Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
les oiseaux », mais il y a fort longtemps que la chasse n’est
plus leur activité principale. Les tribus otomi sont très nombreuses et toutes
vivent de l’agriculture : maïs, xitomatl et autres légumes. Leurs champs
et leurs vergers étaient si prospères qu’ils envoyaient le surplus de leur
production au marché de Tlatelolco et dans d’autres villes. Les Mexica
appelaient ce pays Atoctli, la Terre Fertile.
    Nulle part, je n’ai trouvé aucune cachette, ni aucune trace du passage
des Azteca. Parfois, dans un village, un vieux conteur se souvenait que des
faisceaux et des faisceaux d’années auparavant, une horde de va-nu-pieds était
venue traîner dans le voisinage pendant quelque temps, mais tous ces vieillards
me répétaient à chaque fois : « Ils n’avaient rien apporté avec eux
et ils n’ont rien laissé en partant. » C’était décourageant, mais, après
tout, moi qui étais un descendant direct de ces vagabonds, je n’avais rien
apporté non plus. Une fois, pourtant, pendant mon séjour en pays otomi, j’ai
peut-être laissé quelque chose.
    Chez les Otomi, les hommes sont petits et trapus et comme beaucoup de
paysans, ils ont un caractère assez renfrogné. Les femmes sont petites, elles
aussi, mais elles sont minces et bien plus vives que leurs lourdauds de maris.
    Les Otomi s’embellissent – c’est du moins ce qu’ils croient – en se
teignant les dents en bleu et en rouge et en ornant leurs corps de dessins
bleus gravés dans la peau avec des épines pour qu’ils soient indélébiles.
Certains ont juste une petite décoration sur le front ou sur la joue, mais
d’autres en ont le corps entièrement couvert.
    A mon avis, les hommes n’étaient ni enlaidis, ni embellis par cette
ornementation ; par contre, je trouvais dommage que les femmes dissimulent
leur beauté derrière toutes ces spirales et tous ces entrelacs ineffaçables.
Cependant, à mesure que je m’y habituai, ces décorations se mirent à me
fasciner. Ce voile semblait rendre les femmes intouchables et donc désirables.
    Un jour, alors que je me trouvais à l’extrémité nord du territoire
otomi, j’arrivai dans un village nommé M’boshte où je rencontrai une jeune
femme qui s’appelait R’zoôno M’donwe, ce qui signifie Fleur de Lune. Fleurie,
elle l’était en effet. Elle était couverte de pétales et de feuilles bleues et
derrière ce jardin artificiel, je découvris un visage et un corps très
agréables. Je plus aussi à Fleur de Lune, sans doute pour la même raison
qu’elle m’avait plu. On est souvent attiré par l’insolite et ma taille, déjà
haute pour un Mexica, faisait de moi un géant comparé aux Otomi. Elle me fit
comprendre qu’elle n’avait pas d’attaches pour le moment. Son mari était mort
récemment dans la R’donte Sh’mboi, la Rivière Ardoise qui traversait le
village.
    Je passai donc ma nuit à M’boshte dans le lit de Fleur de Lune. Je ne
sais pas ce qu’il en est des autres femmes otomi, mais elle était entièrement
décorée, sauf les lèvres, les paupières, le bout des doigts et le bout des
seins. Elle avait dû souffrir atrocement quand l’artiste lui avait incisé des
fleurs sur les bords mêmes de son tipili. Au cours de cette nuit, j’ai pu
admirer toute cette végétation, car elle avait voulu que je commence par
examiner, caresser et goûter la moindre fleur de son jardin secret. J’avais
l’impression d’être un cerf broutant une généreuse prairie et je me disais que
ces animaux avaient bien de la chance.
    Le lendemain, pendant que je me préparais à partir, Fleur de Lune me
fit comprendre qu’elle espérait bien que je l’avais mise enceinte, ce que son
défunt mari n’avait jamais réussi à faire. Je souris, très flatté de ce
compliment, mais elle m’expliqua qu’étant donné que j’étais très grand,
l’enfant aurait des chances de l’être aussi et avoir ainsi une surface de peau
considérable à décorer, ce qui ferait de lui un sujet d’envie pour les autres
Otomi. Déçu, je la quittai en soupirant.
    Tant que je continuai à longer les rives de la R’donte Sh’mboi, le
paysage demeurait verdoyant et fleuri. Mais le but de mon voyage était de
retrouver les Azteca et c’est du désert, et d’au-delà, qu’ils venaient. Je
tournai alors le dos aux terres habitées pour pénétrer dans des espaces vides,
brûlés et hostiles.
    Les déserts sont des lieux maudits par les dieux, quand ceux-ci ne les
ignorent pas

Weitere Kostenlose Bücher