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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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Motecuzoma devraient également
devenir les fidèles de ce dieu et de cette déesse, proscrire ces offrandes
sanglantes, renverser les statues et les temples de leurs anciennes divinités
et installer à leur place des croix représentant Notre Seigneur et des effigies
de Notre-Dame, que les Blancs se feraient un plaisir de leur fournir.
    Je m’accordais avec Cuitlahuac pour reconnaître que les Totonaca et les
autres peuples soumis pouvaient penser qu’ils avaient intérêt à se débarrasser
de Motecuzoma et de ses envahissants Mexica, en faveur d’un roi lointain et
invisible. Par contre, nous avions tous les deux la certitude que personne
n’était disposé à désavouer nos dieux, bien plus redoutables qu’aucun des chefs
terrestres, au risque de voir le Monde Unique tout entier disparaître dans une
effrayante catastrophe et nous comprîmes, d’après ce que nous avions pu tirer
des messagers, que même le très influençable Patzinca avait été horrifié par
cette idée.
    Je retournai alors au palais avec Cuitlahuac pour y apporter nos
conclusions. Motecuzoma prit mon cahier et commença à le lire en le dépliant au
fur et à mesure d’un air sombre, tandis que je faisais part à haute voix de son
contenu au Conseil réuni dans la salle du trône. Mais cette réunion, comme la
précédente, fut interrompue par de nouveaux arrivants qui suppliaient qu’on les
reçoive immédiatement.
    C’étaient les cinq greffiers qui s’étaient trouvés à Zempoala en même
temps que les Blancs. Comme tout fonctionnaire en mission dans les pays
tributaires, ils portaient de riches manteaux, des coiffures de plumes et les
insignes de leur charge mais, en fait, ils ressemblaient tout à fait à des
oiseaux que la tempête aurait jetés dans un buisson d’épines. Ils étaient
sales, ébouriffés, hagards et haletants, en partie, nous dirent-ils, parce
qu’ils avaient fait tout le chemin depuis Zempoala au pas de course et surtout
parce qu’ils avaient passé plusieurs nuits et plusieurs jours entassés dans la
maudite cage de Patzinca où il n’y avait pas de place pour s’allonger et aucune
installation sanitaire.
    « Quel vent de folie souffle là-bas ? leur demanda
Motecuzoma.
    —  Ayya , Seigneur, soupira l’un d’eux, c’est inexplicable.
    — Allons, allons ! rétorqua Motecuzoma d’un ton cassant. Rien
n’est inexplicable. Comment avez-vous pu vous évader ?
    — C’est le chef des étrangers blancs qui nous a ouvert en secret
la porte de la cage. »
    Tout le monde était stupéfait et Motecuzoma s’écria : «  En
secret ?
    — Oui, Seigneur. C’est un Blanc qui s’appelle Cortés.
    — Cortés ! » Motecuzoma fit suivre son exclamation d’un
regard perçant dans ma direction et je ne pus que prendre un air impuissant car
j’étais aussi surpris que lui. Rien dans les paroles des messagers n’avait pu
me laisser supposer qu’il s’agissait d’un nom propre.
    « Ce Cortés est venu nous voir secrètement, la nuit, poursuivit le
fonctionnaire d’un ton las, mais patient. Il n’était accompagné que de deux
interprètes et il nous a ouvert la cage de ses propres mains. Après nous avoir
appris qu’il s’appelait Cortés, il nous a dit de fuir au plus vite en nous
demandant de présenter ses respects à notre Orateur Vénéré. Il veut que vous
sachiez, Seigneur, que les Totonaca ont l’intention de se révolter et que
Patzinca nous a emprisonnés malgré le conseil pressant de Cortés de ne pas
traiter de la sorte des envoyés du puissant Motecuzoma et il nous a dit aussi
qu’il avait pris sciemment le risque d’encourir la colère du traître Patzinca
en nous libérant, comme témoignage de son respect envers vous. Il souhaite
également que vous sachiez qu’il usera de toute sa persuasion pour empêcher les
Totonaca de se rebeller contre vous. En échange de tout cela, Seigneur Orateur,
Cortés demande seulement que vous l’invitiez à Tenochtitlán, afin qu’il puisse
rendre personnellement hommage au plus puissant de tous les dirigeants de ces
pays.
    — Eh bien, dit Motecuzoma en souriant et en se redressant sur son
trône sous l’effet de ces flatteries. Cet étranger porte bien son nom. »
    Cependant, le Femme-Serpent demandait à celui qui venait de
parler :
    « Croyez-vous ce que vous a dit cet homme ?
    — Seigneur Femme-Serpent, je ne peux que vous rapporter ce que
j’ai vu. Nous avons été faits prisonniers par les Totonaca et libérés par

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