beggar’s Hill, mon seigneur.
    — Menteur, répliqua lord
Slayton.
    William Snoball, régisseur et
maître-archer de Sa Seigneurie, lui donna un autre coup sur l’arrière du crâne.
Un filet de sang ruissela dans sa nuque.
    — Sur mon honneur, mon
seigneur, mentit candidement Hook.
    — L’honneur de la famille
Hook ! ricana lord Slayton avant de se tourner vers Michael, le cadet de
Nick, qui avait dix-sept ans. Et toi, où étais-tu ?
    — Je rechaumais le porche de
l’église, mon seigneur.
    — Il dit vrai, confirma sir
Martin.
    Le prêtre, maigre et dégingandé dans
son froc noir taché, grimaça un sourire vers le jeune homme. Tout le monde
aimait bien Michael. Même les Perrill semblaient lui épargner la haine qu’ils
éprouvaient pour le reste des Hook. Michael était aussi blond que Nick était
brun, et d’une disposition aussi avenante que Nick était renfermé.
    Les frères Perrill se tenaient aux
côtés des frères Hook. Thomas et Robert étaient grands et minces, avec des yeux
enfoncés dans les orbites, un long nez et le menton en galoche. Leur
ressemblance avec sir Martin le prêtre était indéniable, mais le village, avec
la déférence due à un clerc bien né, faisait mine de croire qu’ils étaient les
fils du meunier, tout en les traitant respectueusement. La famille Perrill
jouissait de privilèges tacites, car tout le monde savait que les

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