Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
Cozcatl, avec obstination. Quand mon maître tenait
compagnie à la dame, j’étais toujours présent. Ni mon maître, ni aucun autre
homme de la cour n’a jamais couché avec la dame, sauf un. Cela s’est passé
quand mon maître était parti en congé, une nuit que la dame n’avait pas pu
trouver un partenaire à l’extérieur. »
    Les juges se penchèrent un peu en avant. « Un homme du
palais ? Qui ça ?
    — Moi », répondit Cozcatl. Les juges reprirent leur position.
    « Toi ? s’exclama Os Fort. Quel âge as-tu, esclave ?
    — Je viens d’avoir onze ans, Seigneur.
    — Parle plus fort, mon garçon. Veux-tu nous faire croire que tu as
servi de partenaire à l’accusée, que tu t’es vraiment accouplé avec elle et que
tu as un tepuli capable de…
    — Mon tepuli », s’écria Cozcatl, choqué au point d’avoir
l’impertinence d’interrompre le juge. « Il me sert à pisser, Seigneur.
J’ai fait ce que la dame m’a demandé avec ma bouche. Jamais je n’aurais touché
une femme noble avec quelque chose d’aussi dégoûtant que mon tepuli. »
    Le reste de ses paroles fut noyé dans une tempête de rires. Les deux
juges, eux-mêmes, durent lutter pour rester imperturbables. Ce fut le seul
moment de gaieté et de détente de toute cette sombre journée.
    Tlatli fut cité comme l’un des complices. J’ai oublié de vous dire que
la nuit où les gardes de Nezahualpilli étaient venus perquisitionner dans
l’atelier, Chimali était justement absent. Nezahualpilli et ses serviteurs
n’avaient aucune raison de penser qu’il y avait un autre artiste et aucun des
accusés ne pensa, par la suite, à mentionner son existence. Quant à Tlatli, il
s’arrangea pour faire croire qu’il avait travaillé seul.
    « Chicuace-Cali Ixtac-Tlatli, lui dit Os Fort. Vous reconnaissez
que certaines des statues, qui ont servi de pièces à conviction, ont été
exécutées par vous.
    — Oui, Seigneur, répondit-il d’un ton assuré. Je ne peux le nier.
Elles portent ma signature : une tête de faucon gravée et dessous,
l’empreinte de ma main ensanglantée. » Son regard chercha le mien, comme
pour me dire : « Epargne ma femme. » Je me tus.
    Ensuite, les deux juges se retirèrent dans une pièce pour délibérer.
Tous ceux qui se trouvaient dans la salle d’audience semblaient heureux de
pouvoir sortir de cette atmosphère étouffante pour aller respirer une bouffée
d’air frais ou fumer un poquietl dans les jardins. Nous, les accusés, étions
gardés sur place par des hommes en armes et nous évitions soigneusement de nous
regarder.
    Peu après, les juges rentrèrent dans la salle qui se remplit à nouveau.
Os Fort, le Femme-Serpent, fit l’annonce préliminaire traditionnelle :
« Nous, les juges, avons délibéré uniquement d’après les preuves et les
témoignages présentés ici. Nous avons pris notre décision sans vouloir
favoriser personne, ni nuire à quiconque, sans l’intervention d’aucune personne
et avec l’aide de Tonantzin, la bonne déesse de la loi, de la miséricorde et de
la justice. »
    Il sortit une feuille de papier très fin et se mit à lire :
« Nous déclarons que Chicome-Xichitl Tlilectic-Mixtli, le scribe mis en
accusation, mérite d’être acquitté de ses actes qui, aussi coupables
soient-ils, n’étaient pas malintentionnés et que, de plus, il a rachetés par
d’autres actions. Néanmoins…» Os Fort jeta un regard vers l’Orateur Vénéré,
puis il me fixa. « Nous recommandons qu’il soit banni de ce royaume, comme
étranger ayant abusé de son hospitalité. »
    Je ne prétendrai pas que j’étais heureux de ce jugement. Mais Nezahualpilli
aurait facilement pu laisser les juges disposer de moi avec autant de sévérité
qu’avec les autres accusés. Le Femme-Serpent se reporta à nouveau sur son
papier et poursuivit : « Ont été reconnues coupables de tous les
crimes dont elles sont accusées, actes de haine et de perfidie honnis des
dieux, les personnes suivantes. » Il lut alors une liste de noms.
    « Seigneur Joie et Dame Poupée de Jade, les sculpteurs Pixquitl et
Tlatli, l’esclave Cozcatl, deux gardes qui étaient de service à tour de rôle à
la porte de l’est, Pitza, la servante de Dame Poupée de Jade et plusieurs
autres serviteurs, tous les cuisiniers et les employés des cuisines. » Le
juge conclut ainsi sa mélopée : « En ce qui concerne ces personnes
jugées coupables, nous ne faisons aucune

Weitere Kostenlose Bücher